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General Electric : la direction américaine répond à la mise en demeure

La direction de General Electric répond à la mise en demeure des syndicats CFE-CGC et Sud Industrie.
Site de Belfort, en 2015, lors du rachat de la branche nucléaire d'Alstom. | ©Le Trois – archives

Les syndicats Sud Industrie et CFE-CGC ont mis en demeure la direction de General Electric de respecter les accords d’octobre 2019. La date limite expirait ce mercredi 31 mars. La direction a répondu. Le Trois a pu consulter la lettre. General Electric affirme respecter les accords, mais demande surtout des efforts.

Les syndicats Sud Industrie et CFE-CGC ont mis en demeure la direction de General Electric de respecter les accords d’octobre 2019. La date limite expirait ce mercredi 31 mars. La direction a répondu. Le Trois a pu consulter la lettre (à retrouver dans son intégralité à la fin de l’article). General Electric affirme respecter les accords, mais demande surtout des efforts.

La réponse à la mise en demeure de la CFE-CGC et de Sud Industrie de l’entité turbines à gaz, formulée le 8 février (notre article), vient des États-Unis. Elle est signée Scott Strazik, le patron de la division Gas Power. « GE Gas Power reste engagé à Belfort/Bourogne sur les activités de fabrication, ingénierie, exécution de projets ainsi que sur d’autres fonctions clés pour la région EMEA (Europe, Moyen Orient, Afrique, NDLR) », défend, tout d’abord, Scott Strazik, qui rappelle que les sites ont bénéficié d’importants investissements depuis 2014 pour fabriquer la turbine à gaz 9HA, la plus puissante du monde. Plus de 30 turbines 9HA sont sorties de Belfort depuis cette date.

Concernant les engagements, la direction estime que « les postes à responsabilité dont la localisation en France a été prévue par l’accord de 2019 ont bien été pourvus », ce que les deux syndicats doutent. Au sujet de l’objectif d’avoir 1 275 salariés dans l’entité turbines à gaz, seulement deux postes créés sont à pourvoir précise-t-il, afin « de compléter l’organisation cible ». Un accord autour de la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) est aussi en cours annonce-t-il.

Scott Strazik demande des économies

Le patron mondial du business réclame surtout que tous les sites améliorent « leur compétitivité opérationnelle ». Il pointe du doigt que Belfort n’a fait que 5,3 millions d’euros d’économie en 2020, contre les 12 millions visés ; Scott Strazik ne manque pas de rappeler que les projections 2021 montrent que cet objectif d’économies ne sera pas non plus atteint. Le dossier des 1 400 heures de productivité est remis plusieurs fois sur la table dans la lettre par la direction ; cette question avait généré d’importantes tensions en 2020, notamment dans la population ouvrière. On demande à ce que les salariés travaillent plus, en remettant en cause des acquis sociaux, autour de RTT notamment.

Sur la diversification industrielle, « les actions pour stimuler l’écosystème de la région de Belfort ont démarré avec le soutien de l’État et des autorités locales », écrit Scott Strazik. Il affirme que cela est fait « avec l’appui du fonds GE de 50 millions d’euros ». Ce qu’il appelle le fonds GE est le fonds Maugis. C’est une pénalité de 50 millions d’euros payée par General Electric pour ne pas avoir créé 1 000 emplois à la suite du rachat de la branche énergie d’Alstom en 2015, conformément aux accords. L’existence de ce fonds est donc consécutif au non-respect d’une partie des accords signés en novembre 2014, par General Electric. Même si ce fonds est utilisé aujourd’hui pour « l’implantation de nouvelles activités industrielles dont les perspectives en termes de création d’emplois sont prometteuses », comme le rappelle le directeur général, il ne peut pas non plus être vu comme une compensation des emplois supprimés depuis 2018 à Belfort. Ni comme un investissement de General Electric.

Hydrogène et Lean

Concernant la mise en place d’un projet industriel, pour les sites de Belfort et Bourogne, conformément aux accords d’octobre 2019, Scott Strazik confirme que des axes stratégiques ont été retenus : l’hydrogène et la décarbonation ; et le lean pour gagner en productivité. Début juillet 2020, huit axes avaient été validés conjointement par General Electric, les syndicats et l’État (notre article). « Nous avons conclu que certains des axes stratégiques identifiés n’étaient pas viables dans le contexte actuel du marché, écrit Scott Strazik. Nous avons décidé de ne pas retenir ces axes pour le moment mais restons attentifs à l’évolution du marché et aux besoins de nos clients, afin de les reconsidérer le cas échéant. »

Sur la décarbonation, « plusieurs chantiers » sont engagés au premier semestre 2021, assure-t-il, en matière de recherche, d’ingénierie, de travaux d’intégration, de développement de partenariat. 9 personnes sont chargées du développement de ces activités, dont 5 postes sont à créer annonce-t-il.

Sur l’hydrogène, il évoque le partenariat (notre article)  tissé avec l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et « des discussions avec d’autres partenaires potentiels, au sujet notamment des travaux de modélisation, de simulation, de test et de démonstration ». Aucun montant d’investissements n’est énoncé dans cette lettre. En juillet 2020, on parlait de 50 millions d’euros d’investissement pour engager l’entité turbine à gaz dans l’hydrogène. En confirmant ce choix de l’hydrogène, Scott Strazik répond à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui demandait cet engagement, comme il l’a notifié dans une interview accordée à L’Est Républicain, ce mardi.

Accord de 2014

Au sujet du respect des accords signés en novembre 2014, précédant le rachat de la branche énergie d’Alstom en 2015, Scott Strazik précise qu’un « audit externe et indépendant » est actuellement mené. Une réunion est prévue prochainement pour faire le point. « L’objectif de cette réunion est que les parties examinent les conclusions de l’audit et définissent ensemble les prochaines étapes dans le respect des engagements pris, mais en tenant également compte de certains facteurs (et dans de nombreux cas imprévus) survenus depuis 2014, tels que l’impact de l’accélération de la transition énergétique sur les activités de GE ou encore les conséquences de la crise sanitaire actuelle sur nos marchés mondiaux », écrit-il.

« GE Gas Power sollicite également le soutien de l’État pour le développement d’une recherche conjointe avec des entités publiques et en particulier dans le cadre du Règlement européen 2020/852 », poursuit Scott Strazik. Ce règlement européen concerne les investissements durables et vise à fournir un référentiel sur ce sujet, afin de limiter le greenwashing.

Peu d’annonces d’investissements

Sur l’axe Lean, qui doit améliorer la productivité de la chaine de production et optimiser l’utilisation des outils de production, Scott Strazik note qu’une première ligne Lean est déjà déployée, que deux autres sont en cours de déploiement et qu’une 4e est « planifiée », pour un investissement de 5 millions d’euros.

« Bien que nous n’anticipions pas un impact positif immédiat sur les niveaux de commandes et d’activité, ces nouveaux axes stratégiques peuvent devenir la pierre angulaire d’une stratégie réussie pour la pérennité du site de Belfort/Bourogne,à moyen et long terme », insiste Scott Strazik. Les deux syndicats attendaient, de leurs côtés, des calendriers et les budgets alloués ; la lettre est vague à ce sujet.

Scott Strazik regrette finalement que de nouvelles « poursuites judiciaires » soient envisagées dans un contexte de discussions de « futurs projets pour Belfort ». « Nous souhaitons le soutien actif des organisations syndicales dans la mise en œuvre d’une feuille de route définissant une stratégie de réussite pour Belfort et tenant compte des difficultés de marché », insiste finalement Scott Strazik, qui a été mandaté par Larry Culp, président-directeur général de General Electric, pour répondre. Vendredi dernier, l’ensemble des représentants du personnel de la division Power de General Electric en Europe a fait part de son malaise et à lancer une pétition pour dire stop « à la casse industrielle »(lire notre article).

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