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Hydrogène : 400 recrutements d’ici 2026 en Bourgogne-Franche-Comté

La plateforme de test d’électrolyseurs – EDF Lab les Renardières – novembre 2020.

Le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a mené une étude en 2021 pour repérer les besoins en compétences, en recrutement et en formation dans la filière hydrogène qui se construit. Le Trois a pu consulter cette étude. Océane Charret-Godard, vice-présidente à la Région, la commente.

Le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a commandé avec la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) une étude en 2021 pour repérer les besoins en compétences, en recrutement et en formation dans la filière hydrogène qui se construit. Le Trois a pu consulter cette étude. Océane Charret-Godard, vice-présidente à la Région, la commente. – mis à jour le 28 février à 19h40

En 2020, l’hydrogène représentait 2 000 emplois en France. En 2030, cette nouvelle filière devrait employer 100 000 personnes ! La dynamique est lancée. Ce futur s’anticipe, d’autant que les besoins d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain.

On ne part pas non plus d’une feuille blanche. France Hydrogène a déjà édité un référentiel de la filière, comprenant 84 métiers (liste à retrouver ci-dessous) et 14 domaines techniques (énergies, génie civile, génie électrique, génie informatique, génie mécanique, mécanique des fluides, métrologie, montage, qualité…). 27 métiers de ce référentiel nécessitent une expertise hydrogène (32,1 %), 41 métiers demandent une compétence de base (48,8 %) et 16 n’ont pas besoin de connaissances (19 %). 17 métiers ont déjà été identifiés comme étant en tension : ingénieur mécatronique, soudeur, technicien de maintenance industrielle, technicien de mise en service, tuyauteur-canaliseur, électromécanicien, ect. (à retrouver ci-dessous).

Techniciens et ouvriers

De ces premières constatations, le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a commandé une étude* au cabinet Emfor portant sur les compétences et formations nécessaires pour répondre aux enjeux de déploiement de la filière hydrogène. « C’est un travail extrêmement fin », observe Océane Charret-Godard, vice-présidente en charge des lycées, de l’offre de formation, de l’apprentissage et de l’orientation au conseil régional Bourgogne-Franche-Comté. « S’engager dans un tel projet nécessite de s’interroger sur les compétences et les systèmes de formation, initiaux et continus », justifie l’élue. « Et ce travail de diagnostique était demandé et attendu par les acteurs économiques », poursuit-elle. C’est une étape essentielle « pour conduire une stratégie ».

Selon l’étude, on cherche aujourd’hui principalement des ingénieurs et des cadres, car nous sommes dans une phase d’innovation. Mais ce constat va vite évoluer avec l’industrialisation. « Sur l’ensemble de la période 2021-2026, les besoins de recrutements concernent pour près de la moitié les ouvriers (47 %). Les ingénieurs-cadres arrivent en seconde position (29 %) suivis par les techniciens (23 %) », précise l’étude que Le Trois a consulté. Selon elle, trois compétences principales sont recherchées par les entreprises : analyse du marché́, négociation, achats ; qualité́, amélioration continue ; et commerce technique.

Après avoir sollicité les entreprises, on estime à 400 les besoins de recrutement, dans la région, d’ici 2026, dans la filière hydrogène ; 300 concerne .McPhy. L’industriel doit construire une usine d’électrolyseurs à l’Aéroparc de Fontaine, dans le Territoire de Belfort. Il a reçu la confirmation d’obtenir des subventions exceptionnelles pour se développer lors du déplacement d’Emmanuel Macron à Belfort, le 10 février (lire notre article).

"Colorer"

Les recrutements rencontrés aujourd’hui réclament notamment des niveaux de diplôme à Bac +5. Pour y répondre, « nous sommes bien équipés », relève Océane Charret-Godard, autour de l’UTBM, ou de l’université de Franche-Comté. Mais il faut préparer l’après et notamment le recrutement des futurs techniciens et ouvriers. Plus que de créer des formations, il faut surtout les transformer, les adapter ou les compléter. « L’offre de formation, initiale ou continue, n’est pas insuffisante, observe la vice-présidente. Mais elle nécessite une coloration hydrogène ou l’intégration de modules. » Le travail par bloc de compétences, mené par la Région, permet justement de répondre rapidement et d’adapter les formations. Si des métiers nécessitent une expertise précise, d’autres réclament seulement une acculturation. Le raisonnement en blocs de compétences répond à ces différents niveaux. Et l’étude de recommander : « Les entreprises partagent le fait qu’une culture des technologies H2 est incontournable sur l’ensemble des métiers y compris non techniques. »

Ce travail de coloration a déjà commencé. L’IUT Belfort-Montbéliard, par exemple, planche sur cette dimension hydrogène dans tous ses parcours depuis plusieurs mois (notre article). Une expérimentation est aussi menée au lycée Nelson-Mandela d’Audincourt, où le Bac Pro métiers de l’électricité et de ses environnements connectés va découvrir l’hydrogène. La logique va s’intensifier, alors que le conseil régional co-rédige, avec le rectorat, « la carte de formations ».

Un campus des métiers ?

Dans l’étude, Emfor précise que s’est posé la question de créer un campus des métiers et des qualifications, autour de l’hydrogène. Les campus fédère les acteurs économiques, institutionnels et de la formation. Ce ne sera finalement pas le cas. Il a été décidé de s’appuyer sur celui dédié aux mobilités, Mobicampus, et lui donner une teinte hydrogène. Ces campus sont « des dynamiques », relève Océane Charret-Godart, qui nécessitent temps, travail collectif et animation. Il ne sert donc à rien de multiplier les couches s’il n’y a pas d’animation. Le choix a été fait de s’appuyer sur un campus qui tourne et dans lequel de nombreux acteurs de l’hydrogène sont déjà. L’hydrogène dispose d’un club régional, animé par le Pôle véhicule du futur (lire notre article).

À côté de cette formation initiale, la formation continue aura aussi un rôle à jouer. Océane Charret-Godard compte bien s’appuyer sur le dispositif amont de la qualification (DAQ) pour former (lire notre article). Et alerte sur les formations Pôle emploi. Si le chômage recule, ce n’est pas pour tout le monde ; le chômage du public le plus éloigné de l’emploi ne recule pas. De fait, il faut aussi travailler des formations adaptées à ce public et aux futures demandes. « Attention aux trous dans la raquette », met en garde la vice-présidente.

Accompagner les entreprises

En amont de cette formation, il faut surtout présenter la filière, la rendre visible lors de l’orientation des élèves. « Il faut communiquer différemment sur les métiers », assure-t-elle. 600 casques de réalités virtuelles circulent par exemple dans les lycées, les collèges et les CFA de la région pour présenter les métiers, « sous un angle plus séduisant ». L’hydrogène peut y être intégré. La vice-présidente lance également un groupe de jeunes ambassadeurs, issus des équipes du WorldSkills, ce que l’on nommait auparavant les Olympiades des métiers. « Pour que les jeunes parlent aux jeunes », insiste Océane Charret-Godard.

À côté de la formation et de l’orientation, il y a enfin un travail à mener auprès des entreprises, sur la formation des salariés. « Cette dimension ressources humaines ne dépend pas de la Région, observe la vice-présidente. Mais nous sommes très volontariste. » Les TPE-PME composent l’écrasante majorité du tissu économique régional. « Or, si nous n’accompagnons pas les ressources humaines des TPE-PME et ne les aidons pas à former pour rester compétitif, nous passons à côté », interpelle Océane Charret-Godard. « La région sera très soutenante », conclut l’élue, qui rappelle l’existence de dispositifs d’aides à la formation.

Par contre, si cette filière ne fait pas appel à de nouveaux métiers, elle amène un risque de « concurrence », dixit le rapport, entre branches et secteurs, où certains métiers sont déjà en tension. Des métiers comme ceux de soudeurs ou de techniciens d’installation ont des besoins criants dans toutes les filières. Et ça aussi, ça s’anticipe. C’était l’objet de cette étude. Se projeter dans l’avenir de la filière hydrogène pour garantir son déploiement.

  • L’étude portant sur les compétences et formations nécessaires pour répondre aux enjeux de déploiement de la filière hydrogène a été menée entre février et juin 2021. Elle a été rendue à l’automne 2021. 25 entreprises ont été interrogées, sachant que l’agence économique régionale en recense une cinquantaine dans la filière, précise l’étude.

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