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Danjoutin : pourquoi le projet de déménagement de la SPA fait des remous

Visitée en 2017 par la direction départementale des services vétérinaires, la SPA doit déménager à cause de sa vétusté. | ©Le Trois - EC
Décryptage
D’ici 2025, la SPA située porte du Vallon à Belfort devrait déménager pour de nouveaux locaux à Danjoutin. Un projet qui suscite des inquiétudes et qui fait monter au créneau un collectif d’habitants.

En 2017, la direction départementale des services vétérinaires est venue contrôler les locaux de la SPA belfortaine. Dans son rapport, elle pointe une vétusté qui ne permet plus l’accueil des animaux. Les box pour chiens sont trop étroits, l’espace pour les chats également. L’agencement général était aussi pointé du doigt : mauvais écoulement des eaux, cuisine éloignée, difficulté d’assurer la propreté des lieux, proximité avec le voisinage. Avec la mairie, propriétaire de la fourrière, et le syndicat intercommunal de la fourrière, il a été décidé de déménager la SPA plutôt que d’envisager des travaux sur site. Le lieu-dit Le Grand Bois, à Danjoutin, a été sélectionné. Ville de Belfort, Grand Belfort, conseil départemental, Etat : les aides ont afflué depuis pour la réalisation du projet.

Une enquête publique s’est achevée le 13 octobre 2023 ; les conclusions du commissaire doivent être rendues prochainement au sujet de la modification du plan local d’urbanisme (PLU).  Sur les rails, le projet doit voir le jour en 2024. Si tout semble se dérouler normalement, deux sujets créent des inquiétudes, à la fois de l’association et des riverains de l’implantation future. 

Le premier :  il a été demandé à l’association l’Arche de Noé, qui gère la SPA, d’investir un tiers de la somme prévue pour les nouveaux locaux pour lui permettre, notamment, de devenir propriétaire de la structure. Mais l’association, qui assurait à peine ces frais de fonctionnement, se retrouve désormais au bord de la banqueroute.

« Il y a quinze mois en arrière, le maire de Belfort nous a sollicités pour qu’on donne 400 000 euros pour les travaux, avec un emprunt sur trente ans. C’était déjà impossible à envisager », explique le président de la SPA, Michel Mouhat. Second problème : le budget prévisionnel pour les nouveaux locaux a grimpé en flèche. Le chantier à Danjoutin dépasse désormais les 4,5 millions d’euros. « Il nous a été demandé de participer à un tiers. Le taux de subvention est exceptionnel, certes, mais pour nous, la somme à donner était un pourcentage énorme.» Le 29 août, l’association a annoncé qu’elle ne pourrait pas s’impliquer dans ce chantier. « Nous devions devenir propriétaires, mais tant pis : nous ne pouvons absolument pas assumer les travaux. »

Depuis, les craintes s’accumulent. Crainte de devoir payer un loyer extrêmement conséquent, alors que ce n’était pas le cas jusqu’à présent. Crainte de perdre les autorisations d’exploitations de la SPA. Dans le pays de Montbéliard,  par exemple, c’est la collectivité qui a la charge de la SPA. « Avec ce modèle, on ne sait pas ce qu’il adviendrait du personnel (sept personnes sont employées par l’association, avec 4,5 équivalents temps plein, NDLR). » Elvina Bermont, directrice du refuge de la porte du Vallon, est lucide. « Le projet se fera avec ou sans nous. Cela nous tracasse, car nous aimons les animaux et on veut pouvoir continuer à les aider. »

Contacté par téléphone, le président Les Républicains (LR) du Grand Belfort, Damien Meslot, à l’origine du projet, assure que la somme manquante sera absorbée. « S’ils ne peuvent pas, nous resterons simplement propriétaires », affirme-t-il. Le projet n’est pas remis en cause pour autant. Pour le moment, en ce qui concerne les  autres inquiétudes de l’association, le maire ne se positionne pas. « Nous devons nous rencontrer et discuter de tout ça pour trouver une solution ensemble », expose-t-il. 

Collectif d’usagers en colère

Deuxième cause de remous : la localisation de la SPA. Depuis quelques semaines, un collectif d’usagers du hameau de Froideval, situé sur le ban de la commune d’Andelnans, se manifeste contre l’implantation du projet. « Nous avons découvert sur un panneau jaune l’implantation du projet sur le lieu-dit Les Grands Bois, soit à 300 mètres de nos habitations », explique l’un des habitants, qui souhaite rester anonyme. Le collectif est alors monté au créneau. Il dénonce le déboisement d’une forêt de deux hectares, un espace boisé classé selon le Plan d’urbanisme (PLU), qui doit être révisé pour devenir constructible, comme indiqué sur l’arrêté concernant le déménagement, la proximité avec l’Ehpad du Chênois, le centre psychiatrique ou encore celle avec l’aire d’accueil des gens du voyage.

Depuis, une pétition a été lancée et 277 signatures ont été récoltées. Pour ces opposants, la communication n’a pas été suffisante à propos de cette implantation. Dans une contribution numérique du conseil municipal d’Andelnans versée dans le dossier d’enquête publique en date du 10 octobre 2023, la mairie s’oppose elle aussi au projet en l’état. « Le dossier soumis à enquête publique nous semble très insuffisamment complet concernant les nuisances qui seront subies par les riverains proches du projet, notamment les habitants des hameaux de Froideval », lit-on.  « [Les habitations] n’en sont séparées que par un espace boisé, certes en dévers, mais assez peu dense, et sans autre obstacle à la propagation des bruits qui pourraient être issus du projet. » Elle annonce émettre un avis défavorable à la réalisation de ce projet sur ce site.

Une communication jugée suffisante

Par téléphone, Emmanuel Formet, maire de Danjoutin, explique avoir « longuement communiqué sur le projet ». Au gré des différentes concertations publiques, mais aussi d’une communication dans les journaux communaux, sur le site municipal, l’application et par voix de presse. « Il ne faut pas oublier que le projet n’est pas nouveau. Le site a été pré-sélectionné il y a six ans déjà. »

Le président du Grand Belfort, Damien Meslot, ajoute : « Il n’y aura pas 2,5 hectares déboisés, mais un seul. Et 1,5 hectare sera replanté ensuite. »  Il précise aussi que la plupart des habitants du hameau se trouvent à 800 mètres du futur site. Et pour ceux qui sont plus près, la « réglementation impose 100 mètres entre une SPA et des habitants. Là nous sommes à 300 mètres ». 

« Nous en avons beaucoup parlé. Les personnes qui disent ne pas être au courant ne lisent pas la presse. Cela fait deux ans que l’on évoque ce projet. Nul ne pouvait l’ignorer », se défend-il. « Je comprends les inquiétudes, mais il faut savoir que les box seront insonorisés. La SPA sera conforme et tire les enseignements d’autres SPA refaites à neuf que nous avons visitées. »

Le collectif, qui n’est pas convaincu par tous ces arguments, explique par ailleurs qu’il ne souhaite pas que des raccourcis soient faits. « Ce n’est pas que l’on ne veut pas sauver les bêtes, mais nous voulons être force de proposition sur des projets qui ne seront pas destructeurs pour l’environnement, qui ne généreront pas trop de nuisances et qui seront vraiment dans le bien-être des animaux accueillis”, tempête un membre du collectif questionnant notamment le bien-être animal alors qu’ils seront installés à côté d’une voie ferrée. Le collectif se laisse la possibilité de travailler avec l’association du hameau de Froideval pour constituer un dossier et aller jusqu’au tribunal administratif. 

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