2 802 670 habitants. C’est le nombre d’habitants qui vivent en Bourgogne-Franche-Comté au 1er janvier 2023 ; c’est ce que l’on appelle la « population de référence », terme qui remplace le vocable « population légale ». Cette donnée sera valable au 1er janvier 2026 et conditionne de nombreuses réalités. En fonction du nombre d’habitants, le scrutin municipal peut changer; il détermine aussi le nombre de pharmacies dans un territoire. La population de référence est présente dans 350 articles de loi.
La population « est en légère baisse », indique Clément Maneyrol, de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de Bourgogne-Franche-Comté, à l’occasion d’une conférence de presse sur la dynamique des populations, ce jeudi matin. Sur la période 2017-2023, la région perd 0,1 % de sa population par an, soit 9 000 habitants en moins chaque année, soit quasiment l’équivalent des villes d’Héricourt (10 621 habitants) ou de Valentigney (10 501 habitants). En comparaison, la France métropolitaine enregistre une croissance de population de + 0,4 % par an, sur la période 2017-2023. Avec de fortes disparités : le sud et l’ouest gagnent des habitants. La partie nord du pays stagne au mieux, voire régresse légèrement.
La population vieillit
Pour la Bourgogne-Franche-Comté, ce constat signifie que la population vieillit ; 24 % de ses habitants ont 65 ans ou plus, replace Clément Maneyrol. Satisfaction, tout de même : « un léger excédent migratoire. » Il n’est pas suffisant pour compenser le solde naturel, mais il y a plus d’habitants qui arrivent dans la région que d’habitants qui ne la quittent. Toutefois, les dynamiques sont différentes selon les secteurs : la frontière suisse, les agglomérations de Dijon, Besançon ou Mâcon, qui profite de l’attractivité lyonnaise, gagnent des habitants. D’autres reculent, comme le nord Franche-Comté, ou Saint-Claude, dans le Jura.
Le solde migratoire s’est aussi amélioré dans la région, passant de – 0,1 % par an entre 2012 et 2017 à + 0,1 % entre 2017 et 2023. La Saône-et-Loire et la Nièvre atteignent même un solde migratoire de + 0,3 % par an de 2017 à 2023 ; la Nièvre enregistre même une hausse de 0,7 point sur cet indicateur entre les deux périodes étudiées. Sur les huit départements de la région, six ont un solde migratoire positif, un stagne (Haute-Saône) et un est toujours négatif : c’est le Territoire de Belfort. Il s’améliore très légèrement passant de – 0,4 % à – 0,3 %, mais la dynamique est différente des autres territoires avec la tendance la moins positive.
Le nord Franche-Comté en retrait
Le département ne s’appuie plus, non plus, sur un solde naturel positif, comme sur la période 2017-2023 ; à présent, il stagne. La baisse est donc plus prononcée sur la période 2017-2023 (- 2 367 habitants) que sur celle de 2012-2017 (- 1 318 habitants).
Dans le nord Franche-Comté, Héricourt gagne 20 habitants en six ans 10 621 contre 10 601, tout comme Audincourt (14 071 habitants au 1er janvier 2023 contre 13 387 en 2017). Montbéliard perd 723 habitants, passant sous la barre des 25 000 âmes (24 672 contre 25 395 habitants). Belfort compte 45 912 habitants au 1er janvier 2023 contre 47 656 au 1er janvier 2017 et 50 102 en 2012 ; « La commune de Belfort concentre près des trois quarts de la baisse de son département », note à ce sujet l’Insee. Et si l’on regarde à l’échelle de l’agglomération, ce retrait se confirme : Pays de Montbéliard agglomération passe de 139 948 à 138 040 ; le Grand Belfort passe de 103 741 à 101 725. Le pays d’Héricourt gagne, par contre, sept habitants passant de 20 962 habitants à 20 969 habitants entre 2017 et 2023.
Belfort a-t-elle gagné des habitants ?
A Belfort, l’évolution du nombre d’habitants est surveillée comme le lait sur le feu. Et tout particulièrement dans la perspective des élections municipales de mars 2026. Le sujet a déjà été au centre d’un débat entre Bastien Faudot, candidat déclaré aux municipales (notre article), et Damien Meslot, maire de Belfort ; il n’a pas encore annoncé s’il serait candidat. Le sujet a été évoqué lors de la dernière réunion du Grand Belfort et lors du dernier conseil départemental. Il l’a, à nouveau, été ce mercredi 17 décembre, lors du conseil municipal, à l’occasion d’un point sur la revitalisation du territoire. Damien Meslot s’est réjouit du gain de 277 habitants (population totale) que lui a annoncé l’Insee le matin, à la veille de la conférence de presse de ce jeudi matin. Hausse qui vient s’ajouter aux 300 habitants de plus annoncés en décembre 2024. « Deux années de suite, c’est une tendance. La France perd des habitants ; on va à l’opposé des choses », s’est réjoui Damien Meslot. Au 1er janvier 2022 (donc publié en janvier 2025), la population de référence de Belfort était de 45 646, selon les données de l’Insee. Celle qui est communiqué ce jour est de 45 912, soit une hausse de 266 habitants (en regardant la population municipale, qui a valeur légale). « On a perdu 5000 habitants », a déploré Bastien Faudot ! « Il y a un décalage entre la réalité et votre autosatisfaction. C’est une bonne nouvelle s’il y a un rebond, mais cela ne justifie en aucun cas votre autosatisfaction », a-t-il insisté.
L’Insee ne compare jamais deux millésimes successifs, car le cycle de consolidation statistique se fait sur cinq ans (6 ans sur le dernier à cause du covid qui implique donc de comparer 2023 avec 2017). Les grandes villes ne sont recensées qu’en partie chaque année et les petites communes en totalité tous les 5 ans, d’où un cycle complet tous les 5 ans. Pour que les données soient robustes, il faut donc comparer sur du moyen terme. La hausse observée entre 2022 et 2023, communiquée respectivement fin 2024 et fin 2025 doit donc être confirmée dans les années à venir. Entre 2023 et 2017, Belfort a perdu des habitants, passant de 47 656 à 45 912, soit une baisse de 0,6 % par an. Par contre, cette baisse est moins rapide que lors de la période précédente (2012-2017) où elle était de – 1 %.
Damien Meslot a rejeté la faute de cette tendance à la gauche en expliquant que si la population avait connu un pic à plus de 55 000 habitants, la baisse avait commencé bien avant son arrivée à la tête de la municipalité. Il argumente aussi sur les répercussions des plans sociaux d’Alstom et de GE et se réjouit du redémarrage de ces deux entreprises, ainsi que de la bonne santé d’Arabelle Solutions. « Arabelle doit embucher 300 personnes ; Alstom prévoit l’embauche de 450 salariés. »
