Les oreilles des participants au Forum de l’hydrogène du 4 décembre 2025 ont dû siffler, une semaine plus tard, le mardi 9 décembre, pendant que se déroulait la réunion des élus du Grand Belfort. Bastien Faudot, élu d’opposition (GRS) a exprimé toutes ses réserves sur une éventuelle hydrogène-mania. Il l’a fait à l’occasion d’une délibération sur l’adhésion du Grand Belfort à France Hydrogène, association qui a pour objet la promotion des technologies relatives à l’hydrogène, de sa production à son utilisation, et le développement de la filière française.
« Entre annonces tonitruantes et réalité, il est nécessaire de faire un état des lieux », a-t-il réclamé. Il a fondé ses inquiétudes sur « une série d’abandons en cascade » de projets en Europe et en France : il a pointé 7,7 milliards d’euros « engloutis dans des projets abandonnés » en Allemagne, mais aussi plusieurs projets abandonnés en France. Plus globalement, il a estimé que l’hydrogène a « des rendements énergétiques désastreux », et offre « une fausse propreté » compte tenu des difficultés à disposer d’hydrogène « blanc ».
Plus localement, il a cité McPhy à l’Aéroparc de Fontaine avec « 15 millions investis dans une usine vendue 600 000 euros au tribunal de commerce à John Cockerill, 25 fois moins que les investissements publics initiaux (l’usine est en crédit-bail, donc les 600 000 euros ne concernent pas le rachat d’un bâtiment, qui est toujours loué au repreneur, NDLR) » ; Isthy, à Morvillars, « abandonné avant même d’avoir commencé ».
« Mon propos est un appel à la prudence, a précisé Bastien Faudot. Qu’on arrête les annonces et les effets d’annonce ; les retours sur investissement sont nuls » !
Il a été soutenu dans ses réserves par René Schmitt et les autres membres de son groupe.
« Soutien à nos grands industriels »
Damien Meslot, président du Grand Belfort, a contré l’argumentaire moins sur la filière hydrogène que sur la défense de l’industrie. En précisant tout d’abord que les aides publiques ne sont pas venues du Grand Belfort, mais de financements notamment européens.
« Je n’ai jamais dit qu’on se lance dans tout hydrogène, mais j’apporte notre soutien à nos grands industriels », a-t-il rétorqué en substance. Et de citer en exemple les aménagements des carrefours et routes, faciliter le transport des turbines vers les ports du Rhin, en se félicitant que cela profite aujourd’hui à Arabelle Solutions et à GE.
Il s’est félicité aussi de la circulation de huit bus à hydrogène sur le réseau Optymo et a rejeté les déboires de McPhy sur l’Etat qui « n’a pas sorti son plan hydrogène dans les temps. Mais John Cockerill est en train de relancer cela ».
« Isthy a été un échec ; il faut le reconnaitre », a-t-il ajouté, avant de resituer l’hydrogène dans une diversification du bassin économique, au même titre que la logistique avec Amazon et Primafrio sur l’Aéroparc.
L’adhésion à France Hydrogène a été approuvée par les élus du Grand Belfort, moins quatre abstentions et un vote contre. Le vote contre était celui de Sylvain Ronzani (représentant de Larivière) et non celui de Bastien Faudot, qui s’est abstenu, comme René Schmitt, Annie Baulet et Karel Trapp.
