Le 14 novembre 2022, les organisations syndicales représentatives du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Territoire de Belfort ont déposé un préavis de grève illimitée, représentant autant les officiers que les hommes du rang. La grève concernait l’application de la loi de transformation de la fonction publique qui met fin aux régimes dérogatoires à la durée légale de travail, fixée à 1 607 heures (voir ici).
Presqu’un an plus tard, le 24 octobre 2023, les pompiers ont décidé d’en sortir. Non pas parce qu’ils estiment avoir obtenu gain de cause, mais parce qu’au contraire, le conflit s’enlise avec la direction du Sdis. Les organisations syndicales souhaitaient, avant de sortir de la grève, mettre un place un protocole qui devait inclure des propositions sur le dialogue social, le respect des textes réglementaires, la co-construction des projets importants de l’établissement… Ils souhaitaient aussi que soit reconnu le mal-être que les organisations syndicales considèrent comme grandissant ces dernières années (lire ici). « Ce projet de protocole ne trouvera pas écho auprès de la gouvernance probablement à cause d’une direction qui ne cherchera pas véritablement à discuter, quoi qu’elle prétende », écrit l’intersyndicale composée du Syndicat Autonome, de Force Ouvrière et d’Avenir Secours dans une lettre envoyée au président du SDIS, Florian Bouquet.
Selon Sébastien Boillot, du syndicat autonome, pompier à la caserne Belfort-Nord, à Valdoie, 70% des agents voulaient sortir du conflit pour relancer le dialogue. « Mais nous en sortons sur une note complètement négative. » Si la grève s’arrête, « c’est pour qu’elle ne soit plus un prétexte à dire que tout va mal à cause d’elle », détaille-t-il. « Il ne faut plus que ce soit une manière de dire que rien n’avance. Alors, on en sort dans l’intérêt des habitants », ajoute Pierre-Arnaud Fillatre pompier à Belfort-Sud, à Danjoutin, délégué syndical Force ouvrière.
Les syndicats l’affirment : cet arrêt ne transcrit pas la volonté de faire le dos rond, mais est une « stratégie », afin de reprendre le dialogue, tout en étant attentif aux prochains débats qui s’annoncent « explosifs ».
La couverture des risques, prochain sujet important
« Étant attachés à notre établissement, à ses agents et surtout à la qualité du service public de secours que nous devons assurer à la population, nous ne laisserons pas notre Sdis sombrer », écrit encore l’intersyndicale. Dans un contexte de « manque de dialogue », voire « de communication zéro », comme l’énonce Pierre-Arnaud Fillatre, les organisations syndicales plancheront bientôt sur le « SDACR » : le schéma départemental d’analyse et de couverture des risques, qui permet de définir les besoins sur un territoire. Un dossier important car il regroupe autant des enjeux de sécurité publique que de sécurité des pompiers. Le dernier schéma remonte à 2012.
« Si tout est passé en force, comme cela est fait sur d’autres dossiers, cela risque d’exploser à nouveau », prévient Sébastien Boillot. Les organisations syndicales craignent une baisse des effectifs, qui pourraient se justifier en regardant mécaniquement les chiffres, car le Territoire de Belfort est bien loti en termes d’effectifs. Mais cela ne correspond pas à la réalité du terrain, qui fait face « à une densité urbaine très importante comparée aux départements qui ont le même nombre d’habitants », détaille-t-il. Pour le moment, la méfiance règne concernant les débats qui doivent avoir lieu.
Les deux premières phases de ce schéma sont passées : les groupes d’études, le recueil statistique qui se fonde sur les années 2012-2022, ainsi que le temps des propositions. Il faut désormais que le président du Sdis, ainsi que le conseil d’administration donnent les orientations. « Mais depuis juin, nous n’avons pas de nouvelles », exposent les syndicats.
Sollicité, le président du conseil départemental Florian Bouquet, n’est pas revenu vers nous.