« Je suis tellement fier de mes potes. » Sur la scène de la plage, ce vendredi soir, ils sont nombreux, comme Thiébaud, à ressentir cette fierté pour Thomas, Louis et Théo, du groupe Caesaria, en train de se produire sur scène. Ce sont des potes. Des parents. Ils applaudissent la performance des enfants du pays. Les trois jeunes hommes sont originaires de Belfort ; ils vivent aujourd’hui à Strasbourg. Jouer aux Eurockéennes revêt forcément un truc particulier. La première fois qu’un grand festival les programme. Qui plus est, sur la mythique scène de la plage. « C’est notre scène préférée », convient Thomas, le bassiste. « Tu connais d’autres scènes sur l’eau comme ça », interpelle-t-il? « Celle où il n’y a pas de boue », ajoute-t-il, avec un grand sourire. On connait tous le dicton. Pas d’Eurock sans pluie.
Initialement, Caesaria devait jouer à la Loggia. Un désistement les propulse sur le devant de la scène. « On l’a appris il y a une semaine, dans le van », raconte Thomas. Après avoir eu la joie d’être programmés au festival belfortain, c’est la deuxième belle surprise, pour ces trois hommes qui se sont rencontrés sur les bancs du collège, à Sainte-Marie, à Belfort. L’année est chargée pour ce groupe indépendant, professionnel depuis trois ans. Au mois de mai, ils ont sorti leur 2e album, qui propulse dans l’univers mancunien du célèbre bar L’Hacienda. Du rock, qui fait danser. Ça sent la bière. Les briques rouges. L’ambiance populaire des pubs anglais. « On adore cette culture », glisse Louis. On parle de foot. Évidemment. De la rivalité entre Manchester United et Liverpool FC, alors que Thomas exhibe un tatouage, sur le bras, « YWNWA », clin d’œil à la devise du club du bord de la Mersey, You will never walk alone. De cet esprit mancunien, le groupe retient l’idée de la fête. Et leur musique rend hommage à ce rock dansant. « C’est notre philosophie, de regarder sans se poser trop de questions. De kiffer ensemble. » Leur musique mixe « le meilleur de leurs références anglo-saxonnes » indique le festival. D’ajouter : « La bande délivre un “club-rock”, entre fraîcheur dance-punk et synthétisme new wave, taillé pour la scène et les dancefloors. » Le groupe a programmé une tournée à l’automne en Angleterre pour ressentir cette ambiance.
« Ils m’ont bluffé »
Pour Kem Lalot, le programmateur (lire notre article), c’est la bonne année pour les glisser dans la programmation du festival. Ils sont prêts. « C’est un groupe sur lequel on a un p’tit œil depuis longtemps », convient-il. « Ils ont bien digéré leurs influences et proposent un truc très personnel », détaille Kem, quelques heures avant leur concert. « Ils ont pris du galon. Ils m’ont bluffé et ils jouent vraiment très bien. » Quand l’occasion s’est présentée de les monter d’un cran, il n’a pas trop hésité. L’histoire est belle.
Sur scène, Théo, Thomas et Louis ont sûrement eu des flashbacks de leurs premières Eurockéennes, à 13 ans, en 2006. « Il y avait Daft Punk », se souvient Théo. Un tas d’anecdotes a dû remonter à la surface. Comme celle où Théo a toqué chez son voisin, Thomas, en lui proposant de créer un groupe. Ils étaient encore ados. Il lui a proposé d’être bassiste, car il avait « de gros doigts ». L’histoire les fait encore sourire. La suite, on la connait. Une décennie plus tard, le groupe perce. Et c’est devant son public que cela se formalise. « Ce soir, je ne ferai que t’aimer davantage », dit leur nouvel album, Tonight will only make me love you more. Dans le public, leurs proches ne diront pas autre chose.