Le fonds Maugis, chargé de ventiler la pénalité de 50 millions d’euros de General Electric pour ne pas avoir créé 1 000 emplois après le rachat de la branche énergie d’Alstom en 2015, est prolongé jusqu’à fin 2027, annonce Guy Maugis, qui pilote ce fonds ; il avait été nommé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie en avril 2019 (lire notre article). Sa mission est donc prolongée. Guy Maugis était dans le nord Franche-Comté, en fin de semaine dernière, pour rencontrer des entreprises qui ont été aidées par ce dispositif.
Depuis son lancement, 17 entreprises ont été soutenues et « 308 emplois ont été créés », se réjouit Guy Maugis. Il est très confiant en la capacité du fonds à générer un millier d’emplois sur l’ensemble de sa mission. À date, 24 millions d’euros ont été décaissés et perçus par les entreprises, qui ont donc répondu au plan de route qu’elles s’étaient fixés. « Il y a de très belles dynamiques », apprécie l’ancien dirigeant de Bosch France, citant notamment Purple Alternative Surface, H2SYS ou encore Mincatec. « [Cette dernière] a fait de très beaux progrès technologiques », glisse-t-il. Ces entreprises mènent actuellement des levées de fonds pour passer à l’échelle industrielle. « Elles vont y arriver, estime-t-il. Quand on passe du niveau des études et prototypes au développement industriel, il y a d’énormes besoins de fonds. » Le fonds cherche à « dérisquer » le projet explique Guy Maugis dans une phase, l’industrialisation, toujours délicate. Les projets ont des chances « raisonnables » de réussir, même si on ne peut jamais prévoir la réaction du marché.
Des concrétisations en 2024
Plusieurs entreprises aidées par le fonds vont aussi concrétiser leur projet cette année : McPhy à Fontaine (nos articles), Gen-hy à Allenjoie (nos articles). Inocel va aussi être aidée en 2024 ; le contrat est en cours de finalisation. L’entreprise Welp, à Hérimoncourt, monte aussi en puissance. L’année 2024 devrait ainsi permettre de générer une centaine d’emplois de plus. La bonne nouvelle autour du dossier Isthy (lire nos articles), l’un des premiers dossiers accompagnés par le fonds Maugis, en janvier 2021 (lire notre article), rassure aussi Guy Maugis. Deux dossiers sont dans les tuyaux actuellement et pourraient être officialisés en 2024.
Aujourd’hui, il reste une dizaine de millions d’euros à flécher, après avoir soustrait l’aide prévue à Inocel. Certains projets n’iront pas non plus au bout, ou pas à la vitesse imaginée. Il y aura donc des reliquats qui pourront être réattribués vers d’autres projets, d’où la nécessité de prolonger la durée du vie du fonds.
Les entreprises aidées
Il y a une volonté politique locale de conserver aussi une enveloppe afin de disposer de fonds si un gros projet se présente et que la concurrence est rude entre les régions. Cet appui financier est un critère supplémentaire qui peut faire pencher la balance. Même si Guy Maugis précise : « C’est toujours un ensemble de critères et de conditions. » Et de louer la dynamique locale, « l’écosystème juridico-administratif local solide », ou encore la bonne cohésion entre les différentes collectivités, mais aussi la coordination avec les services de l’État, salue Guy Maugis. « On a des élus qui régissent vite, avec par exemple des bureaux mis à disposition en 15 jours ou une capacité à trouver des bâtiments », cite-t-il.
La méthode
Les dossiers sont d’abord étudiés par un comité stratégique, composé notamment de personnalités politiques locales et présidé par Guy Maugis. S’ils sont pré-sélectionnés, les dossiers sont évalués par un comité de gestion, composé d’Ulrike Steinhorst, Martine Viallet et de Monsieur Bernard Streit, industriel local, ancien dirigeant de Delfingen, à Anteuil.Les dossiers sont alors étudiés dans le détail (solvabilité, business plan, marchés…). Le dispositif est géré par Pristine, société de gestion et fiduciaire, et les dossiers sont évalués par PricewaterhouseCoopers (PwC). « Le Fonds de Revitalisation Industrielle a pour mission d’accompagner des entreprises industrielles et innovantes permettant d’aider des filières industrielles d’avenir à se déployer. Son objectif premier est d’aider des projets permettant la création ou le maintien d’emplois pérennes s’appuyant notamment sur les compétences du bassin de Belfort Montbéliard », rappelait, à ce titre, le fonds Maugis en 2023.