Début 2024, le parquet de Nice a ouvert une enquête préliminaire à l’encontre du rappeur Freeze Corleone pour « apologie du terrorisme » ; il faisait des références, dans une chanson, à l’attentat du 14 juillet 2016, à Nice, qui a provoqué la mort de 86 personnes et blessé 458 autres. Avant cette enquête, une autre avait été ouverte pour des paroles jugées antisémites, faisant l’apologie du nazisme et du terrorisme. Elle avait été classée sans suite, jugeant que les faits étaient prescrits. À l’époque, la ville de Rennes avait tenté de faire annuler le concert, ce qui n’avait finalement pas été autorisé par le Conseil d’État. Freeze Corleone est produit par l’agence Survolta.
Plusieurs concerts ont été interdits par des préfectures, ces derniers mois, notamment à Lille, Nantes ou encore Lyon, après la sortie du morceau mentionnant l’attentat de Nice. Le rappeur vient d’être programmé aux Eurockéennes (lire notre article), à la suite du désistement d’Ultra Vomit et de Uncle Waffles.
Le député du Rassemblement national Guillaume Bigot du Territoire de Belfort demande aux autorités de déprogrammer l’artiste, dénonçant ses « propos antisémites, complotistes et faisant l’apologie du terrorisme ». Il a saisi le ministère de la Culture, celui de l’Intérieur ou encore la préfecture du Territoire de Belfort. « Le festival est largement subventionné par les collectivités locales (Grand Belfort, Département du Territoire de Belfort, Région Bourgogne-Franche-Comté) et, qu’à ce titre, l’argent du contribuable ne saurait financer un artiste dont les textes bafouent les valeurs républicaines, ainsi que la mémoire des victimes du terrorisme et de la Shoah », écrit-il dans un communiqué de presse.
Les Eurocks ne veulent pas prendre part à des polémiques de partis
« Fidèles à ses valeurs associatives et éloignées des polémiques, les Eurockéennes ne souhaitent pas prendre part à un débat de parti politique », réagit le festival dans un mail adressé à notre rédaction. « Le festival précise toutefois que les subventions, qui représentent 5 % de son budget, ne sont pas fléchées sur la programmation artistique mais sur des actions territoriales, sociales et culturelles », ajoute-t-il.
Récemment, un collectif de fils et de filles de résistants s’est offusqué de la récupération politique de la symbolique de la Résistance par le Rassemblement national, alors que la formation politique dont il est l’héritier – le Front national – a été fondé par d’anciens Waffen SS (lire notre article). Ce collectif dénonce une révision de l’histoire. Le député s’en était ému. « Je tiens à réaffirmer le fait que je suis adhèrent du Rassemblement National et non du Front National, parti auquel je me suis toujours opposé, en raison des outrances inacceptables de Jean-Marie Le Pen », avait-il écrit dans sa réaction.
Si les statuts du parti ont bien été modifiés (la dernière fois en 2022 selon son site Internet), le lien entre les deux est clair. Selon le registre national des associations (lire ici), le Rassemblement national a bien été créé le 27 octobre 1972, date de création du Front national, lorsque ses statuts ont été déposés en préfecture. « Je suis et resterai un fervent héritier de la pensée gaulliste et non celle du traitre Pétain comme ces personnes tentent de le faire croire, se défend toutefois Guillaume Bigot, dans sa réaction. Le RN est aujourd’hui le parti qui défend le mieux cette ligne populaire et patriote qui considère que la politique de notre pays doit être à la main du peuple français. »
Mediapart a exhumé récemment des écrits racistes, antisémites et homophobes de la députée Caroline Parmentier, qui écrivait dans le journal pétainiste Présent.