Fin septembre, la distribution d’une prime aux salariés avait suscité quelques remous (lire notre article). Plusieurs débrayages ont été organisés dans les usines, notamment à Sochaux (lire notre article). La direction avait décidé d’avancer les négociations annuelles obligatoires (NAO) à début décembre, alors qu’elles étaient initialement programmées au mois de février 2023. Elles débutent ce jeudi 1er décembre, avec l’ombre de l’échec des négociations de février 2022.
« Est-ce que la direction Stellantis ouvre son coffre-fort », interpelle la CFE-CGC dans un tract distribué aux salariés. Elle attend un geste de la direction, notamment avec les chiffres exceptionnels enregistrés par le groupe : il avait enregistré un bénéfice net de 8 milliards d’euros (+34 %) au premier semestre et une marge opérationnelle record de 14,1 %. Par ailleurs, le salaire de Carlos Tavares avait particulièrement choqué, avec 66,7 millions d’euros (lire notre article). « Nous attendons le juste retour des résultats de l’entreprise aux salariés, en monnaie sonnante et trébuchante sur la fiche de paie », insiste Éric Peultier, de Force ouvrière.
La CFE-CGC replace aussi les conséquences de l’inflation, de 6,33 % par rapport à octobre 2021. La CFDT précise qu’elle est de 12 % dans l’alimentation et de 19 % dans les coûts de l’énergie. « Le pouvoir d’achat des salariés est en recul », souligne le tract de la CFE-CGC. Et cette inflation pourrait atteindre 7 % en 2022. Elle indique aussi que des enquêtes du syndicat montrent « une explosion des temps de travail et des salariés en surmenage ».
En toile de fond, les élections professionnelles
« Les salariés attendent une juste reconnaissance de leurs efforts, appuie la CFE-CGC. Ils sont à l’origine de la création de valeurs dans l’entreprise. » Et de rappeler : « Les augmentations salariales sont les seules garanties pour préserver le pouvoir d’achat dans le temps. » La CFDT va dans le même sens : « Les primes ne sont pas la solution au problème d’inflation. Ce sont les salaires qu’il faut revaloriser. » Et il demande même un talon pour les plus bas salaires, ainsi qu’une application dès le début d’année 2023.
« Cette fois l’échec n’est pas possible et l’attente est forte », prévient Benoit Vernier, de la CFDT. Le syndicat réclame une augmentation générale pour toutes les catégories professionnelles et une enveloppe globale d’augmentation à 1 % au-dessus de l’inflation. « Je veux des annonces immédiates », réclame Éric Peultier. Dès ce jeudi soir, alors qu’habituellement, la première réunion est une réunion « bilan ».
Surtout, cette négociation se déroule dans un contexte particulier. Les élections professionnelles de l’usine de Sochaux s’ouvrent le 8 décembre et se terminent le 15 décembre. Un calendrier qui n’invite pas à des discours modérés ; les syndicats suivront les bases si elles se mobilisent pour manifester leur mécontentement ; elles l’ont déjà fait en septembre. « Si la direction n’a pas compris, nous lui ferons comprendre, avertit Éric Peultier. Nous prendrons nos responsabilités s’il le faut. » Si les élections ont eu lieu à Rennes, elles sont programmées à l’usine de Mulhouse, en janvier 2023.