Discrètement, le plan social continue de se dérouler à Thermal system Belfort (TSB), une des entités de la branche nucléaire de General Electric, en France. L’intersyndicale attend toujours que l’État se positionne, notamment au sujet d’un rachat. De son côté, elle prépare sa riposte. Le point.
Discrètement, le plan social continue de se dérouler à Thermal system Belfort (TSB), une des entités de la branche nucléaire de General Electric, en France. L’intersyndicale attend toujours que l’État se positionne, notamment au sujet d’un rachat. De son côté, elle prépare sa riposte. Le point.
« Nous nous interrogeons sur l’avenir du dossier depuis le 8 décembre ? » En quelques mots, Christian Mougenot, délégué syndical de la CFDT de l’établissement Thermal System Belfort (TSB), de General Electric, replace le dossier. Celui d’un site visé par un nouveau plan social (notre article), alors que les rumeurs d’un rachat de la branche nucléaire de General Electric sont insistantes et qu’Emmanuel Macron, président de la République, a rappelé au Creusot, le 8 décembre, l’importance de cette filière et les objectifs d’investissements. Les représentants du personnel sont dans l’expectative, alors que le plan continue de se dérouler. Inéluctablement. « C’est une filière stratégique, l’État doit prendre ses responsabilités », rappelle Dominique Thiriet, délégué syndical CGT.
L’intersyndicale redoute surtout de devenir « invendable » si le plan va au bout. Car des compétences seront perdues. L’autonomie du site, liée à la multiplicité de ses compétences et missions, sera aussi menacée. Il n’y a rien d’intéressant de « récupérer un bébé malade », lance Laurent Humbert, de la CFE-CGC, et secrétaire-adjoint du comité social et économique (CSE) central. « Le projet est hors sol, déconnecté de la réalité », appuie Christian Mougenot. Cela se fait sans « rationalité », confirme André Champenois, de Sud. La justification, qu’est l’arrêt du charbon, est répétée inlassablement. Mais le charbon neuf est arrêté depuis longtemps, dans les faits, rappelle l’intersyndicale. « General Electric a des capacités à faire des désorganisations. Ensuite, cela ne marche plus, donc on supprime », déplore, cyniquement, Laurent Humbert.
« On se fait sabrer »
« Ce plan ne peut pas être mis en place sans de graves conséquences pour nos établissements », poursuit Dominique Thiriet (notre article). De la charge de travail, le site en a. Beaucoup. Il rappelle surtout, qu’après relecture des livres du plan social, un transfert de charges est envisagé vers l’Inde. Et le plan menace même leur capacité à répondre à ces projets. « On va perdre des compétences », redoute Christian Mougenot. « Demain, nous ne serons plus une activité autonome », rappelle-t-il. Il se murmure même que des licenciements pourraient être décalés pour faire face à la charge… puis ensuite actés. Ils sont même prêts à prendre des « prestataires », s’étonne Christian Mougenot. Mais comment mobiliser les équipes dans ce contexte interpelle l’intersyndicale CGT, Sud, CFDT et CFE-CGC.
Les conditions de départ sont mauvaises, déplore également l’intersyndicale. Selon nos informations, les chiffres de General Electric sont pourtant très bon au dernier trimestre 2020. « Pour la première fois depuis deux ans, toutes les entités du portefeuille Power ont dégagé un bénéfice positif sur ce trimestre », rappelle André Champenois, de Sud Industrie, en citant une communication de la direction. « On se fait sabrer », poursuit-il. « C’est écœurant », ajoute Laurent Humbert, de l’entreprise. Et lorsque l’on rappelle le montant des rémunérations des dirigeants, leur sentiment est encore pire (notre article).
Mobilisation
L’intersyndicale planche aujourd’hui sur un projet alternatif au plan social. Des propositions devraient être formulées mi-février. Elle étudie aussi plusieurs idées de moyen de pression : juridique, politique et des mobilisations. Mais on en saura pas plus. « Nous n’allons pas dévoiler notre stratégie avant de partir en guerre », sourit Laurent Humbert. Ces dernières semaines, le syndicat CFE-CGC (notre article) a porté plainte contre General Electric Hydro France pour mise en danger d’autrui et harcèlement moral. Chez Hydro, toujours, des salariés avaient activé le dispositif Florange. À Lyon, neuf salariés de Grid ont fait une grève de la faim avant que la direction ne revienne à la table des négociations.
Depuis 2019, l’intersyndicale de l’entité turbines à gaz fait planer un recours contre l’État pour non-respect des accords signés en 2014. Et à l’automne 2019, les salariés avaient bloqué le site pendant plusieurs jours. Autant d’exemples de mobilisation qui doivent alimenter la réflexion de l’intersyndicale de TSB. Quand on ajoute le ras-le-bol européen des représentants du personnel, l’odeur de souffre n’est plus très loin quand on parle de General Electric en France. Mais depuis le 8 décembre, pas de son. Ni d’image.