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GE : les syndicats dénoncent des transferts de technologie vers l’Inde

Élément d'une turbine à gaz 9HA de General Electric, à Belfort, en 2015. | ©Le Trois – archives
Élément d'une turbine à gaz 9HA de General Electric, à Belfort, en 2015. | ©Le Trois – archives
Enquête

Sud Industrie et la CFE-CGC de l’entité turbines à gaz de General Electric dénoncent, dans un tract distribué aux salariés, un transfert de technologie vers un énergéticien indien, BHEL. Ils estiment que c’est un « pillage » des « savoir-faire ».

Le 15 février, la direction de l’entité turbines à gaz de General Electric a annoncé aux partenaires sociaux la signature « d’un accord de transferts de technologie (Tala4) avec BHEL, constructeur de turbines à gaz indien », peut-on lire dans un tract distribué aux salariés. BEHL, pour Bharat Heavy Electricals Limited, est un constructeur indien de centrales électriques, fondé en 1964 par le gouvernement indien.

Sud Industrie et la CFE-CGC dénoncent « un pillage » des « savoir-faire ». Les deux syndicats critiquent le fait que General Electric cède des « plans d’outillage », des « gammes de fabrication » et bien d’autres documents « de méthode développés par [leurs] soins ». Le tout, « sans aucune rétribution », s’étranglent-ils, ce qu’ils estiment illégal. Le tract dénonce également le peu d’informations fournies au sujet de ce transfert de technologie, seulement « deux pages très sommaires ». Ce transfert est la 4e reconduction d’un accord né dans « les années 1990 », indique-t-on. L’entreprise indienne communiquait sur cette extension dès juillet 2024 (à lire ici).

Préoccupations

Les syndicats considèrent que ces transferts technologiques supplémentaires rendent cette entreprise partenaire « de plus en plus autonome dans la réalisation et la vente en Inde et dans une cinquantaine de pays », détaillent-ils. Elle pourra ainsi fabriquer et commercialiser « toutes » les turbines du groupe « y compris les dernières générations et les 9HA pourtant stratégiques pour le groupe ». Selon un salarié, si la demande interne de turbines à BEHL – notamment par le gouvernement indien ou par des pétroliers qui peuvent acquérir cet équipement – est conséquente, il serait ainsi rentable pour l’entreprise d’investir pour produire plus de turbines, la positionnant « comme une alternative vraiment crédible à Belfort ». « Si en Inde, on est capable de produire la dernière génération de turbine, quelle place laisse-t-on à Belfort, d’autant plus que le périmètre de cet accord concerne une cinquantaine de pays », questionne alors un syndicaliste. « Nous sommes préoccupés par les conséquences qu’aurait ce projet sur la pérennité du site [de Belfort] », s’inquiète un syndicaliste, joint par téléphone. Un dernier représentant du personnel de poursuivre : « On voudrait fermer Belfort qu’on ne s’y prendrait pas autrement. »

La CFE-CGC et Sud Industrie estiment que les dirigeants de GE « scient la branche sur laquelle [ils sont] assis ». Ils avaient déjà jugé avec circonspection la nomination de la nouvelle direction (lire notre article), en début d’année. Selon eux, le nouvel organigramme fragilisait encore le site de Belfort.

Menaces de la direction

Lorsque les syndicats ont annoncé à la direction leur intention de communiquer sur ce projet, celle-ci a menacé d’un recours en justice. « Nous n’hésiterons pas à intenter une action en justice en vue de la réparation du préjudice subi si malgré notre interdiction vous diffusiez ces informations », peut-on lire dans un mail consulté par Le Trois. Elle précise que ces informations revêt « un caractère confidentiel ». La direction justifie aussi que « ce projet ne constitue pas une menace pour le futur de l’activité de GE EPF (l’entité belfortaine, NDLR) ». Dans un autre mail envoyé à l’ensemble des salariés à la suite de la diffusion du tract, consulté par Le Trois, elle indique « que la diffusion de ces informations donnerait à la concurrence des renseignements stratégiques et préjudiciables à l’entreprise ». Puis précise : « Il est impératif que vous ne diffusiez pas ces informations en dehors de l’entreprise. » Le sujet génère beaucoup de tensions. Des épisodes judiciaires sont à envisager.

« En raison de la confidentialité entourant tout contrat commercial, nous ne sommes pas en mesure de fournir davantage de commentaires ou de détails, répond General Electric, sollicité sur le dossier. GE Vernova s’engage à protéger les informations confidentielles et à préserver ses sites industriels. »

Le conglomérat américain est engagé dans une scission de ses activités. L’aéronautique, le médical et l’énergie vont, à terme, être totalement séparés. Le décollage de la partie énergie prévu en 2024, connue sous le nom de GE Vernova, est délicat. À Belfort, l’entité turbines à gaz emploie quelque 1 300 personnes selon un syndicaliste.

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