Une prime d’intéressement pour les salariés du groupe à hauteur de 4 100 euros brut minimum a été annoncé par Stellantis ce 15 février, soit 200 euros de moins que l’année précédente. Cela « correspond pour la troisième année consécutive à plus de 2,5 mois de salaire net pour les premiers niveaux de rémunération », communique Stellantis dans cette journée particulière d’annonce des résultats 2023 (lire ici).
Cela représente 1,9 milliard d’euros pour les salariés au niveau mondial au titre des performances. Dans ses termes, Stellantis se réjouit d’avoir « redistribué 6 milliards d’euros à ses collaborateurs au niveau international » en moins de trois ans. Des résultats considérés comme « solides » par Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, qui permettent « de redistribuer près de 1,9 milliard d’euros d’intéressement et de primes variables ». Une annonce qui s’ajoute à l’augmentation de salaire de 4,3% annoncée en décembre dernier « dispositif visant à soutenir en particulier les premiers niveaux de rémunération », détaille encore l’entreprise.
Cela a du mal à passer du côté des syndicats. La CFE-CGC, syndicat catégoriel de cadres et techniciens, se réjouit des bons résultats. Mais elle constate, aussi, que ces bons résultats se font au dépens des salariés qui doivent répondre à des exigences de performance de plus en plus élevées au fil des années « mais malheureusement aussi avec des moyens de plus en plus limités dans le temps pour les accomplir ».
« Le reste n’est que chimères ou communication »
Pour le syndicat, on assiste à « une érosion lente mais inéluctable des acquis sociaux ». La réduction des budgets au niveau local inquiète, malgré les grandes annonces, qui ne sont que « chimères ou communication à destination des actionnaires ». Pour eux, le partage des richesses est plus que discutable avec une diminution des effectifs sur le territoire. « Avec notamment des externalisations qui se généralisent dans le groupe.» Il rappelle aussi que plusieurs acquis sont menacés, comme les trois semaines de congés minimum cette été (lire notre article ici).
« Il est temps d’arrêter l’hémorragie », martèle la CFE-CGC. « La performance sociale doit être un enjeu majeur pour positionner Stellantis aux premiers rangs », rappelle-t-elle. Elle aurait aussi aimé que la distribution atteigne 4 500 euros.
La CFDT est encore plus déçue. Pour eux, la redistribution est inégale. « Dans un contexte très difficile pour les salariés à qui on en demande toujours plus, avec une charge de travail toujours croissante et des conditions de travail qui se dégradent, creuser l’écart de redistribution entre les salariés et les actionnaires démontre un manque de considération inacceptable envers les salariés. »
Elle complète : « Alors que l’enveloppe de redistribution est de 8,4 milliards d’euros, 21,5% vont vers les salariés quand 77,5% vont vers les actionnaires. » Un sentiment de « frustration » ressort, car la CFDT espérait une « redistribution supérieure aux années précédentes ». Ce ne sera pas le cas. Les actionnaires, eux, se verront distribuer 6,6 milliards.
Seul point félicité par les deux syndicats : le renouvellement du plan actionnariat. L’année dernière, Stellantis a créé un plan d’actionnariat salarié en France et en Italie nommé « Shares to win » accompagné d’une contribution de l’employeur sous la forme d’un abondement de 1 000 euros. Il est prévu qu’il s’étende encore en 2024 à 242 000 salariés éligibles. Ce plan a permis à 31% des salariés d’acquérir des actions de l’entreprise à des conditions préférentielles.
De son côté, Nicolas Pacquot, député de la 3e circonscription du Doubs, trouve qu’il y « a un problème dans l’équation ». « Comment concilier l’annonce d’un chiffre d’affaires en hausse de 6 %, un bénéfice net en augmentation de 11 %, une marge opérationnelle de 12,8 %, et une prime d’intéressement et de participation pour les salariés de 4 100 euros brut minimum, soit 200 euros de moins que l’année précédente ? » Il expose avoir alerté le ministre de l’Economie pour faire entendre cette préoccupation.