Une nouvelle opération d’externalisation des services informatiques est dans les tuyaux (lire notre article), chez Stellantis. Elle a été annoncée ce jeudi matin, en comité social et économique (CSE), à l’échelle de la France. Après les opérations de datacenters et de réseaux en novembre 2023, ce sont certaines opérations commerciales sur les systèmes informatiques centraux et les applications informatiques locales en Europe, Amérique du Nord et Amérique du Sud qui sont concernées. Selon la direction du groupe, Stellantis est en discussion avec la société Kyndryl, comme au mois de novembre, pour externaliser cette activité. « Cette décision permettra aux fonctions TIC internes de Stellantis de mettre davantage l’accent sur le numérique, la cybersécurité, les nouveaux modèles d’affaires et les solutions axées sur le client qui propulsent notre transformation en une entreprise technologique de mobilité durable », justifie Stellantis, sans plus de précisions sur le calendrier.
De sources syndicales, ce sont 187 postes qui seront transférés à l’échelle mondiale, dont 53 en France. À l’échelle locale, 34 postes sont concernés à Bessoncourt, dont les équipes doivent être transférées à Sochaux le 1er janvier 2024, et 4 à Vesoul. Pour le site de Bessoncourt, dédié aux activités informatiques, cela représente 10 % des effectifs actuels.
"Risques majeurs"
« Ce nouveau projet vient se rajouter à de multiples vagues d’annonces anxiogènes », dénonce la CFE-CGC, dans un communiqué de presse. « Les mots s’envolent, mais les actes antisociaux restent », déplore encore le syndicat. Selon Laurent Oechsel, délégué syndical central de la CFE-CGC, les modalités de transfert de l’activité, voire des salariés afférents, n’ont pas été évoquées ce jeudi matin. Celui-ci redoute encore que Stellantis n’ait recours à l’article L.1224-1 du code du travail, qui prescrit que si une activité est transférée, les salariés sont également transférés. « La CFE-CGC exprime sa désapprobation, sur l’usage une fois de plus de l’article L1224-1 si la Direction souhaitait le mettre en œuvre car contraire à nos accords », poursuit le syndicat. « Nous avons signé un Dispositif d’adéquation des Emplois et Compétences qui exclut les mobilités et les départs forcés afin de privilégier le volontariat », rappelait, en novembre 2023, le syndicat.
Aujourd’hui, la CFE-CGC se demande jusqu’où ira le groupe dans ces externalisations progressives, qui ne sont, selon lui, que des « décisions (…) financières à court terme ». Dans un rapport d’experts que le syndicat a commandé, celui-ci pointe « un risque majeur de perte de compétences et de risque industriel ». « Ces multiples situations successives alimentent un sentiment de démotivation et d’inquiétude sur l’avenir de nos sites en France », alerte le syndicat, comme l’a montré une manifestation à Bessoncourt, le 20 juin (lire notre article).
Sur le transfert, Stellantis s’engage « à agir de manière responsable envers ses employés », « en soutenant leur transition en coordination avec le fournisseur sélectionné ». Il mettra à disposition des plateformes de formation pour garantir l’intégration.