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General Electric : ces questions qui entourent le rachat de l’activité nucléaire par EDF

Élément de la turbine à vapeur Arabelle, installée dans les centrales nucléaires. | ©Le Trois – Thibault Quartier

EDF va racheter l’activité nucléaire de General Electric ; une procédure qui devrait prendre un an (lire notre article). En parallèle, une vision de la filière a été dessinée par l’exécutif français. Toutefois, les flous sont encore nombreux sur le dossier. Et les représentants du personnel comptent bien peser dans les échanges.

EDF va racheter l’activité nucléaire de General Electric ; une procédure qui devrait prendre un an (lire notre article). En parallèle, une vision de la filière a été dessinée par l’exécutif français. Toutefois, les flous sont encore nombreux sur le dossier. Et les représentants du personnel comptent bien peser dans les échanges.

En amont de la visite présidentielle, EDF et General Electric ont confirmé entrer dans la phase finale du rachat de la partie nucléaire du conglomérat américain (lire notre article). La vente doit être finalisée d’ici la fin du premier semestre 2023 ; elle doit aussi recevoir l’aval de la Commission européenne.

Aujourd’hui, Geast emploie environ 2 400 personnes en France, autour de deux activités : Power systems et Services. Selon les premières informations qui ont filtré sur le projet de rachat, une écrasante majorité des salariés des actuelles entités françaises sera reprise par EDF. « C’est un scope élargi », convient Laurent Humbert, de la CFE-CGC. « Nous sommes sur quelque chose de sérieux en termes de reprise », poursuit-il. Avec un tel périmètre, « les trous dans la raquette sont forcément réduits », note Patrice Pujol, de la CFDT. « Mais nous allons regarder et être vigilants », ajoute-t-il. Au niveau européen, par contre, la majorité des équipes de Steam, tournée vers le charbon, resteront sous bannière General Electric.

Au niveau mondial, le rachat doit intégrer 3 400 personnes. Le site de fabrication d’alternateurs de Sanand, en Inde, rejoindra EDF, tout comme l’usine de Rugby en Angleterre. L’intégration de cette dernière n’était pas sans suscitée des inquiétudes du côté du gouvernement anglais, il y a quelques semaines, selon nos informations. Les doutes sont-ils levés aujourd’hui ? Ce sera l’une des questions à élucider dans les prochains mois.

Ces entités vont intégrer l’écosystème EDF, mais dans une entité indépendante, comme l’ont précisé GE et EDF, ce jeudi matin, dans leur communiqué de presse (lire notre article). On s’approche d’une opération sur le modèle de celle de Framatome, qui a rejoint le groupe EDF en 2018, dans le cadre du plan de sauvetage d’Areva ; EDF y est majoritaire à 75 %. EDF sera-t-il le seul actionnaire de la future entité ? Les prochains mois serviront aussi à définir le tour de table. Il n’est pas impossible que le Russe Rosatom, important client de l’actuelle entité représentant 40 % de la charge actuelle, puisse rejoindre l’aventure. On se questionne aussi, du côté des représentants du personnel, sur la capacité à exister de la future entité dans ce nouvel environnement EDF.  

Quels investissements ?

« La vision de la politique énergétique, on ne peut que la saluer », note Laurent Humbert, qui apprécie « ce chemin dessiné » où l’on parle « d’indépendance » et de « sobriété ». Mais aujourd’hui, il veut parler structuration de la future entité, investissements, marchés. « On ne sait rien sur les investissements », abonde Saïd Bersy, de la CGT. Il redoute aussi que la trésorerie, liée aux avances sur commandes, ne soit pas transférée : « Démarrer une aventure avec 0 trésorerie, c’est revenir en arrière. » Et de remarquer que ces grandes annonces sont surtout conditionnées « à un bulletin de vote au mois d’avril ». Grégory Pastor, secrétaire du comité de groupe Européen de General Electric, membre de la CGT, interpelle aussi « sur les coûts de remise à niveau » de l’outil de production, liés au faible investissement des dernières années.

De son côté, Patrice Pujol pointe l’enjeu n°1 « des compétences et des expertises ». « Il faut les conserver », insiste-t-il juste après l’allocution présidentielle, ce jeudi en fin d’après-midi. Et ces compétences ont fondu ces dernières années, comme Le Trois le présentait (lire notre article). Et Patrice Pujol le rappelle : l’enjeu n’est pas que sur la turbine Arabelle, qui trônait fièrement derrière Emmanuel Macron. Il y a aussi les alternateurs, l’ingénierie, l’intégration, le control command… « On parle d’ensemblier. » Patrice Pujol insiste aussi sur le fait que l’entité est actuellement « tout juste dimensionnée » pour faire face au carnet de commandes qui s’élève à 4,4 milliards d’euros. D’autres estiment déjà qu’ils ne sont pas assez. Les commandes induites par le lancement des 6 EPR 2 impliquent aussi « une montée en puissance » et un besoin de recrutements dans les années à venir. Emmanuel Macron l’a martelé ce jeudi : « Ce sont des filières d’avenir. »

Si l’on sécurise la filière nucléaire française pour l’avenir, ils sont plusieurs à estimer que cette opération encouragée par l’Élysée ne « règle pas le problème de fond ». Pour électrifier massivement et décarboner il faut aussi s’appuyer sur des compétences de réseau (Grid) et de conversion de puissance (Power conversion). Ces compétences ont été fortement affaiblies ces dernières années ; et elles resteront dans le giron General Electric. Elles sont pourtant clé pour garantir la décarbonation prônée par le chef de l’État ce jeudi à Belfort. « General Electric ne va rien dépenser alors qu’ils vont se séparer dans les années à venir », redoute Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. Grégory Pastor d’ajouter : « Pour travailler sur la transition énergétique, il faut avoir du temps et des acteurs publics. »

EDF rachète la partie nucléaire de General Electric. Mais le conglomérat américain, même s’il a annoncé sa disparition à terme, reste présent en France et en Europe. À Belfort, elle se matérialise notamment avec l’entité turbines à gaz, qui emploie plus de 1 300 salariés. Et la valorisation d’1,2 milliard d’euros de Geast, dans la vente, va-t-elle « profiter aux actionnaires ou va-t-on investir en Europe », questionne finalement Grégory Pastor.

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