A l’occasion de la séance du conseil départemental du Territoire de Belfort, le jeudi 25 septembre, le colonel Stéphane Berrez, directeur départemental par intérim des services d’incendie et de secours (SDIS), a présenté le Schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR), véritable schéma directeur stratégique pour l’organisation des secours dans le département.
10 000 interventions par an
La première partie de ce document dresse un bilan plutôt rassurant de l’activité des pompiers dans le département, avec un nombre d’interventions stable : environ 10 000 interventions par an, soit 27 interventions par jour). 78 à 80 % des interventions sont des secours d’urgence aux personnes (SAP), soit 22 interventions par jour. Cette proportion importante est à mettre en relation avec le vieillissement de la population. Les accidents de la circulation sont en baisse depuis 2010, et se sont stabilisés à une moyenne de 2 interventions par jour. Le nombre moyen d’interventions pour incendies est de moins de deux par jour. Les risques technologiques (fuites et odeurs de gaz, pollutions, incidents électriques) sont stables depuis 2021, avec moins d’une intervention par jour.
Autre point positif, selon le rapport adopté par les élus à l’issue de la présentation du colonel Stéphane Berrez, « le SDIS 90 dispose des moyens nécessaires pour couvrir les risques courants ». Résultat : la couverture du territoire est assurée à 90 % en moins de 20 minutes, à 99,8 % en 20 à 30 minutes ; à 100 % à 30 minutes.
Le Territoire de Belfort dispose de dix centres d’incendie et de secours, soit en moyenne un centre pour 61 km². Par ailleurs, des conventions d’assistance mutuelles ont été signées avec les SDIS du Doubs, du Haut-Rhin, des Vosges et de Haute-Saône.
Rendre plus facile l’intervention des pompiers en journée
Ces constats rassurants n’empêchent pas de pointer des enjeux pour les années à venir pour faire face à de nouveaux risques ou pour améliorer la protection des populations
Plusieurs enjeux ont ainsi été identifiés dans le rapport. A commencer par la disponibilité des sapeurs-pompiers volontaires en journée, en raison des obligations professionnelle. Si le nombre de volontaires dans le Territoire de Belfort est supérieur à la moyenne nationale, leur capacité à intervenir durant la journée est en dessous des besoins : les centres de secours sont rarement en capacité de mobiliser plus de deux volontaires, alors que l’effectif minimum pour un VSAV (véhicule de secours à victime) est de trois pompiers.
Le colonel Stéphane Berrez appelle de ses vœux le développement de conventions avec les employeurs, afin de libérer les pompiers volontaires en cas d’alerte pendant les heures de travail. Aujourd’hui, 23 conventions ont été signées, pour 30 sapeurs-pompiers volontaires, par exemple avec la commune de Grandvillars, le conseil départemental du Territoire de Belfort ou Veolia) ) ou pour autoriser des retards le matin en cas d’intervention de nuit. Autre piste : élaborer un dispositif de secteurs opérationnels, qui permette de mutualiser les pompiers volontaires en journée. Par exemple, quand un centre dispose de deux pompiers volontaires et le centre voisin d’un volontaire : l’effectif de chaque centre est insuffisant, alors que la réunion des deux est suffisante pour un équipage de VSAV (véhicule de secours à victime).
Outre les risques habituels, des « risques complexes » ont été identifiés. Par exemple les risques technologiques, avec cinquante installations soumises à autorisation et un site Seveso. Ou encore les « risques aquatiques », avec 84 communes concernées par le risque d’inondation. Le rapport souligne également la multiplication des risques climatiques : épisodes d’orages, vents, neige-verglas et canicules. Le risque de tremblement de terre est qualifié de « modéré », mais les tremblements de terre de faible intensité de 2021–2023 incitent à la vigilance. Ces risques sont des cas typiques où les renforts des centres départementaux voisins seraient sollicités.
Optimiser, mutualiser, collaborer
Trois grands thèmes stratégiques ont été recensés dans la SDACR 2025-2030 présenté aux élus en septembre, sachant que ce schéma est encore en discussion : l’optimisation ; la mutualisation ; la collaboration. Cela passe par l’optimisation des ressources humaines, d’adapter progressivement les moyens matériels aux risques du département, de développer les outils numériques et de dématérialisation, de mutualiser les ressources départementales en s’inspirant de l’expérience de départements voisins, de renforcer la coopération avec les SDIS de départements voisins, etc.
« Les moyens financiers seront adaptés en prenant en compte notamment une stratégie pluriannuelle inscrite dans la convention financière entre le Département et le SDIS 90, dont l’adoption sera soumise au conseil départemental », indique le rapport présenté par Florian Bouquet, président du conseil départemental au terme de l’exposé du colonel Stéphane Berez. Rapport qui a été adopté à l’unanimité.