L’État a l’intention de créer, dans au moins dix territoires à dominante métropolitaine, un « choc » de l’offre de transport reposant sur un renforcement de la desserte ferroviaire, mais aussi sur une offre plus importante de bus à haut niveau de service, de covoiturage, d’autopartage. Le but est d’offrir aux habitants une alternative à la voiture et de réduire le trafic routier. Ce concept, c’est le Serm : le service express régional métropolitain. Dans le Nord Franche-Comté, le syndicat mixte de transport, doté de la compétence transports pour l’aire urbaine, a validé le principe d’un Serm en juin 2024 (lire notre article).
Pourquoi un Serm dans le nord Franche-Comté ? « Le périmètre du bassin de mobilité Nord Franche-Comté défini par la Région semble une évidence au regard des flux qui le parcourent et de la réalité du bassin de vie et d’emplois qu’il constitue », exposait le syndicat mixte l’an dernier. En effet, l’État précise que ce service peut être déployé autour d’une agglomération de plus de 100 000 habitants dont le bassin d’usage correspond aux mêmes prérequis que les métropoles.
Mais un an plus tard, où en est-on ? Dans un communiqué publié le 12 juin, l’Association des usagers de transport de l’aire urbaine Belfort-Montbéliard (l’Autau) dénonce un manque de réactivité. Un an après la validation du principe, l’avancement est quasi nul selon elle, là où Dijon, Besançon ou encore Mulhouse-Bâle avec son projet Trireno avancent à grands pas. « Nous en sommes, au mieux, au même point que l’an dernier », regrette l’association, qui dénonce une forme d’inertie locale.
« La situation nous paraît grave », alerte l’Autau. « Coincée entre des Serm dijonnais et bisontins d’un côté, et ce mastodonte “Trireno” de l’autre, notre aire urbaine ne pèsera pas lourd », prévient l’association d’usagers. Elle rappelle « l’urgence » de maîtriser les horaires de trains, d’assurer des correspondances efficaces, notamment en intégrant des lignes qui pourraient être menacées : Belfort-Delle, Belfort-Épinal… et de les inscrire « dans un schéma de mobilité cohérent dans un bassin de population de plus de 300 000 habitants » (lire notre article).
Querelles de clochers
Le message est appuyé par les élus écologistes régionaux, qui, dans une lettre ouverte publiée en ligne, souhaitent faire des municipales un argument, « une occasion » pour porter le projet. Ils rappellent que le Nord Franche-Comté est le plus gros bassin de vie de Bourgogne-Franche-Comté, et le deuxième poids économique après Dijon et avant Besançon. « Pourtant, il ne bénéficie pas d’un réseau de transports à la hauteur des enjeux. » Pour eux, le Serm « semble être une voie de garage, alors que Besançon et Dijon ont labellisé le leur et s’apprêtent à recevoir des financements de l’État et de la Région pour la mise en œuvre ».
Le pôle métropolitain est « l’outil » pour porter le projet, exposent les élus écologistes. « Il est plus que temps de s’en servir à bon escient ; et que nos élus dépassent les querelles de clochers pour enfin doter leurs 310 000 administré·e·s d’un vrai service performant de mobilités », écrivent-ils.
Les élus souhaitent un Serm, un réseau de bus Nord Franche-Comté unique et cadencé autour du Serm et des TER, des aires de covoiturage pensées sur l’ensemble du Nord Franche-Comté, un service unifié en libre-service (vélos classiques, véhicules électriques, vélos à assistance électrique…).
D’ici septembre au plus tard
De son côté, Damien Charlet, président du syndicat mixte de transport du nord Franche-Comté, adopte un ton rassurant. « Depuis un an, nous sommes disposés à travailler sur le Serm. L’année dernière, nous avons eu des échanges rassurants avec le préfet de région, qui nous a assuré de son soutien au projet. » Il explique que la dissolution du gouvernement a mis, pendant un temps, les discussions autour du Serm à l’arrêt. « Mais cela a permis de terminer l’enquête mobilité, désormais rendue. Et de mener des réunions techniques cette année », précise-t-il encore.
Il indique que le dossier-minute, porté par le syndicat mixte, sera déposé « d’ici septembre au plus tard ». Un bureau doit se tenir le 26 juin pour affiner les derniers détails. « Tout concorde pour rendre le dossier dans la deadline impartie », assure-t-il. Celui-ci, une fois rendu, doit permettre d’obtenir la labellisation. Ensuite ? Une fois le feu vert obtenu, il faudra s’entendre sur la gouvernance, prioriser et mettre en place les actions spécifiques. « Une fois labellisé, on espère que les engagements financiers seront tenus », insiste l’élu. Le projet est porté par le syndicat et appuyé financièrement par la Région et l’État.