La délocalisation de la ligne en Hongrie est arrêtée. Le projet de délocaliser 40 000 heures aux États-Unis et en Arabie saoudite est en stand-by. Une négociation est ouverte entre la direction et l’intersyndicale. Et l’État français attend pour fin juin un projet industriel chiffré. Ce sont les enseignements du comité de suivi organisé ce mercredi après-midi du dossier General Electric.
La délocalisation de la ligne en Hongrie est arrêtée. Le projet de délocaliser 40 000 heures aux États-Unis et en Arabie saoudite est en stand-by. Une négociation est ouverte entre la direction et l’intersyndicale. Et l’État français attend pour fin juin un projet industriel chiffré. Ce sont les enseignements du comité de suivi organisé ce mercredi après-midi du dossier General Electric.
Du temps. Voici ce qu’a gagné l’intersyndicale de l’entité turbines à gaz de General Electric, ce mercredi après-midi, à l’occasion du 3e comité de suivi des accords du 21 octobre 2019 entre des représentants de l’État français, la direction de General Electric et l’intersyndicale. Elle était pourtant dos au mur depuis quelques jours.
Au cours de cet échange, l’intersyndicale voulait annuler la réunion programmée ce jeudi matin, qui marquait la fin de la période d’information-consultation du projet de délocalisation de 40 000 heures vers les États-Unis et l’Arabie saoudite présentée par la direction le 13 mai. Un projet fondé sur les difficultés nées de la crise du covid-19. Des projets qui menaçaient les accords du mois d’octobre selon l’intersyndicale, qui craignait pour la pérennité, à court terme, du site belfortain.
Négociations
La réunion de jeudi est maintenue. Mais elle ne vient pas finaliser la procédure d’un projet déjà ficelé. Les différentes parties ont validé l’idée d’ouvrir une négociation, « pour réaliser 40 000 heures supplémentaires de travail du site de Belfort d’ici la fin de l’année 2020 pour éviter la délocalisation, sur la base de la proposition de l’intersyndicale », indique l’intersyndicale, renouvelée, dans un communiqué de presse (à lire ci-dessous). « Même si le marché baisse de 20 % [à cause de la crise du covid-19], il sera toujours supérieur au marché envisagé pour justifier le PSE il y a un an, souligne Philippe Petitcolin, secrétaire du comité social et économique (CSE), syndiqué à la CFE-CGC avant de remarquer avec ironie : Nous sommes donc taillés au marché post covid-19. »
Le projet est, stricto sensu, toujours en suspens, mais la discussion est ouverte. « GE Gas Power, comme beaucoup d’autres entreprises, doit envisager toutes les actions possibles pour maintenir la production et les livraisons. Cela inclut la possibilité que notre réseau mondial de chaîne d’approvisionnement soutienne temporairement la production. Les mesures envisagées sont temporaires et visent à traverser cette crise en maintenant l’activité et l’approvisionnement des clients », confirme l’industriel dans un communiqué de presse.
L’aviation arrêtée
L’intersyndicale a également obtenu l’arrêt du transfert de la ligne de production des composants vers la Hongrie. Ce projet de transfert est acté par les accords du mois d’octobre, mais est conditionné à la création de 200 emplois dans l’aéronautique. « Ce transfert devait se faire progressivement avec la montée en cadence de la diversification », rappelle Philippe Petitcolin. La crise du secteur aéronautique remet en cause cette diversification ; on ne peut plus reconvertir les salariés. Si le transfert se poursuivait, il y avait « un risque juridique », de non-respect de l’accord d’octobre 2019 rappelle Philippe Petitcolin. Et l’intersyndicale l’a rappelé pour mettre la pression sur le gouvernement et General Electric ; la diversification vers l’aviation était, qui plus est, un élément de communication important du gouvernement lors du conflit social.
« Nous avons senti le soutien du gouvernement », apprécie Philippe Petitcolin, soulagé. Temporairement ? L’avenir le dira. Dans son communiqué, General Electric affirme qu’il a « respecté ses engagements ». Et constate : « Il est clair que le secteur de l’aviation est actuellement en grande difficulté en raison de la crise du Covid-19. Cela oblige GE à réévaluer nos possibilités dans ce domaine. » L’industriel avait déjà investi pour développer cette activité. Des démarches de certification étaient en cours.
Hydrogène, réparation, LEAN intelligent
La réunion a été l’occasion, finalement, d’aborder la mise en route du projet industriel. Actif les premiers mois. Qui semble dorénavant s’enliser. Dans la deuxième quinzaine de juin, lors du 4e comité de suivi, General Electric doit « présenter le plan d’actions détaillés en termes d’emplois, investissement et budget sur les 10 axes de développement du projet industriel permettant de repositionner Belfort comme centre d’excellence 50 Hz, conformément aux accords d’octobre 2019 », indique l’intersyndicale. « Ce projet industriel est actuellement en cours de révision pour tenir compte de l’impact de la crise du Covid-19 », confirme un proche de la direction de General Electric. Un industriel qui souffle également que la présence de dirigeants a été renforcée et stabilisée en France. Dans les 10 axes de développement, les projets autour de l’hydrogène, de la mise en flux des opérations avec du LEAN intelligent – « nécessitant peu d’investissements », estime Philippe Petitcolin – ou l’installation d’un centre de réparation de rotors et d’aubes de turbines 50 Hz pour les marchés européens, du Moyen-Orient et africain semblent « les plus prometteurs », indique Philippe Petitcolin.
Si du soulagement était entendu dans les voix, un syndicaliste souffle également « que la direction de GE joue sur plusieurs tableaux entre eux et l’État ». La réunion de ce jeudi devrait donner le ton des nouveaux échanges. Un proche de la direction note, de son côté, que la réunion de demain sera « avec tous les syndicats ». Entre les lignes : ce qui n’était pas le cas avant.