Le conseil d’administration de l’association Servir, qui gère l’Ehpad de La Rosemontoise, à Valdoie, placé sous administration provisoire depuis le mois d’avril, vient d’intégrer à son conseil d’administration le groupe Doctegestio, qui gère 290 établissements en France, et son président, Bernard Bensaïd. Éric Goldschmitt, le dorénavant ancien président, a quitté le conseil d’administration. Et accuse. Enquête.
Le conseil d’administration de l’association Servir, qui gère l’Ehpad de La Rosemontoise, à Valdoie, placé sous administration provisoire depuis le mois d’avril, vient d’intégrer dans son conseil d’administration le groupe Doctegestio, qui gère 290 établissements en France, et son président, Bernard Bensaid. Éric Goldschmitt, le dorénavant ancien président, a quitté le conseil d’administration. Et règle ses comptes avec le conseil départemental. – mis à jour le 24 septembre à 13h25.
L’association Servir gère quatre établissements, dont l’Ehpad de La Rosemontoise, à Valdoie, qui accueille 117 résidents. L’établissement est placé sous administration provisoire depuis le mois d’avril, à la suite de « graves dysfonctionnements », selon le conseil départemental du Territoire de Belfort. Une trentaine de résidents sont morts de la covid-19. À la suite de la publications de rapports, au cœur de l’été, l’administration provisoire a été confirmée jusqu’au mois de novembre.
Aujourd’hui, l’association Servir riposte. Éric Goldschmitt a quitté son poste de président et le conseil d’administration. Et le conseil d’administration accueille désormais le groupe Doctegestio. Le groupe pèse « 9 600 salariés, 290 établissements et services et 420 millions de chiffre d’affaires », écrit Doctegestio sur son site Internet. Il rayonne « dans les secteurs de la santé, du médico-social, du tourisme social et familial, de l’immobilier et des nouvelles technologies ».
L’ancien président accuse
Éric Goldschmitt confirme que c’est l’association qui a « sollicité » ce groupe. Même s’il ne l’a pas fait « personnellement ». Bernard Bensaid, le président de Doctegestio, devrait prendre la présidence de l’association apprend-t-on de sources concordantes. Cette annonce a provoqué la « colère » et la « stupéfaction » de Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort, l’une des tutelles de l’Ehpad. « Par cette manœuvre, le groupe national privé à but lucratif a pris le contrôle de Servir 90 », estime Florian Bouquet. Il « s’interroge [également] sur les réelles intentions du groupe financier Doctegestio ».
Cette arrivée a été formalisée ce mardi soir, à l’occasion d’une assemblée générale. « Il faut un grand groupe qui n’a pas peur d’aller au tribunal », prévient l’ancien président, Éric Goldschmitt, joint par téléphone. Il veut « mettre le conseil départemental au pas ». Il dénonce une « machinerie politico-politicienne ».
Selon lui, les deux premiers administrateur (avril-mai), « notaient des lacunes, amplifiées par la covid-19 », reconnait Éric Goldschmitt. Mais n’ayant « pas fait un rapport à charge », ils ont été « remerciés », estime-t-il. Cette accusation est totalement récusée par des sources internes aux tutelles.
Pour Éric Goldschmitt, la 2e administration provisoire a, par contre, fait un rapport à charge. Il est en cours d’analyse déclare-t-il. « Je suis conforté, glisse-t-il, que ce sont des rapports à charge sans démonstration de la vérité. » Éric Goldschmitt dénonce des « conflits d’intérêt » et cible l’administrateur Robert Creel, directeur général de l’association Les Bons enfants, qui gère le pôle gérontologique Claude-Pompidou à Belfort ; il a été administrateur en juin et juillet avec Françoise Betoulle, directrice des soins de l’hôpital Nord-Franche-Comté. Plusieurs sources s’étonnent de cet argument du conflit d’intérêt, car les administrateurs n’ont aucun lien avec l’agence régionale de santé (ARS) et le conseil départemental. Une source proche du dossier relève que si l’administration provisoire a été confirmée pour une troisième fois jusqu’à fin novembre, c’est qu’il y avait bien des arguments qui le justifiaient. Un tel renouvellement « est très rare », confie un autre proche du dossier.
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« Pas dans des mains mal attentionnées »
Malgré cette arrivée, la procédure se poursuit au sein de l’Ehpad La Rosemontoise. La prochaine échéance est le 7 novembre. C’est la fin de la période d’administration provisoire. « Le choix de la future gestion demeure entre les mains du Président du Conseil départemental et du Directeur de l’ARS et il s’effectuera sans pression, et uniquement dans l’intérêt des résidents et des salariés », rappelle Florian Bouquet dans un communiqué. « Soit Servir est en mesure de répondre aux dysfonctionnements notés et prendra la gouvernance, soit cette dernière sera confiée à un autre opérateur », déclarait-il à ce sujet lors de sa conférence de presse de rentrée, le 15 septembre.
« On veillera que cela ne termine pas dans des mains mal attentionnées », ajoute toutefois Florian Bouquet, joint par téléphone. « D’ici là (le 7 novembre, NDRL), ajoute-t-il dans son communiqué de presse, le Département et l’ARS mettront tout en œuvre pour que la gestion future de cette maison de retraite soit conforme aux exigences d’humanité, de solidarité et de protection, prônées par le Conseil départemental du Territoire de Belfort. » Dans cette situation qui se tend, Florian Bouquet a quand même exposé une envie de « compromis » et de « s’en sortir par le haut ».
Sollicité, Doctegestio « ne souhaite pas faire de communication ». « Nous allons déjà travailler à la communication avec les instances de tutelles. Nous ne voulons pas brûler les étapes », confie une responsable de le communication. Le groupe n’est pas inconnu dans le Territoire de Belfort. Il s’était positionné, en 2014, pour reprendre la gestion de la clinique de la Miotte.