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Les friperies entre effet de mode et prise de conscience

Label Fripe, à Andelnans, est une friperie bien connue des habitués. | ©Le Trois - C.J.
Analyse
Peu coûteuses, éthiques et accessibles, les friperies se multiplient et se développent. Un moyen de consommer sans trop dépenser même en ces périodes de soldes. Deux d’entre elles, dans le nord Franche-Comté, se sont exprimées.

Clara Janssen

Le marché de la seconde main est en pleine expansion et voit ses clients se multiplier tout comme son chiffre d’affaires. En 2022, l’institut français de la mode l’a estimé à 1 milliard d’euros. Sa croissance augmente de 10 % par an en France, selon Ouest France. Lors des périodes de soldes organisées par les magasins de fast-fashion, celles-ci permettent aux enseignes d’écouler leur stock et de laisser place aux nouvelles collections, la question de baisse de chiffres pour les enseignes de secondes mains se pose. 

Comme les friperies possèdent moins de stocks, peu d’entre elles y participent. Label Fripe à Andelnans, en fait partie. « On ressent cet impact, c’est une période pour nous un peu compliquée », confie Anne-Sophie Landier, chargée de communication pour cette enseigne de seconde main. 

Elle rappelle aussi qu’il y a «beaucoup de boutiques de fast-fashion qui ferment». Depuis ces dernières années, différentes fermetures ont touché le centre ville de Belfort. Pensons à Camaïeu (octobre 2022) et San Marina (février 2023), le redressement judiciaire de Jennyfer (juin 2023) et l’avenir incertain des Galeries Lafayettes (lire nos articles)

Les propriétaires de la friperie V-Store, Valérie et Olivier Peureux, située à Belfort, ne pratiquent pas les soldes et assurent que de leur côté ils ne ressentent pas de changement pendant cette période. Ces dernières années, la seconde main attire de plus en plus. «L’année dernière, on a vu la différence», certifient-ils. 

Un effet de mode

La mode est un cycle. Elle va et vient. En témoignent le retour des iconiques chaussures Dr Martens, les pantalons patte d’éléphant et plus récemment les ballerines. Des vêtements qui ne sont pas au goût de tout le monde, mais qu’on peut retrouver facilement dans les enseignes de seconde main. Trouver la perle rare, avoir une pièce unique ou se démarquer, c’est l’objectif de certains consommateurs de friperie, même si pour les gérants de V-Store, «c’est plus compliqué de trouver des pépites», ces derniers temps, face à l’augmentation de la demande. «On ressent qu’on a de plus en plus de clients», valide Anne-Sophie Landier.

 

L’engouement consacré aux friperies est parfois vu comme un effet de mode, sur lequel, certaines friperies se reposent pour gonfler leur prix. Un mouvement généralement changeant. Mais pour Olivier et Valérie Peureux, «La seconde main va rester encore un moment.» 

 

Leur friperie, V-Store, est bien ancrée dans le paysage de la seconde main dans le Territoire de Belfort. Présents sur différents réseaux sociaux (Instagram, TikTok, BeReal), ils cumulent les abonnés. «C’est notre publicité», assurent-t-ils. Avec ce moyen de communication, ils attirent une jeune clientèle. Leur but est d’attirer plus de personnes avec une tranche d’âge différente. «On essaie de développer un rayon pour les personnes un peu plus âgées.» 


«On a un critère d’exigence assez élevé», ajoute Anne-Sophie Landier pour souligner le niveau de sélection de vêtements. Ils les collectent auprès de 1600 bornes puis les trient. Ils fonctionnent sur la base de dons alors les prix battent tous les records. 10 euros pour trois pièces et 20 euros pour 8 vêtements dans la catégorie «essentiels». Les jeans Levis tournent autour de 10 euros la pièce. «On sera de toute façon moins cher que les soldes», affirme-t-elle. Elle assure «qu’une fois qu’on est venu en friperie, on ne veut plus retourner en fast-fashion.»

«Un acte engagé»

Venir en friperie, pour Anne-Sophie Landier, représente «un acte engagé». Pour ne pas participer aux effets néfastes de l’industrie du textile, certains consommateurs préfèrent s’habiller différemment, avec des vêtements de seconde main, 100% français ou en les fabriquant soi-même. Un moyen, parfois, plus économique et plus éthique de consommer la mode. Certains s’y habillent aussi par intérêt économique. En 2020, 342 300 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en Bourgogne-Franche-Comté selon l’Insee. 

L’industrie du textile émet en moyenne 4 milliards de tonnes de CO2 par an selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Cela représente un taux plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. En plus des effets néfastes pour l’environnement, certains pays comme la Chine exploitent des femmes et des hommes, comme la population Ouïghours, afin de fabriquer des vêtements en masse, pour les enseignes de fast-fashion. Les géants Shein et Zara, entre autres, ont notamment été accusés de participer au travail forcé infligé à cette communauté (lire ici). Autant d’arguments avancés par les consommateurs de fripes pour justifier leur acte d’achat. 

Les collections dans les enseignes de fast-fashion se renouvellent régulièrement, 24 fois par an pour Zara par exemple. Beaucoup, mais moins que pour l’ultra fast-fashion Shein qui, en mai 2023, ajoutait en moyenne 2 700 vêtements par jour sur leur site internet, selon les Amis de la Terre, association qui protège l’environnement, le climat et défend les droits humains. Cela pousse les consommateurs à surconsommer. Des habitudes qui entraînent les européens à se débarrasser de 4 millions de tonnes de textile chaque année, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Si la friperie limite certaines nuisances, elle repose quand même sur deux dynamiques : la consommation et l’effet de mode, créant un appel d’air à l’industrie textile dans son ensemble. 

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