Le 13 janvier 2023, le Pays de Montbéliard apprenait sa sélection comme Capitale française de la culture pour 2024. Plusieurs mois se sont passés, sans faire de bruit. Le temps de constituer une équipe. Puis, PMA a présenté son commissaire artistique, Philippe Fourchon, qui a fini par démissionner, en octobre, à quelques mois de l’ouverture de cette année (lire ici). Fin novembre, un commissariat artistique a émergé. Composé de Yannick Marzin, directeur de Ma Scène Nationale, Hervée De Lafond, directrice du théâtre de l’Unité, et Matthieu Spiegel, directeur du Moloco.
En l’espace d’un mois, à peine, ils ont dû construire une programmation pour un an. Un défi colossal. Ce jeudi 19 décembre, à l’heure du bilan, aucun des trois commissaires artistiques n’est présent. Le directeur adjoint de Ma Scène Nationale est présent, comme seul symbole de ce commissariat artistique. Devant la presse, tous s’accordent : « Un an de préparation, ce n’était pas assez. » Magali Duvernois, vice-présidente à l’Agglomération, reconnaît : « Cela a mis sous pression toutes les personnes impliquées dans le projet. Avec deux ans de préparation, comme pour Capitale européenne de la culture, nous aurions pu aller encore plus loin. » Mais le bilan est bon, selon eux. « Cette année a été une belle réussite. Nous pouvons en être fiers », affirme Charles Demouge président de Pays de Montbéliard Agglomération (PMA).
450 actions dans 73 communes
« Nous avons décliné Capitale française de la culture en 73 capitales », se réjouit encore le président de PMA. Chaque commune du territoire a accueilli au moins un événement. Les localités comme Bretigney, Solemont et Feule, qui n’avaient toujours pas de projet au mois d’octobre, ont finalement été impliquées.Au total, 450 actions ont été réalisées, couvrant toutes les formes d’expression culturelle : spectacle vivant, musique, arts visuels, cinéma, patrimoine ou encore sciences.
80 porteurs de projets ont contribué à cela, en majorité des acteurs locaux. Avec 52 % des projets portés par des acteurs pour lesquels la culture n’est pas l’activité principale, cette dynamique a élargi l’accès et la diversité des initiatives. 25 % des projets ont été participatifs, impliquant le public. Avec la création de maquettes 3D de sites patrimoniaux avec le projet « Histoire d’ici et là » des Francas du Doubs, Les ateliers de sensibilisation au mouvement et à la photographie animés par la Compagnie Astragale à l’Ehpad Résidence Surleau….
Parmi les temps forts : on repense à plusieurs moments marquants. La construction monumentale d’Olivier Grossetête au théâtre antique de Mandeure. Le Festival UNIK, créé par Matthieu Spiegel. Les fresques participatives avec les Socios au stade Bonal. D’autres moments restent aussi en mémoire : comme la cérémonie d’ouverture, où l’ancien Premier ministre Gabriel Attal s’est rendu. Un moment qui a marqué les esprits…en bien comme en mal, avec un côté folklorique qui fait encore sourire plusieurs mois plus tard (lire ci-dessous).
Sobriété
Contrairement à Villeurbanne, première ville Capitale française de la culture, qui avait proposé une édition – beaucoup – plus spectaculaire, PMA a misé sur une approche sobre, souvent décrite comme discrète. « La plupart des projets ont été dans le mouvement d’aller vers. Nous n’avons pas érigé de grand totem, à l’opposé de Villeurbanne qui était plus grandiloquente dans les formes qu’elle a proposé. On était sur la sobriété, le pas de côté », détaille Licinio Da Costa, directeur adjoint de Ma Scène Nationale.
« Nous avons voulu aller vers les habitants, notamment ceux éloignés de la culture », complète Magali Duvernois. L’ambition de rapprocher la culture des habitants s’est concrétisée avec des événements hors des lieux habituels, comme des récitals dans des églises, des projections dans des communes rurales. Le « Bus d’Hélène » a sillonné 10 communes, apportant une programmation culturelle mobile et accessible.
L’année a aussi intégré des enjeux écologiques, en travaillant sur des parcours moins polluants pour les tournées artistiques. Des thématiques environnementales comme l’eau et la biodiversité. On repense notamment à la fête des Vergers, valorisant l’agriculture durable et la biodiversité. Des balades musicales et contées, invitant à privilégier les mobilités douces. Ou la pièce « Trop ou pas assez » de la compagnie Gakokoé, explorant les enjeux de l’eau.
Le budget de 5 millions d’euros – dont 2 millions supplémentaires dédiés à cette année spéciale – a permis de concrétiser le projet. Toutefois, la question des moyens à long terme pour la culture reste en suspens à PMA. « Avec les contraintes budgétaires des collectivités, il y aura des choix à faire excessivement difficiles », concède Magali Duvernois.
Ce qui restera
Malgré ces incertitudes, plusieurs créations de 2024 perdureront : les fresques du stade Bonal, le circuit historique du fort Lachaux, le sentier des mémoires de la MJC Petite Hollande, l’hymne de Capitale française de la culture, le livre collaboratif d’Éric Pessan, inspiré des habitants…
Ce week-end marquera la fin de cette année de labellisation. L’année dernière, PMA avait annoncé un événement dédié à la clôture (lire ici). Finalement, « j’ai fait une cohabitation avec la maire de Montbéliard sur le week-end à venir », plaisante Charles Demouge. La clôture, en effet, sera faite en collaboration avec la Ville de Montbéliard avec la réouverture du château de Montbéliard et du parcours du musée (lire ici), et un spectacle combinant projection, performance lyrique et musique, portée par Jeanne Morel et Paul Marlier, appuyée par la chanteuse lyrique Axelle Saint-Cirel et les musiciens du conservatoire.
À ce stade, aucune ville ou agglomération n’a été désignée pour reprendre le flambeau, alors que la prochaine édition devrait se tenir en 2026.
