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Foussemagne : l’usine McPhy va-t-elle devenir une coquille vide ?

Les élus locaux craignent que l'usine McPhy de Foussemagne ne deviennent une coquille vide. | ©Le Trois – archives
Enquête

McPhy est en procédure de conciliation. Des offres de rachat peuvent être déposées d’ici au 9 mai. Le Belge John Cockerill, notamment implanté en Alsace, est sur les rails. Mais avec quelles garanties pour l’usine de Foussemagne ? Éléments de réponse.

Le 10 février 2022, Emmanuel Macron est à Belfort pour annoncer la relance de la filière nucléaire. Il confirmait, par la même occasion, une aide de 114 millions d’euros à McPhy (lire notre article), dans le cadre du Piiec (projet important d’intérêt européen commun) Hydrogène. L’une des conditions : installer l’usine de production d’électrolyseurs de forte capacité, à Belfort, territoire qui venait d’être touché par plusieurs plans sociaux du géant américain General Electric.

En juin 2024, l’entreprise inaugurait son usine à l’Aéroparc de Fontaine, à Foussemagne (lire notre article) ; elle y installe même son siège. Depuis, c’est morne plaine. Les difficiles démarrages du marché de l’hydrogène reportent les projets et l’entreprise française a du mal à faire face à la concurrence asiatique, à l’international, dans les projets industriels de décarbonation. Elle souffre d’une technologie tout juste mature. Et elle ne peut pas montrer un projet, en France, où un de ses équipements seraient installés. Ses résultats financiers ont alors dévissé. Les équipements de McPhy visent à produire de l’hydrogène pour des industries chimiques ou des raffineries, notamment.

Résultat : le 10 avril, McPhy est placée en procédure de conciliation au tribunal de commerce de Belfort. Selon nos informations, le groupe belge John Cockerill s’est positionné pour reprendre les activités de McPhy (lire notre article). Une offre pourrait être déposée avant le 9 mai. John Cockerill a l’expérience « commerciale », notent de nombreuses sources, optimistes quant à l’issue du dossier. Cela signifie aussi que l’usine ne fait pas partie des actifs de l’entreprise, dans le cas d’une reprise.

Un tiers des 114 millions d’euros versés

Les élus communistes de Bourgogne-Franche-Comté se sont étonnés de cet argent public fléché vers McPhy pour arriver à un tel résultat. De sources concordantes, McPhy n’a touché qu’un tiers des 114 millions d’euros, soit environ 30 millions d’euros ; cela correspond au prix estimé de l’usine McPhy construite dans le Territoire de Belfort. Au ralenti aujourd’hui. Mais potentiellement, rapidement opérationnelle. Les 10 millions d’euros du fonds Maugis ont bien été versés, quant à eux, en totalité, selon plusieurs sources.

Si John Cockerill rachète, qu’adviendra-t-il du montant restant du Piiec de 114 millions ? Sera-t-il versé au repreneur ? Quelles garanties pour l’usine belfortaine et l’emploi local, alors que 450 emplois étaient promis ? Quelle destination pour cette usine de pointe dédiée à la fabrication d’électrolyseurs ? Entre-t-elle en concurrence avec des unités de production de John Cockerill ? L’usine d’Aspach de John Cockerill produit des cellules, un élément de l’électrolyseur. Des électrolyseurs qui sont fabriqués en Belgique, à Seraing. Cette double entité doit produire 1 GW/an d’ici la fin de l’année.

« On fera tout pour que [l’usine McPhy] reste », assure Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en marge de la visite du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, dans le nord Franche-Comté (lire notre article). « Il faut que l’État soutienne un repreneur crédible, européen, qui s’engage à maintenir l’activité industrielle », interpelle Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort. Les élus locaux craignent que l’usine belfortaine ne soit consacrée qu’à des tests ou à du stockage. « C’est un site de premier niveau, relève Christophe Grudler, député européen Modem. C’est l’usine la plus adaptée pour fabriquer des électrolyseurs. Il y a un vrai avenir pour ce site. » Précision : McPhy n’est pas propriétaire de l’usine. Il dispose d’un crédit-bail.

Le marché industriel de l'hydrogène attend l'Europe

Christophe Grudler croit aux potentiels de la publication de l’acte délégué bas-carbone de la Commission européenne, dont la publication ne doit pas tarder, pour déverrouiller le marché industriel de l’hydrogène ; McPhy est notamment en attente du déclenchement d’un contrat, en Hollande. « Cela donne un vrai statut pour l’énergie bas-carbone, dont le nucléaire », assure-t-il. Les industriels pourront donc faire reconnaître leur production d’hydrogène à partir du réseau français, nucléarisé, et valider ainsi leur politique de décarbonation ; un élément qui fragilisait le lancement du marché industriel de l’hydrogène, dont pâti depuis plusieurs mois McPhy.

« Le but, c’est de toujours créer des filières industrielles, c’est de créer des emplois », a répondu Marc Ferracci, questionné sur le soutien aux acteurs français, sans se prononcer sur le cas McPhy. Quel sera le ton et les arguments de l’État français dans cette négociation, sachant que l’entreprise John Cockerill est une entreprise très implantée en France ; son entité John Cockerill Défense est détenue à 10 % par l’État français, depuis l’été 2024. La société est détenue par la famille Serin, de nationalité française, à plus de 80 %. Bernard Serin est même le président du FC Metz. L’entreprise compte plus d’un millier de salariés en France et 6 000 dans le monde. Son chiffre d’affaires a atteint 1,2 milliard d’euros en 2023.

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