Depuis mercredi 7 août, la baignade au Malsaucy est à nouveau autorisée. La qualité de l’eau est bonne. Ce vendredi, le compteur affiche 28°C. Et l’eau est à 27°C, annonce l’un des surveillants de baignade. La plage est bondée de monde. Familles, enfants, amis regroupés là pour passer l’après-midi. L’étang a retrouvé son public habituel, surveillé par le personnel du service départemental d’incendie et de secours. Il faut dire que le Malsaucy est l’unique site de baignade du Territoire de Belfort. Cela a motivé les habitants à y revenir, malgré plusieurs jours de fermeture.
Si le site a fermé, c’est à cause des cyanobactéries, un organisme à l’origine de la vie sur terre. Leur dangerosité réside dans ce qu’elles émettent lorsqu’elles se multiplient : les cyanotoxines. Celles-ci peuvent avoir plusieurs conséquences sur la santé, selon la toxine en question. Les hépatotoxines, agissent sur le foie ; les neurotoxines agissent sur le système nerveux ; et les dermatotoxines agissent sur la peau et les muqueuses. « Ça va des irritations cutanées, des atteintes oculaires ou encore des symptômes gastro-intestinaux pour ce qu’il y a de plus léger Jusqu’à des hépatiques rénales ou encore des troubles neurologiques ou neuromusculaires », listait Jérôme Mathys, ingénieur d’études sanitaires à l’ARS. Ce n’est donc pas « à prendre à la légère » poursuivait-il lors d’un précédent sujet (lire ici).
L’année dernière, le site en a pâti, largement, avec une perte de fréquentation de moitié. 25 000 personnes ont fréquenté la plage en 2022 contre 12 000 l’an dernier. Cette année, si le site a réouvert, de nouvelles analyses ont lieu chaque semaine, et « nous ne sommes pas à l’abri que ce ne soit plus bon la semaine prochaine, c’est très variable et on ne sait pas à quelle vitesse cela peut revenir », explique Simon Bellec, responsable de l’unité santé environnement de l’agence régionale de santé (ARS) Nord Franche-Comté. Ces bactéries prolifèrent grâce à l’ensoleillement (qui sera bien présent les prochains jours), mais aussi grâce aux nutriments dans l’eau – dont elles se nourrissent : phosphore et azote. Un phénomène difficile à contrôler, car ces nutriments sont transportés par les autres étangs en amont, ou encore par ruissellement du sol.
Piscine naturelle
Cela inquiète Simon Bellec. « Il s’agit de l’une des plus grosses zones de baignade du nord Franche-Comté. Avec les canicules qui se succèdent, les gens ont besoin de se rafraîchir. C’est un lieu social. » Il a étudié des graphiques de Météo France inquiétant, indiquant des canicules de plus en plus fortes pour les années à venir.
Trouver des lieux de rafraîchissement pour les habitants est d’autant plus important que le département se situe au-dessus des seuils nationaux de pauvreté. Les villes de Belfort et Montbéliard, concentrent par exemple les plus fort taux de pauvreté de la région. En conséquence, les familles partent moins en vacances. Et les seuls lieux pour se rafraîchir sont les piscines municipales – payantes. Ou les lieux de baignade naturelle comme celui-ci. Une donnée que confirme Loïc Jechoux coordinateur du personnel du SDIS sur le site du Malsaucy. « Notre public est centré, en grande partie, sur un public peu aisé, défavorisé. Ensuite, on retrouve des grands-parents avec les petits-enfants, par exemple.»
Des réflexions étaient en cours l’année dernière sur l’implantation d’une piscine naturelle. Une étude est en cours, confirme Stéphanie Vernier, directrice patrimoine naturel et développement durable au conseil départemental du Territoire de Belfort. Mais les résultats ne seront pas rendus avant une bonne année. Cela ne sera pas – du tout – pour tout de suite. La piste d’un curage du fond de l’eau pour éviter le développement des algues a aussi été évoquée en présence du préfet, Raphaël Sodini, ce vendredi. Mais ce n’est encore qu’une hypothèse.
Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort, explique que des réflexions sont aussi en cours pour développer un maximum d’activités hors de l’eau, de substitution, pour les enfants. Mais aussi pour créer des points de fraîcheur, des zones ombragées sur le site, afin que les gens puissent venir quand même malgré l’arrêt de la baignade. « C’est un de nos défis ; trouver des solutions techniques, mécaniques pour résoudre le problème de la baignade. Ce lieu est très important pour les habitants, notamment l’été », convient-il. Pour le moment, le site est ouvert au moins jusqu’à mercredi, date de résultat des prochaines analyses.