Les choses se concrétisent. Le projet de centre de tests et de certification des réservoirs hydrogène Isthy, initialement prévu à l’Aéroparc de Fontaine, s’installe finalement dans la zone d’activités des Tourelles, à Morvillars, sur un terrain jouxtant AutoJM, apprend-on auprès de Dominique Darne, dirigeant d’Inthy, société qui pilote des projets d’énergie et qui porte le projet Isthy.
Dans l’esprit des promoteurs, le projet est divisé en deux phases. La première phase, Isthy Light, consiste à construire une enceinte accueillant une machine permettant des tests sous pression et des tests vérifiant l’absence de fuites ; un permis de construire a été déposé pour ce projet. Objectif : que ce centre soit opérationnel au printemps 2025 ; Dominique Darne évoque le mois de mars. Cet équipement permettra de commencer à répondre à des besoins de Forvia, qui conçoit des réservoirs hydrogène à Allenjoie (lire notre article). « On initie un premier service », explique le dirigeant. Les promoteurs d’Isthy entendent les demandes des clients : le marché se précise.
Le projet complet d’Isthy est donc en cours de finalisation, notamment le montage financier. « C’est un projet complexe », convient Dominique Darne. C’est une usine à bâtir, pour un marché totalement nouveau. Les incertitudes à lever étaient nombreuses. Tout cumulé, le projet avoisine 20 millions d’euros ; en janvier 2024, l’État a confirmé une aide de 6 millions d’euros (lire notre article). Aujourd’hui, ce projet comprend cinq bâtiments, dont un bâtiment tertiaire (bureaux et salles de tests de 1 300 m2) et quatre bâtiments de type « bunkers », qui accueilleront des tests plus poussés. Le bâtiment prévu en 2025 est l’un des quatre bâtiments « bunkers ». Le centre de tests et de certification comprendra treize bancs de test indique Dominique Darne. Les réservoirs y seront « maltraités », sourit-il : choc, torsion, corrosion chimique, pression…
Isthy sera dimensionné pour accueillir des réservoirs de grande taille, capables de stocker 20 kilos d’hydrogène à 700 bars. Une particularité qui différencie le centre à l’échelle internationale. Fin novembre, le dossier doit être bouclé pour avoir une solution technique et financière qui permette de prendre « une décision d’investissement », confirme Dominique Darne. « Le budget, le calendrier et les clients seront connus », détaille-t-il.
Entrée au capital de Bureau Veritas à l’étude
Dans un tel calendrier, le projet pourrait être totalement finalisé au seconde semestre 2026. Mais pendant cette période, le centre tourne et réalise des tests. « On amorce le processus », apprécie Dominique Darne. L’entreprise enregistre aussi du chiffre d’affaires et entame ainsi son processus de recrutement.
Une fois le dossier ficelé, en fin d’année, les acteurs d’Isthy regarderont l’entrée au capital de Bureau Veritas, partenaire du projet depuis le début de l’année (lire notre article) ; Bureau Veritas est un acteur international incontournable et historique sur les sujets de qualité, hygiène, sécurité et environnement au travail. « Les discussions sont en cours », confirme Clément Poutriquet, responsable du centre d’excellence hydrogène de la société, présent au Forum Hydrogen business for climate, à Montbéliard, ce mardi 1er octobre. Bureau Veritas va aussi s’occuper « de la commercialisation » d’Isthy, indique-t-il, « en s’appuyant sur notre réseau ». Le groupe compte 69 000 collaborateurs dans le monde (8 500 en France), selon son site Internet, présents dans 140 pays. Bureau Veritas pourra aussi proposer, à ses propres clients, cette offre de tests qu’est Isthy, ouvrant ainsi des perspectives au centre belfortain, totalement indépendant. Bureau Veritas dispose aussi d’une filiale qui propose également des « homologations », indique-t-il.
Bureau Veritas approche les 190 ans. Elle été créée en 1828, à Anvers (Belgique), avec l’objectif de sécuriser le transport maritime, sujet à de nombreux naufrages à l’époque. Pour l’anecdote, rappelle Clément Poutriquet, Jules Verne, dans l’Île Mystérieuse, évoque la société et attribue, plus loin dans le romain, à l’un de ses personnages une vision prophétique à l’hydrogène, qui doit fournir chaleur et lumière, « d’une intensité que la houille ne saurait avoir ». En 1875…