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General Electric : « Ouvrir la négociation sur notre projet alternatif »

L’intersyndicale de l’entité turbines à gaz revient sur le changement de ton de Bercy à l’égard de General Electric.

L’intersyndicale de l’entité turbines à gaz revient sur le changement de ton de Bercy à l’égard de General Electric. Elle est prête à négocier avec la direction, seulement si celle-ci se base sur le projet alternatif qu’elle vient de finaliser et qu’elle présente à des responsables mondiaux, la semaine prochaine. Analyse.

« Pas de triomphalisme, note Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC, à l’occasion d’une conférence de presse organisée ce vendredi midi pour analyser les événements de mercredi. Ce n’est qu’un pas. Nous sommes très loin de l’objectif. » Mercredi, à la suite du comité de suivi des engagements pris par General Electric lors du rachat de la branche énergie d’Alstom en 2014, le ministère de l’Économie a confirmé que si le projet de plan social allait au bout, cela ne respecterait pas les termes de cet accord. Une décision qui valide la stratégie de l’intersyndicale. « On a prouvé qu’on était solides », constate Francis Fontana, délégué syndical Sud Industrie.

Belfort, centre mondial

Mercredi, Bercy a haussé le ton. Et General Electric a assoupli son discours, attendant les représentants du personnel autour de la table. Vendredi matin, l’intersyndicale a été très claire avec les salariés, à l’occasion des assemblées générales. Elle ne négocie pas dans l’état actuel. « Depuis le début, la direction ne propose que de négocier le livre 1 du plan social, c’est-à-dire la taille des chèques et les pistes de reclassement. » L’intersyndicale ne veut pas jouer ce match, persuadée que la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) ne peut pas accepter le plan en l’état, s’il est déposé le 21 octobre. « Elle regarde les moyens mis sur la table au regard de la taille de l’entreprise, note Philippe Petitcolin. Nous avons fait des courbes de comparaison, en prenant les annonces du livre 1, en fonction de critères d’âge ou d’ancienneté. Les propositions sont bien inférieures à tous les plans de sauvegarde de l’emploi, plan senior et ruptures conventionnelles collectives signés ces dernières années par General Electric. » La Direccte ne peut donc pas valider ce projet.

« Notre objectif est d’ouvrir la négociation avec la direction sur notre projet alternatif », poursuit-il. Ce projet a été écrit cette semaine avec leur expert. Il sera présenté la semaine prochaine au comité de groupe européen, devant Scott Strazik, le président-directeur général de GE Gaz Power, et son staff. « Ce projet est basé sur l’accord de 2014 », insiste l’intersyndicale. C’est-à-dire sur le maintien en Europe (et à Belfort) du centre mondial des turbines à gaz 50 Hz, doté des activités commerciales, de gestion de projet, d’ingénierie et de production. Ce centre mondial doit accueillir des responsables de niveau mondial, avec leurs équipes. Et ces responsables doivent rendre compte directement aux responsables monde du géant américain insiste l’intersyndicale. C’est la condition sine qua non, pour que General Electric ait « un avenir à Belfort », affirme Philippe Petitcolin. « Si on ne passe pas par ce chemin, on ne se redressera pas », remarque Cyril Caritey, de la CGT. L’intersyndicale réclame également le rapatriement de la production de la 9FA, depuis les États-Unis. Elle demande aussi le retour de l’activité de réparation de rotor.

Hugh Bailey à Belfort

Hugh Bailey, président-directeur général de GE France, était à Belfort ce jeudi soir et vendredi. Une information que ne confirme pas les porte-paroles de l’industriel américain. L’intersyndicale n’était pas au courant et précise qu’elle n’avait pas de rendez-vous avec lui. Il était accompagné de Patrick Mafféïs, vice-président des opérations industrielles en Europe.

L’intersyndicale ne rejette pas, dans ce projet, la logique de régionalisation, qui prime actuellement. « Il faut des gens de terrain », acquiesce-t-elle. Proches des clients. Mais elle invite à être vigilant sur « le curseur ». En clair, le chef de projet doit être proche de la conception et de la production dans la première phase du projet. Il doit donc être à Belfort. Puis il doit être sur place, au plus près du client, lorsque la machine est livrée et que l’on installe la centrale. Cette logique doit permettre de conserver les compétences, qui s’effritent depuis quelques années.

Retour de croissance

L’intersyndicale revendique un projet adapté aux « réalités de terrain » et aux « niveaux de charges ». Ils sont importants actuellement en production, la CGT réclamant le recrutement d’intérimaires pour faire face à la charge attendue jusqu’à la fin de l’année. « Le marché rebondit, poursuit Philippe Petitcolin. GE a vendu plus de turbines au premier semestre 2019 que sur toute l’année 2018. » Même les hauts dirigeants de General Electric confirme ce rebond précisent les syndicats. Dans un message vidéo adressé aux salariés, Scott Strazik confirme qu’il y a « définitivement des opportunités de croissance pour 2020-2021 ».

Cette situation paradoxale d’un marché qui reprend confirme une idée de l’intersyndicale. « Le plan a été construit sur une conjoncture passée », assure-t-elle. Et maintenant, le géant américain le déroule. « Ils font tout à contretemps », analyse Francis Fontana, de Sud Industrie. L’objectif est donc de le contrecarrer.

Si les négociations tournent autour de ce projet alternatif, l’intersyndicale est prête à faire un pas. « Nous sommes prêts à des suppressions de poste si cela se traduit par des départs volontaires et que l’on a des garanties [pour les conditions de travail] de ceux qui restent. »

Dans cette nouvelle étape du rapport de force, l’intersyndicale de relâche pas la pression, même si le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a durci le ton et attend des garanties. Et elle conserve son atout. « La plainte est prête. On l’active quand on veut », prévient, en conclusion, Philippe Petitcolin.

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