La fin de la production a été un peu épique. Une dizaine de séances de production ont été annulées, fin mai, pour produire les derniers exemplaires du Peugeot 3008 version 2, lancé en 2016. « Nous avons eu des commandes supplémentaires qui ont mis sous tension nos fournisseurs et nous avons eu des retards de livraison pour sortir ces véhicules », justifie une porte-parole de l’usine Stellantis de Sochaux. La CGT regrette cette fin de production « perturbée ». « Il y avait d’autres solutions, en travaillant avec du stock par exemple », regrette Jérôme Boussard.
Le 1 388 163e Peugeot 3008 version 2 est finalement sorti de la ligne de montage ce jeudi 6 juin, en début d’après-midi ; les différents ateliers ont immortalisé le moment en prenant des photos accompagnés d’une banderole. À l’origine, la bascule totale vers les nouveaux modèles était attendue le 1er juin. Ce Peugeot 3008, voiture de l’année 2017, est un véritable best-seller ; il a été vendu dans 130 pays. Il correspond aussi à des années de production record, à Sochaux ; 515 000 véhicules ont par exemple été produits en 2019. On comptait quatre équipes (deux en journée, une de nuit et une le week-end), sur la ligne de production du 3008. L’usine produisait des Peugeot 3008, des Opel Grandland et des Peugeot 308, sur une ligne dédiée. « Les collaborateurs du site de Sochaux Belchamp ont fortement contribué à la réussite de ce véhicule », rappelle Laurent Oeschel, élu central au comité social et économique (CSE), de la CFE-CGC. La version 1 de ce modèle, lancée en 2008 et produite à Sochaux de 2009 à 2016, avait été produite à 727 039 exemplaires.
« C’est beaucoup de nostalgie », commente Jean-Luc Ternet, de la CFTC. « C’est toujours difficile de se séparer d’une voiture. On s’y attache, surtout un best-seller comme celle-ci. » D’analyser : « On a réussi à créer le plein emploi dans le pays de Montbéliard [avec ce véhicule]. » Il replace aussi les records de production, avant la crise sanitaire. Il souhaite la même réussite à la nouvelle génération, même s’il doute des nouvelles politiques sur l’interdiction du moteur thermique. « Au nom de l’écologie, on tue l’industrie », déplore le délégué syndical. Côté volume, il n’est pas certain que l’usine dépasse les 200 000 unités produites par an. Mais après l’avoir essayé, « je suis rassuré », confie-t-il. « L’e-3008 est une belle bagnole, avec une bonne tenue de route et hyper intuitive », décrit Jean-Luc Ternet.
« Un nouveau chapitre »
Dès la sortie de ce modèle, l’usine basculera dans une nouvelle ère. Dans ce nouveau programme, l’usine ne produit plus de véhicules 100 % thermique. Les 3008 et 5008 nouvelle génération sont 100 % électrique ou hybride légère (MHEV). « C’est un virage, convient cette même porte-parole. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. » Les salariés espèrent, pour ces nouveaux programmes, autant de réussites que sur l’ancien modèle, qui se matérialiserait ainsi par la création d’une équipe de nuit.
La CFE-CGC rappelle que ces modèles sont les premiers de Peugeot équipés de la plateforme STLA-Medium, commune à l’ensemble du groupe Stellantis (lire notre article), pour les véhicules compacts et familiaux. « Les excellents résultats du site, le niveau des investissements ainsi cette nouvelle génération de véhicule plus vertueux pour l’environnement permet de rester leader des ventes et de la production en France », estime la CFE-CGC.
Cette nouvelle ère, la CGT la regarde « d’un œil critique ». « L’électrification sert de prétexte pour faire perdre de l’emploi ». « J’ai quelques doutes sur qui pourra acheter cette voiture (le prix de vente dépasse les 40 000 euros, NDLR) », termine Jérôme Boussard.