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Législatives : les 6 enjeux du scrutin dans le nord Franche-Comté

Les élections législatives anticipées sont programmées les 30 juin et 7 juillet. | ©Le Trois – archives
Analyse
Les élections législatives anticipées sont programmées les 30 juin et 7 juillet. Le nord Franche-Comté compte cinq circonscriptions : deux dans le Doubs, une en Haute-Saône et deux dans le Territoire de Belfort. Participation, dynamiques politiques, modalités de vote… Tour d’horizon des enjeux de ce territoire.

La participation

Aux dernières élections européennes, la participation a dépassé les 50 %, avec 55,4 % de votants dans le Territoire de Belfort (lire notre article). En 2022, aux élections législatives, la participation n’avait pas dépassé les 50 % (51,17 % d’abstention) dans la 1re circonscription du Territoire de Belfort (Sud Territoire). Chiffre similaire dans la 3e circonscription du Doubs. L’abstention avait atteint 55,04 % dans la 4e circonscription du Doubs, au premier tour. Un sursaut de la participation est attendu pour ce scrutin. Alors que le vote Rassemblement national a continué d’augmenté ces dernières années – dans le Territoire de Belfort, il comptabilise 18000 suffrages cette année aux européennes contre 12 450 en 2019, soit une hausse de 44,6% en 5 ans – on estime qu’une hausse de la participation bénéficiera, proportionnellement, plus aux autres partis.

Modalités de scrutin

Mais une hausse de la participation peut aussi favoriser plus de candidats au second tour, alors qu’il faut recueillir 12,5 % des inscrits pour se qualifier. Il faut plus de 8 000 voix dans la 3e circonscription du Doubs, par exemple, ou plus de 5 800 dans le Territoire de Belfort pour aller jusqu’au 7 juillet. Des triangulaires sont possibles, d’autant plus qu’il y a moins de candidats sur la lignes de départ (retrouvez les tous ici), qu’en 2022, donc moins de dispersion des voix : ils sont six dans la 2nde circonscription de Haute-Saône (Est), sept dans la 1re du Territoire de Belfort (Sud), cinq dans la 2nde du Territoire de Belfort (Nord), cinq dans chacune des deux circonscriptions du Doubs dans lesquelles se répartit le pays de Montbéliard. Avec la disparition des fronts républicains, des triangulaires favoriseraient les candidats de l’extrême droite dont la dynamique est très forte et qui arriveraient en tête au premier tour. Il faudra scruter les alliances, ralliements et autres consignes de vote de près ce dimanche soir.

Combien d'élus Rassemblement national ?

En 2022, le Rassemblement national avait envoyé deux députés à Paris depuis le nord Franche-Comté : Géraldine Grangier, dans la 4e circonscription du Doubs, éliminant le sortant Frédéric Barbier ; et Emeric Salmon, dans la 2nde circonscription de Haute-Saône. Le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen s’était qualifié au second tour dans les cinq circonscriptions du nord Franche-Comté, perdant souvent d’un cheveu la bataille. En 2022, le parti issu du Front national avait pâti de candidats non rompus aux joutes politiques ; la performance désastreuse de Sophie Carnicer, candidate dans la 2nde circonscription du Territoire de Belfort, sur le plateau TV de France 3 a été rappelée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Les cadres du parti l’ont bien compris. Et ont aussi bien assimilé les opportunités à saisir localement ; ils ont parachuté un éditorialiste de CNEWS, Guillaume Bigot, dans le Territoire de Belfort (lire notre article) et s’associe avec un candidat Les Républicains, Matthieu Bloch (lire notre article), dans la 3e circonscription du Doubs, dans le cadre de l’accord signé par Éric Ciotti de rapprochement de ces deux droites.

L'alliance présidentielle sauvera-t-elle un fauteuil ?

Dans le Territoire de Belfort, les députés étaient dans l’opposition. Pareil en Haute-Saône. Dans le pays de Montbéliard, seule la 3e circonscription était tenue par un député de la majorité présidentielle, Nicolas Pacquot. En 2022, le parti présidentiel avait perdu le fauteuil de la 4e circonscription, avec la défaite de Frédéric Barbier. C’est un candidat Horizons, Philippe Gauthier, maire de Valentigney, qui tentera de reprendre le siège. Pour le scrutin du 30 juin, Nicolas Pacquot fait face à une alliance LR-RN dans la 3e circonscription, avec la candidature de Matthieu Bloch, qui a un boulevard à droite ; il n’y a que la candidature de Brandon Kemps, pour Debout la France, qui lui fait de l’ombre. Cette candidature commune a enflammé le pays de Montbéliard (lire notre article) Dans le Territoire de Belfort, la majorité, sous pilotage Modem, envoie deux femmes, de nouveaux visages dans la politique locale. Ils font le pari du renouvellement (lire notre article).

La gauche va-t-elle se ressaisir ?

En 2022, la gauche avait envoyé un seul député à Paris, depuis le nord Franche-Comté, l’insoumis Florian Chauche, de la 2nde circonscription du Territoire de Belfort (Nord). Il avait bénéficié de plusieurs éléments : peu de candidatures à gauche et une multiplication des candidatures à droite, avec le dissident d’alors des LR, Didier Vallverdu, contre Michel Zumkeller. La dynamique du Nouveau front populaire et un sursaut de participation seront-ils suffisants pour qu’il soit réélu ? Florian Chauche était le premier député de gauche dans le Territoire de Belfort depuis 20 ans, quand Jean-Pierre Chevènement et Raymond Forni avait perdu contre Michel Zumkeller et Damien Meslot. Dans le Doubs, la gauche envoie une communiste, Virginie Dayet, maire de Randevillers, dans la 3e circonscription. Dans la 4e circonscription, c’est la socialiste Magali Duvernois, maire d’Exincourt, qui se frotte au suffrage universel, appuyée par l’ancien sénateur socialiste Martial Bourquin, maire d’Audincourt. Magalis Duvernois avait récupéré, à la droite locale, la mairie d’Exincourt en 2020. En Haute-Saône, les socialistes envoient un poids lourds, le maire de Lure (lire notre article), Éric Houlley, également vice-président du conseil régional en charge de la cohésion des territoires.

Le parti Les Républicains joue sa survie

Deux salles, deux ambiances. Dans le Doubs, dans la 3e circonscription, Matthieu Bloch sera un candidat Les Républicains soutenus par le Rassemblement national, dans le cadre de l’accord signé par le président du parti Éric Ciotti, contesté par des cadres. Dans le Doubs, les élus LR de la majorité au conseil départemental se sont opposés à directive. Matthieu Bloch, patron des LR du Doubs la suit. Et Marie-Noëlle Biguinet ne s’est pas positionnée publiquement, ce que lui reproche son opposition de gauche au conseil municipal (lire notre article), estimant que si elle ne dit mot, elle consent. Dans le Territoire de Belfort, les LR ont dit non à tout rapprochement avec le RN, tout comme avec la majorité présidentielle (lire notre article). Ian Boucard, le député sortant de la 1re circonscription (Sud) repart en campagne, épaulé par Damien Meslot comme suppléant. Dans la 2nde, où il n’y a plus d’accord avec l’UDI, Didier Vallverdu peut se présenter pour les LR, même s’il n’aurait pas dû avoir l’investiture, comme s’y était engagé le parti localement, après sa dissidence en 2022 (lire notre article). Il est soutenu par Florian Bouquet, comme suppléant ; c’est le président du conseil départemental. Le parti est pris en étau entre une extrême droite très dynamique et une gauche unie, qui présente la socialiste Marie-Eve Belorgey (lire notre article), un parti beaucoup moins clivant que La France insoumise. Mais le parti s’appuie sur un réseau et une connaissance fine des circonscriptions pour encore déjouer les pronostics. Dans la 4e circonscription du Doubs, les LR n’envoie personne face à Géraldine Grangier, ce qui peut favoriser la candidature de Philippe Gauthier, le maire Horizons de Valentigney. C’est un adjoint au maire de Luxeuil-les-Bains, Loïc Labori, qui porte les couleurs LR dans la 2nde circonscription de Haute-Saône.

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