Elle est attendue depuis des mois. Une nouvelle fois, la possibilité de la venue du président de la République à Belfort est discutée. Les dates sont cochées. Décochées. Les ateliers de General Electric et d’Alstom ont quand même assisté à une visite de repérage ce jeudi. Si la date du 10 février a été évoquée, elle ne reste qu’une option. Parmi d’autres. Mais au-delà de ce calendrier, qui ne dépend pas que de l’Élysée, quels sont les dossiers au cœur de la visite ? Le point.
Elle est attendue depuis des mois. Une nouvelle fois, la possibilité de la venue du président de la République à Belfort est discutée. Les dates sont cochées. Décochées. Les ateliers de General Electric et d’Alstom ont quand même assisté à une visite de repérage ce jeudi. Si la date du 10 février a été évoquée, elle ne reste qu’une option. Parmi d’autres. Mais au-delà de ce calendrier, qui ne dépend pas que de l’Élysée, quels sont les dossiers au cœur de la visite ? Le point.
Le rachat par EDF
Depuis plusieurs mois, EDF et General Electric négocient. L’encore conglomérat américain va vendre l’activité nucléaire, qu’il a achetée en 2015 à Alstom. Les discussions ont été dures. Les négociations difficiles. Comme Le Trois l’évoquait au mois de novembre et comme l’a confirmé Challenge début janvier, le prix de vente dépasse le milliard d’euros. Au-delà du prix, ce qui importe, c’est le contenu de la vente. Quel périmètre ? Quel projet industriel ? Des restructurations sociales sont-elles déjà envisagées ? En novembre, on évoquait un périmètre de rachat large. Mais comprend-il, par exemple, l’activité des supraconducteurs, essentielle à la relance de la filière nucléaire, au déploiement de la technologie des small modular reactor (SMR). General Electric a aussi besoin de cette activité pour ses éoliennes de nouvelle génération. Le visite d’Emmanuel Macron ne sera validée que si le deal entre l’énergéticien français et l’industriel américain est finalisé. Un conseil d’administration d’EDF est programmé ce lundi. En parallèle, on évoque la venue de Larry Culp, le patron de GE, en France. Les ingrédients sont réunis pour une officialisation du deal. Mais les paramètres sont nombreux pour reporter, annuler, amender… Les deux entreprises étant cotées en bourse, elles sont soumises à des règles strictes quant à la publication d’informations les concernant. Le contexte social français et au sein d’EDF, autour du prix de l’électricité, a sûrement pesé dans le retard pris par cette signature. Le contexte géopolitique ukrainien pèse aussi. Dans la balance du rachat, il y a l’opportunité de travailler avec l’acteur nucléaire russe Rosatom, actuel client de General Electric ; un client important pour le niveau d’activité belfortain. Le climat entre Washington et Moscou influe forcément sur la dynamique du deal.
Filière nucléaire
Depuis des mois, on annonce la relance de la filière nucléaire. Emmanuel Macron, le président, a fait les yeux doux aux acteurs du milieu. « Il faut réinventer le nucléaire », insistait-il lors de la présentation de son plan d’investissements France 2030, le 12 octobre, glissant à cette occasion qu’il reviendrait prochainement « sur l’opportunité » de nouveaux réacteurs nucléaires. « Les 200 000 Françaises et Français qui travaillent dans le secteur du nucléaire, c’est une chance parce que c’est ce qui nous permet d’être le pays en Europe, qui est parmi ceux émettent le moins de tonnes par CO2 par l’électricité produite », a-t-il précisé. Six réacteurs nucléaires de nouvelle génération sont attendus. EDF espère cette visibilité pour assurer son avenir. Et seule une telle ambition peut justifier le rachat de l’activité nucléaire de General Electric. Les sources sont nombreuses à lier la relance de la filière avec l’annonce du rachat de l’activité nucléaire de General Electric.
La séquence de communication est ficelée depuis longtemps : on confirme le rachat ; on le valorise à Belfort ; on annonce la relance de la filière. L’annonce, ce mercredi, par la Commission européenne, de l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte, certes avec des conditions, ouvre la porte à la relance de ce secteur par la construction de nouveaux projets.
La transition verte nécessite la mobilisation d'investissements considérables 🌱
— Commission européenne 🇪🇺 (@UEFrance) February 2, 2022
Afin d'orienter les investissements privés vers des activités durables, nous présentons aujourd'hui une classification des activités permettant d'atteindre la neutralité climatique ↓#EUInvest
Small modular reactor
Autre dossier clé, le déploiement des small modular reactor, de petits réacteurs nucléaires. Une technologie plus modulaire. L’association belfortaine Apsiis militait au début de l’été sur la nécessité de positionner Belfort sur la carte de ce déploiement, grâce à ses compétences en intégration (lire notre article). Mais pas seulement. Belfort n’a pas de compétences sur le réacteur nucléaire à proprement
parler. En revanche, les équipes belfortaines ont des compétences en conception, commercialisation, intégration, installation… « Nous vendons des centrales clé en main », soulignait, en décembre, Philippe Petitcolin, adaptées au contexte et aux normes locales. L’industrialisation de série, l’installation rapide, la connexion de modules, ce n’est pas possible sur une centrale EPR. En octobre, Emmanuel Macron était conscient que le nucléaire devait répondre aux défis de la sécurité et d’une meilleure gestion des déchets nucléaires, où des innovations sont attendues. La venue du président de la République peut être un bon indicateur pour Belfort de ce qui est envisagé à l’avenir sur ce dossier.
Alstom
La question ukrainienne influe sur une autre industrie belfortaine : Alstom. Au mois de mai, un accord gouvernemental scellait l’achat de 130 locomotives, par l’Ukraine (notre article). Des locomotives qui seront fabriquées à Belfort, permettant de dépasser ce creux de charge après l’arrêt des derniers projets de locomotives. Mais la signature entre Alstom et la société des chemins de fer ukrainien n’est toujours pas intervenue. Chez Alstom, « on attend », confiait un porte-parole, début janvier. Les échanges entre les acteurs sont intenses, on prépare la commande. Il n’y a que très peu d’inquiétudes sur la finalisation du contrat, car il est garanti par des fonds français. Il y a un prêt du Trésor de 350 millions d’euros et des crédits bancaires garantis par BPI Assurance Export à hauteur de 400 millions d’euros. Mais cette incertitude pèse sur les équipes, qui craignent qu’il puisse manquer de travail, particulièrement si la finalisation tarde ; cette commande doit sécuriser 150 emplois. Ce contrat et la réalisation des motrices du TGV du futur assurent de la charge pour près d’une décennie à Belfort.
McPhy
L’industriel de l’hydrogène McPhy a sélectionné Belfort pour installer son usine de fabrication d’électrolyseurs. Une usine qui bénéficie, si elle s’installe dans le Territoire de Belfort, d’une aide de 10 millions d’euros octroyée par le fonds Maugis ; le fonds est alimenté par la pénalité de 50 millions d’euros de General Electric, pour non création de 1 000 emplois après le rachat de la branche énergie d’Alstom, en 2015, conformément aux accords de 2014. McPhy confirmera son implantation lorsqu’il aura eu la confirmation qu’il bénéficie de l’aide européenne, par l’intermédiaire du PIIEC Hydrogène (Projet Important d’Intérêt Européen Commun). Ce financement boucle le projet de construction de l’usine de Belfort. 400 emplois sont attendus. La pré-notification a été faite. On attend la confirmation, qui, là aussi, tarde. Cette industrie doit aussi compenser les pertes d’emplois subies par les entités de General Electric ces dernières années, en diversifiant l’économie locale.