La taille d’un A380
Le bâtiment mesure plusieurs dizaines de mètres de haut, avenue de la Découverte, à Belfort, au cœur du Techn’Hom. C’est dans l’historique pôle industriel de la cité du Lion qu’est assemblée la turbine à vapeur Arabelle, qui revient sous pavillon français depuis son rachat par EDF, ce vendredi 31 mai (lire notre article). Un fleuron industriel. L’ensemble du système, qui comprend les différents étages de la turbine et son alternateur, est comparable à la taille d’un avion Airbus A380, le plus grand aéronef de l’avionneur européen, soit plus de 70 mètres. Le diamètre de son rotor basse pression mesure 8 mètres pour le modèle installé en Angleterre, dans la centrale d’Hinkley Point, en cours de construction dans le sud-ouest du pays.
Alstom RAteau BELfort LE Bourget
La turbine à vapeur Arabelle tire son nom d’un acronyme, Alstom RAteau BELfort LE Bourget ; un établissement du Bourget d’Alstom a aussi travaillé sur la turbine avant que les activités soient rapatriées à Belfort mais l’héritage est conservé dans le nom. Auguste Rateau (1863-1930) est un ingénieur, industriel et « père » de la turbine à action, dont la turbine Arabelle tire certaines de ses caractéristiques. La turbine est principalement fabriquée à Belfort, d’où l’évocation de la cité du Lion. La société Rateau a été intégrée à Alstom en 1976. Ses locaux de La Courneuve, rue Rateau, sont toujours intégrés à la société qui fabrique la turbine Arabelle, dont l’entité juridique est aujourd’hui Arabelle solutions. Son développement a débuté à la fin des années 1970. Elle équipe les centrales françaises depuis le palier N4 (à Chooz, dans les Ardennes, et Civaux dans la Vienne), dont l’exploitation commerciale a débuté au début des années 2000 ; elle équipe aussi l’EPR de Flamanville (Manche). C’est Arabelle qui a, également, été plébiscitée par les Anglais et les Chinois pour les centrales nucléaires d’Hinkley Point et de Taishan.
Fiabilité de 99,96 %
La turbine à vapeur transforme l’énergie thermique, générée par la fission nucléaire, en énergie mécanique, par le passage de la vapeur dans les différents étages de la turbine, actionnant ainsi l’équipement. Celui-ci engage un alternateur, qui produit alors de l’énergie électrique, sur un schéma similaire à celui d’une dynamo de vélo. « Pour les centrales nucléaires de grande puissance, elle est la meilleure turbine à vapeur du monde », confie un spécialiste. La turbine à vapeur Arabelle tourne à demi-vitesse. On enregistre 1 500 tours à la minute. Cette demi-vitesse améliore l’efficacité́ de l’équipement, en limitant notamment la corrosion et en augmentant son rendement, qui est 2 % plus élevé́ que celui de ses concurrentes. Elle déploie une puissance d’1,7 GW. Et revendique une fiabilité́ de 99,96 %. Toutes ces caractéristiques font d’Arabelle un équipement stratégique pour la souveraineté́ énergétique française.