À l’occasion des questions au gouvernement, ce mardi, le député de l’union des droites (UDR) du pays de Montbéliard, Matthieu Bloch, a fait part de son inquiétude sur l’avenir du site de recherche et développement de Belchamp, attaché à l’usine Stellantis. « Les remontées du terrain (…) font état de prochains départs de cadres du site de Belchamp », alerte celui dont le parti est allié au Rassemblement national.
Matthieu Bloch confirme également, dans son allocution, que Carlos Tavares, avant son départ, avait partagé son « inquiétude sur la pérennité de la branche Recherche et Développement en France ». Il replace également la montée en puissance de la famille Agnelli dans la gouvernance de Stellantis, d’autant plus depuis le départ de Carlos Tavares (lire notre article). On évoque une volonté « de centralisation » de la R&D, dit-il, à Turin (Italie).
7 millions d'euros investis à Belchamp
Clara Chappaz, secrétaire d’État chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, a répondu au ministre, en lieu et place du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci. Elle assure avoir sollicité le groupe sur la pérennité de la R&D en France. « Le groupe a indiqué n’avoir aucune intention de la diminuer », a-t-elle assuré au député. D’ajouter : « Au contraire. » Ce que confirme une porte-parole de l’usine Stellantis de Sochaux. « Nous continuons à investir sur ce site stratégique pour la recherche et le développement en Europe », indique-t-elle.
Le constructeur a investi 7 millions d’euros dans l’implantation d’une zone de tests « Thermal Runaway », « unique en Europe », replace la porte-parole (lire notre article). « Cette nouvelle zone permettra d’internaliser différents tests à réaliser sur les batteries et véhicules électrifiés sur trois domaines : la propagation thermique, la résistance au feu et les fuites internes », détaille-t-elle. L’activité doit débuter au 1er semestre 2025. Si l’outil a été installé à Belchamp, c’est pour « sa proximité avec le site de Sochaux qui possède le seul atelier prototype de batteries en Europe », justifie-t-elle.
Le site de Belchamp accueille aussi les activités des futurs projets, plateformes et silouhettes, réalisées en France (lire notre article). Le site « a ainsi bénéficié du transfert de plusieurs bancs d’essais de Vélizy et d’un investissement complémentaire pour de nouveaux bancs », indique l’usine. 90 % des activités de la Ferté Vidame ont été transférées à Voujeaucourt, complète encore la porte-parole, « avec l’aménagement de nouvelles pistes d’essais pour un montant de 3,2 millions d’euros ».
Concurrence étrangère
Dans sa réponse au député, la secrétaire d’État a toutefois souligné la « forte pression internationale » de la recherche automobile française, rappelant que les compétences des ingénieurs étrangers étaient de plus en plus « reconnues ». Les cycles de développement y sont plus rapides, dit-elle, de l’ordre de 12 mois pour un nouveau véhicule, contre 36 en Europe indique-t-elle. « C’est un facteur d’attractivité indéniable, en notre défaveur », alerte Clara Chappaz. « Il est donc absolument critique que les constructeurs et les équipementiers européens accélèrent leur processus de développement et adopte des outils modernes au service de la compétitivité des sites de R&D européens », invite la secrétaire d’État. Elle finalise en précisant que les débats budgétaires devraient confirmer le crédit impôts-recherche, même si son fonctionnement pourrait être revu.
Matthieu Bloch compte « sur la prudence et l’extrême vigilance du gouvernement sur ce sujet vital pour la pérennité de l’industrie automobile dans le Pays de Montbéliard ».
Des projets de décarbonation de Belchamp
Stellantis vise la neutralité carbone d’ici 2038. À Sochaux, plusieurs projets sont engagés, comme la couverture des parkings d’expédition de panneaux photovoltïques ou la réfection de la peinture. Le centre de Belchamp a deux projets, de son côté. Le premier concernera le remplacement de l’usage du gaz naturel par des énergies renouvelables, assurant le chauffage du centre technique. Trois chaudières à pellets sont ainsi prévues, tout comme une pompe à chaleur réversible. « Opérationnelles dès décembre 2025, elles permettront de réduire de 92% les émissions de gaz à effet de serre », promet la porte-parole. Une ferme solaire, de 3 ha, est aussi à l’étude.