Une Voie royale. C’est ce que lègue, notamment, le colonel Matthieu Debas à son successeur à la tête du 1er régiment d’artillerie de Bourogne, le colonel Olivier Leduc. En 2024, il avait inauguré un mur d’escalade sur le château d’eau qui trône, altier, dans l’enceinte du quartier Ailleret, à Bourogne. « C’est pour tester le degré d’engagement physique et mental, s’exercer à repousser ses limites. Chaque Fusilier du Roy (surnom des membres du régiment, NDLR) est attendu devant cette Voie royale, exprimait-il lors de l’inauguration, à l’été 2024, juste après l’avoir inauguré, sous leurs yeux (lire notre article).
Sous son commandement, il a cherché à « renforcer l’identité du régiment comme un outil de combat au service de l’armée de terre et de la France ». Il y a eu un effort sur la fidélisation et le sentiment d’appartenance. Plus vieux régiment d’artillerie d’Europe, créé en 1671, le 1er régiment d’artillerie cultive l’exigence et l’excellence. C’est une référence. Et la Voie royale exprimait justement ces différents enjeux, dans une « période charnière » marquée par des tensions géopolitiques très fortes. « Si nous faisons des entraînements durs, ce sont pour de bonnes raisons », relève le colonel Matthieu Debas. La période est également clé, car les autorités ont mis en route le renouvellement du système d’arme du 1er RA. Son lance-roquette unitaire arrive en bout de course ; c’était le seul régiment à être doté de cet équipement capable de tirer des roquettes à 70 km, avec une précision métrique. On attend son successeur (lire notre article) et la modernisation du radar de contre-batterie Cobra.
La période troublée donne sens à l’engagement des Fusiliers du Roy. Mais c’est surtout l’engagement opérationnel du régiment qui appelle à être prêt. Le 1er régiment d’artillerie déploie, en continu, un radar de contre-batterie Cobra au Liban et deux lance-roquettes unitaire (LRU) en Roumanie, dans le cadre de la mission Aigle (notre article) de renforcement du flanc est de l’Otan, face à la Russie. Une centaine d’hommes du régiment est constamment déployée en opération, sur les 750 personnes que compte le 1er RA. Un contrat opérationnel extrêmement exigeant pour l’unité.
Un spécialiste des drones
Le colonel Matthieu Debas est nommé au commandement du combat futur (CCF), une structure placée directement sous la tutelle du chef d’état-major de l’armée de terre. Elle a été créée en 2024. « Elle prépare l’armée de terre aux combats que nous aurons dans 10 à 15 ans », explique l’officier supérieur. La structure cherche aussi à adapter le plus rapidement possible l’armée aux nouvelles réalités.
Son successeur, le colonel Olivier Leduc, arrive de la section technique de l’armée de terre où il a conduit les opérations d’armement et d’innovation. Il était « le chef d’orchestre de la politique drone », comme il le résume. Du drone de poche Black Hornet, qui pèse 33 grammes, au drone patroller, qui pèse plus d’une tonne.
L’armée de terre a lancé une dronisation de ses unités. « L’ambition : un drone par groupe de combat, par véhicule ou par plateforme », résume le colonel Olivier Leduc. Cette dronisation implique une évolution du matériel, évidemment, mais aussi de nouvelles méthodes, qu’il faut acquérir. « Il y a un esprit pionnier », apprécie le nouveau chef de corps. Des drones spécialisés sont aussi développés, pour les artilleurs par exemple, pour aider à acquérir des cibles. Pour les combattants, le drone peut être « des jumelles déportées ». Pour les postes de commandement, le drone DT46 (28 kilos, 80 km de portée) permet de repérer des cibles plus rapidement et d’engager immédiatement l’artillerie adéquate. Les artilleurs pourraient aussi disposer de munitions rôdeuses, télé-opérées, permettant de repérer des cibles et de les détruire de suite. Le but, « accélérer la boucle entre le renseignement et le feu », explique le colonel Leduc, après avoir listé ces différents équipements et leur utilité.
Le colonel Olivier Leduc est Saint-Cyrien (diplômé en 2005). Il est passé par le 40e régiment d’artillerie de Suippes (Marne). Il est déjà passé par le 1er RA ; il a été à la tête du bureau opération et instruction (BOI), de 2020 à 2022. Aujourd’hui, il va tracer la voie du 1er régiment d’artillerie.