Article rédigé avec l’Agence Régionale de la Biodiversité Bourgogne-Franche-Comté, établissement public de coopération environnementale avec l’aide de son carnet du loup – PARTENARIAT
Début mars, la Journée mondiale de la vie sauvage rappelle l’importance des espèces et des écosystèmes. Instaurée par l’ONU en 2014, elle met en lumière la nécessité de préserver la faune et la flore face aux pressions humaines croissantes. En Bourgogne-Franche-Comté, où 1 978 espèces sont menacées – soit au moins 10 % des espèces recensées dans la région selon l’Observatoire Régional de la Biodiversité –, cette réflexion est plus que jamais d’actualité.
Parmi les espèces qui symbolisent le retour de la nature dans nos paysages, le loup (Canis lupus) occupe une place particulière. Disparu de Bourgogne-Franche-Comté depuis le début du XXe siècle, il recolonise naturellement son ancien territoire, suscitant de nombreuses tensions, notamment en raison de ses prédations sur les troupeaux.
Le loup avait disparu de la région en raison d’une intense persécution, notamment au XIXe siècle, qui l’avait conduit à une quasi-extinction en France. Sa réapparition s’explique par un phénomène de dispersion naturelle depuis les populations établies en Italie et dans les Alpes françaises. En Bourgogne-Franche-Comté, les premières observations récentes remontent à 2011, avec une présence avérée dans le massif jurassien et en Haute-Saône.
Aujourd’hui, plusieurs indices confirment la présence régulière de l’espèce sur le territoire, notamment des relevés de traces, des observations visuelles et des attaques sur le bétail. Le loup, qui consomme entre 4 et 5 kg de viande par jour, se nourrit principalement de proies sauvages. Mais il est aussi opportuniste et adapte son régime en fonction des ressources disponibles. Dans les zones d’élevage, il peut s’attaquer aux troupeaux, ce qui rend nécessaire la mise en place de mesures de protection adaptées.
Tester des solutions avec les éleveurs
Le retour du loup modifie les équilibres écologiques. En tant que prédateur, il régule les populations d’ongulés sauvages, notamment le chevreuil et le cerf, influençant ainsi la dynamique des écosystèmes forestiers et prairiaux. Cette prédation naturelle pourrait avoir des effets bénéfiques sur la biodiversité en limitant la pression exercée par ces herbivores sur la végétation. Toutefois, la présence du loup engendre aussi des conflits avec les activités humaines, en particulier l’élevage pastoral. L’impact des attaques sur les troupeaux reste une préoccupation majeure pour les éleveurs de la région, notamment ceux dont les exploitations se situent en zone de présence régulière du prédateur.
Face à ces enjeux, la mission « Médiation Élevage – Grands Prédateurs » de l’Agence Régionale de la Biodiversité Bourgogne-Franche-Comté accompagne les éleveurs volontaires dans l’expérimentation de dispositifs de protection. Ces solutions sont évaluées scientifiquement pour mesurer leur efficacité dans différents contextes d’élevage. En 2024, 42 exploitations ont participé à cette expérimentation, permettant de recueillir 800 000 vidéos pour mieux comprendre la présence et le comportement du loup. Ces données seront essentielles pour adapter les stratégies de protection et favoriser une meilleure cohabitation entre éleveurs et faune sauvage.
L’installation de clôtures renforcées, l’utilisation de chiens de protection et la mise en place de techniques de surveillance accrues figurent parmi les solutions encouragées pour limiter la prédation. Ces mesures nécessitent néanmoins des adaptations spécifiques en fonction des contraintes locales et des types d’élevage pratiqués. L’État propose également des indemnisations pour compenser les pertes liées aux attaques, bien que ce dispositif soit parfois jugé insuffisant par les professionnels de l’élevage. En parallèle, un suivi scientifique de l’espèce est assuré afin de mieux comprendre ses déplacements et son comportement sur le territoire bourguignon-franc-comtois.
En savoir plus
Sources : Sigogne, l’Observatoire Régional de la biodiversité
Lien utile : Pour mieux comprendre les enjeux de la présence du loup en Bourgogne-Franche-Comté (voir ici)
Vous souhaitez comprendre mieux les statuts des espèces en Bourgogne-Franche-Comté
Page indicateurs statuts des espèces de l’Observatoire Régional de la Biodiversité (voir ici)
Rendez-vous sur le site de l’ARB pour en savoir plus (ici)