L’association Apsiis, qui regroupe des salariés de General Electric, des syndicalistes et des entrepreneurs locaux se mobilisent depuis un an pour sécuriser et développer les compétences d’ingénieries dans l’énergie du nord Franche-Comté. Il y a plusieurs mois, ils ont placé Belfort sur la carte du déploiement de la technologie des petits réacteurs nucléaires modulaires. Jeudi matin, elle aura l’occasion de reparler de ce dossier aux équipes du président.
L’association Apsiis, qui regroupe des salariés de General Electric, des syndicalistes et des entrepreneurs locaux se mobilisent depuis un an pour sécuriser et développer les compétences d’ingénieries dans l’énergie du nord Franche-Comté. Il y a plusieurs mois, ils ont placé Belfort sur la carte du déploiement de la technologie des petits réacteurs nucléaires modulaires. Jeudi matin, elle aura l’occasion de reparler de ce dossier aux équipes du président.
Les Anglais avec Rolls Royce, les Américains avec NuScale. Plusieurs pays se positionnent sur la technologie des small modular reactor (SMR), les petits réacteurs nucléaires modulaires. La Russie est aussi sur les rangs. Le Canada ambitionne d’installer un de ces équipements dès 2026, à Chalk river, comme le note la Revue générale nucléaire, éditée par la société française de l’énergie nucléaire. En France, le dossier a été replacé sur le devant de la scène à l’été 2021, notamment par l’association de préfiguration de sociétés d’intégration et ingenierie systèmes (Apsiis). Composée de salariés de General Electric, de syndicalistes, d’entrepreneurs locaux, d’experts économiques, de sous-traitants, elle vise « à sécuriser et développer des compétences d’ingénierie autour de l’énergie dans le nord Franche-Comté », rappelle Philippe Petitcolin, le président de cette association.
L’association a flairé rapidement les opportunités de cette technologie et l’intérêt de placer Belfort sur la carte de son déploiement. L’été dernier (lire notre article), elle a écrit une lettre ouverte rappelant les enjeux ; et le 12 octobre, lors de son discours France 2030, Emmanuel Macron a évoqué un intérêt certain pour déployer ces SMR (lire notre article). Ce jeudi matin, l’association rencontre sur ce dossier le conseiller énergie du président de la République, Stanislas Rezine. « La France, grâce à Belfort, peut être championne des centrales SMR », insiste Philippe Petitcolin. Depuis un an, un groupe de travail de l’association travaille les opportunités de cette technologie et de ses marchés. « Il y a des perspectives d’avenir », souligne celui qui est aussi secrétaire du comité social et économique (CSE) de l’entité turbines à gaz de General Electric, syndiqué à la CFE-CGC.
« Nous avions identifié le décommissionnement des centrales à charbon », relève notamment Philippe Petitcolin. Et le gaz est aussi dans le viseur. Il rappelle l’intérêt « modulaire » de cette technologie, dont les composants peuvent être fabriqués en usine, puis transporter par la route, le rail ou un bâteau. Surtout, il remarque que les SMR permettent de construire des centrales électriques très rapidement. En déployant cette technologie, on retoucherait des marchés internationaux. Le SMR, placé sur des gammes de puissance similaires à celles du charbon et du gaz permet de cannibaliser ces deux dernières technologies, et de s’adresser à leurs clients. Le syndicaliste se questionne surtout sur l’avenir du géant américain à Belfort, qui conserve des activités autour des turbines à gaz notamment. Cette ouverture vers le SMR est une option pour garantir l’avenir de compétences clé dans la conception, l’assemblage et la mise en route de centrales électriques.
Philippe Petitcolin rappelle que la France avait accueilli, à la centrale de Bouchain (Nord), un démonstrateur, où tournait la turbine à gaz la plus puissante du monde, la 9HA. Un partenariat EDF – General Electric. « On avait enregistré un record du monde d’efficacité », rappelle Philippe Petitcolin. Ensuite, GE avait vendu massivement ses turbines à gaz 9HA. Apsiis veut donc reproduire cette initiative, en créant un démonstrateur SMR, qui permettra ensuite de vendre la technologie dans le monde entier. Et il vise la centrale de Fessenheim, en cours de démantèlement. À ce sujet, elle a rencontré des représentants de l’exécutif régional Grand Est et et de celui de Bourgogne-Franche-Comté pour envisager ce « premier démonstrateur ».
« EDF, c’est peut-être la première pierre de la construction d’un écosystème », estime Philippe Petitcolin. « De nouveau, on peut envisager des choses, confie-t-il. Nous avons juste perdu 7 ans d’innovation et d’investissement dans l’outil industriel. Et ce sont 7 ans de pertes de compétences. »