Le choc de l’annonce passé, les Eurockéennes de Belfort se projettent vers 2021. Le festival a reçu plusieurs soutiens, qui devraient permettre de passer la crise. Mais la filière culturelle est dans l’incertitude sur la reprise à la suite de cette crise sanitaire consécutive à la pandémie du covid-19. Créant bon nombre d’inquiétudes, notamment dans l’écosystème qui rayonne autour du festival. On les évoque avec Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes.
Le choc de l’annonce passé, les Eurockéennes de Belfort se projettent vers 2021. Le festival a reçu plusieurs soutiens, qui devraient permettre de passer la crise. Mais la filière culturelle est dans l’incertitude sur la reprise à la suite de cette crise sanitaire consécutive à la pandémie du covid-19. Créant bon nombre d’inquiétudes, notamment dans l’écosystème qui rayonne autour du festival. On les évoque avec Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes.
« Les Eurockéennes arriveront à passer. » Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort, est confiant. Malgré l’annulation, le festival devrait traverser la tempête. Les partenaires publics – Grand Belfort, conseil départemental du Territoire de Belfort et Région Bourgogne-Franche-Comté – ont confirmé leurs subventions. Des subventions qui représentaient en 2019, 5,8 % du budget des Eurockéennes, soit environ 550 000 euros. Trois grands mécènes ont également confirmé leur appui financier. Des appuis qui doivent permettre de faire face aux charges de l’année. Jean-Paul Roland estime que l’association va perdre cette année 300 à 400 000 euros. « C’est énorme pour nous », confie-t-il, car le but de l’association est d’atteindre l’équilibre.
Alors que la période de remboursement des billets est close, 40 % des billets vendus ont été conservés pour l’année prochaine par les festivaliers. Assurant une trésorerie à l’association Territoire de Musique, organisatrice du festival. Les ventes de cette édition 2020, dont le format avait été revu, se portaient bien. Au 15 mars, les Eurockéennes avaient vendu plus de billets que pour l’édition précédente à la même époque.
Une dizaines de groupes confirmés
Une dizaine de groupe a été confirmée pour l’année prochaine, confirme Jean-Paul Roland. Un gentleman agreement a aussi été passé avec les plus gros budgets : revenir, oui, mais avec une baisse du cachet. « Il faut que les plus gros cachets soient sensibles à la baigne qu’on prend aujourd’hui », insiste Jean-Paul Roland. Si le groupe ne veut pas baisser le cachet, on ne confirmera pas la date dans un an. Jean-Paul Roland invite aussi à ne pas totalement reporter la programmation 2020 à 2021, pour être « attentif » à l’actualité musicale.
Flou du secteur
Si les Eurockéennes passeront le cap, Jean-Paul Roland relève que le festival n’est pas « hors sol ». Il y a des structures à côtés. Des producteurs. Des labels. Des diffuseurs. Des prestataires. « Ils doivent continuer à travailler pour qu’on puisse éviter l’uniformisation », insiste Jean-Paul Roland. Car le risque de cette crise, c’est de faire disparaître toutes les petites structures, les petites manifestations au profit de grosses machineries. Sur ce sujet, « on demande une attention particulière du ministre de la Culture », avoue Jean-Paul Roland, qui reconnaît des relations un peu « rugueuses ».
« Nous avons été les oubliés du blabla de Macron, tance Jean-Paul Roland, alors que nous avons été les premiers touchés. » Jean-Paul Roland l’a mauvaise. Il n’a pas senti que la filière ait été aidée. Et ils ont dû attendre un mois avant de savoir ce qui allait se passer ; l’annulation des regroupements de plus de 5 000 personnes n’intervenant que mi-avril. Certes, 50 millions d’euros sont débloqués pour soutenir la filière musicale française, mais cela sera dispersé entre une myriade d’acteurs : salles, festivals, producteurs, diffuseurs… Pour autant, il n’y a pas de projection. « Nous attendons une vision de reprise. Nous ne repartirons pas comme ça », remarque Jean-Paul Roland. Et il va falloir soutenir pour conserver cet écosystème pluriel et hétéroclite.
En tout cas, le retour des Eurockéennes ne peut s’imaginer qu’avec la possibilité d’une jauge pleine. Parce que le festival doit être vivant. En communion. Et non pas avec une jauge divisée par 12, si on applique les règles actuelles. « On ne discute pas les règles sanitaires », rassure Jean-Paul Roland. Mais l’expérience du festival ne peut pas se faire sans cette dimension populaire. Avec la fédération de festival De Concert, les Eurockénnes ont adressé des propositions au ministre pour écrire ce futur. Les 28 festivals affiliés à cette fédération regroupent 3 millions de spectateurs chaque année, pèse 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et créent 13 000 emplois. Aujourd’hui, ce sont ces réponses qu’attendent les acteurs de la culture, Eurockéennes en tête. Et malgré cette annulation 2020, Jean-Paul Roland reste confiant : « On ose croire que le public reviendra. » Fidèle.