Le Trois –

Bourogne : face à l’opposition, Trabet ouvre les portes de sa centrale d’enrobé

La centrale d'enrobé temporaire de Trabet, qu'il aménage dans la zone industrielle de Bourogne.
La centrale d'enrobé temporaire de Trabet, qu'il aménage dans la zone industrielle de Bourogne. | ©Le Trois – Loéva Claverie

Pour éteindre l’incendie, la société Trabet, qui gère le chantier de réfection de l’A36, a organisé une visite de sa centrale d'enrobé temporaire de Bourogne à la presse, ce vendredi 6 juin.

Loéva Claverie

Trois heures avant la réunion publique prévue à Morvillars, ce jeudi 5 juin (lire notre article), l’entreprise Trabet a proposé une visite privée de son site à la presse dès le lendemain matin.

Derrière les sourires et les poignées de main, une légère tension flotte dans l’atmosphère des bureaux en préfabriqués. Au matin de ce vendredi 6 juin, Trabet s’est déplacé en force. Trois directeurs de l’entreprise et le responsable du bureau d’études étaient présents pour justifier de leurs activités et répondre aux préoccupations entourant l’installation de la centrale d’enrobés temporaire dans la zone industrielle de Bourogne, pour le chantier de rénovation de l’A36, exploitée par APRR. Durant deux heures, l’entreprise a pris le temps d’essayer de rassurer sur les points de préoccupation des habitants.

Des travaux nécessaires sur l'A36

Aux contestations quant au lieu d’installation de la centrale d’enrobage, Trabet rétorque qu’elle n’a pas eu le choix du site. Parmi les vingt sites étudiés, celui de la zone industrielle de Bourogne est le seul qui répondait aux critères. L’entreprise propriétaire, Thervenin-Ducrot, a accepté de leur louer le terrain, situé à 7 km du chantier. Et des travaux étaient nécessaires, rappelle l’entreprise, notamment en raison des nids de poules, des fissures et des problèmes d’adhérence, très accidentogènes. 

Initialement souhaités par APRR à partir du 16 juin, les travaux de l’A36 ont déjà déjà pris du retard, à cause de la date tardive de décision d’attribution, puis le délai de la procédure d’enregistrement et de l’enquête publique. Les représentants de Trabet tablent sur un démarrage « au plus tard le 30 juin ».

C’est un chantier de grande ampleur qui attend Trabet : la réfection de 20 km d’autoroute dans les deux sens et sur toutes les voies, avec un rabotage de l’asphalte sur 8 cm d’épaisseur. L’entreprise s’attaquera d’abord à la section la plus dégradée, qui va d’Andelnans à Bessoncourt dans le sens Besançon-Mulhouse. Elle s’attaquera ensuite au tronçon Bessoncourt-Nommay, dans le Mulhouse-Besançon.

La carrière de Rougemont, où l’entreprise Trabet ira chercher les granulats neufs pour l’enrobé, « était la seule carrière du secteur répondant à leurs critères pour la fabrication de l’enrobé », pointe Julien Hanns, directeur de l’activité grands travaux. 

L’entreprise a déjà commencé à s’installer sur le site à Bourogne, pour gagner du temps sur le début du chantier, se justifie-t-elle. « Pas besoin d’autorisation pour s’installer sur le site. C’est un projet d’exploitation de centrale, rappelle Julien Hanns. Ce n’est pas illégal de l’installer, il ne faut juste pas tourner la clé. »

Des pollutions "atténués"

L’un des arguments des opposants à la centrale et du collectif de riverains est aussi – et surtout – la pollution. Trabet y répond en rappelant que leur usine mobile est «  de dernière génération » et répond aux exigences de l’arrêté préfectoral du 9 avril 2019. La hauteur de la cheminée du tambour a par exemple été augmentée pour passer de 13 à 17 mètres, « pour diminuer l’impact des fumées sur le voisinage, explique Éric Weimann, responsable du bureau d’étude, en charge des questions environnementales. Les fumées se concentrent sur 200 mètres autour de la centrale. »

La température lors de l’enrobage a été baissée de 190°C/180°C à 160°C/150°C pour diminuer les émissions de polluants. Quant aux fraisâts, recyclés à 50%, Trabet s’assure qu’ils ne contiennent pas d’amiante – obligation légale – et que la teneur en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ne dépasse pas les 50 mg par kilo. Sur la question de l’efficacité des filtres à manches, Trabet répond que « logiquement c’est de la vapeur d’eau qui sort avec quelques composants dus à la combustion du brûleur, qui respectent les normes de l’arrêté préfectoral ».

Et s’agissant de savoir s’il n’y aura plus des odeurs pour les premières maisons à 300 mètres et l’école, Trabet répond : « On les atténue. » Aucun dépassement des valeurs limites réglementaires n’est affiché en tout cas dans le tableau des chiffres que montre Jean-Michel Ailloud, directeur Industrie et Matériel pour Trabet. 

Dans le mélange pour fabriquer l’enrobé, l’entreprise a fait le choix, il y a quelques années, de changer de liant en passant du goudron au bitume, pour rester dans cette même logique de diminution des HAP, explique-t-elle. Les fraisats contenant du goudron, issu du pétrole, pouvaient avoir une teneur de 1000 à 10 000 mg de HAP par kilo ; au contraire du bitume, issu du charbon, bien moins polluant à ce niveau.

Un effet A69

Au-delà des critiques et interrogations, Travet avoue que le chantier représente beaucoup pour eux. Le déplacement du matériel avant le rendu de la décision de la Dreal et de la préfecture, est « une prise de risques » pour l’entreprise. Comptez environ 400 000 euros de coûts engagés pour l’installation. Et si le chantier ne se fait pas, « là on est en millions [d’euros de pertes] », dévoile Jean-Michel Ailloud. « Et il y aurait une quarantaine de personnes qui n’auraient pas d’activités jusqu’en septembre, ajoute Mouhajed Laroussi, le directeur travaux pour Trabet. Nos équipes commencent à s’inquiéter, ils ont des enfants à nourrir, des maisons à payer. »  Répartis en deux phases entre 2025 et 2026, les travaux de rénovation de l’A36 représentent la moitié du chiffre d’affaires de Trabet de son secteur d’activité « Gros travaux ». 

Entre les exigences et le calendrier du client, les véhémences des citoyens et entreprises riveraines, et soumis à la décision de la Dreal et de la préfecture, un peu d’agacement se faisait ressortir, ce vendredi, du côté de Trabet. « Il y a l’effet A69, regrette Julien Ailloud. Chacun veut faire son petit A69 chez lui. » L’entreprise affirme comprendre les inquiétudes. « C’est l’inconnu qui fait peur », compatit Éric Weimann. Dans une volonté d’honnêteté et de transparence, les quatre responsables de l’entreprise se sont dits prêts à ouvrir la porte du site à ceux qui le demanderont, riverains et élus compris.

Jeudi, la réunion publique a réuni 60 personnes et la pétition lancée en ligne a déjà recueilli plus de 700 signatures en quatre jours. L’association Ecovigie 2 appelle à un rassemblement mercredi 11 juin, à 18h, dans la zone industrielle.

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