Amoureux du verbe, polyglotte, le rappeur brésilien Big Papo Reto transmettra aux festivaliers toute sa philosophie teintée de rencontres, de partage et de diversité. Ce compagnon de route du Belfortain Pihpoh, qui a chanté avec Jeanne Moreau, est une personnalité attachante, à retrouver sur les scène du Fimu ce week-end. Portrait d’un poète des temps modernes.
Amoureux du verbe, polyglotte, le rappeur brésilien Big Papo Reto transmettra aux festivaliers toute sa philosophie teintée de rencontres, de partage et de diversité. Ce compagnon de route du Belfortain Pihpoh, qui a chanté avec Jeanne Moreau, est une personnalité attachante, à retrouver sur les scène du Fimu ce week-end. Portrait d’un poète des temps modernes.
« Papo est magnifique ! » Le compliment est signé de l’icône Jeanne Moreau sur le plateau de Vivement dimanche prochain, l’émission de Michel Drucker, sur France 2, en 2011. Big Papo Reto venait de tourner un clip avec l’artiste française ; ils avaient remasteurisé le morceau Le Nombril, sorti initialement en 1981. Le sourire qu’il affiche à l’époque n’a toujours pas quitté son visage. Cet artiste brésilien sera sur la scène de l’Arsenal, ce samedi 11 septembre, à 14 h 45.
À l’époque, quand on lui propose cette performance, il ne sait pas avec qui il va chanter. Juste avant de rencontrer Jeanne Moreau, il rédige 16 lignes dans le métro. Quasi de l’improvisation. Mais pas besoin de plus. Entre les deux, ça matche. Quand il s’installe à la terrasse d’un café avec l’artiste pour boire un chocolat, il comprend mieux qui elle est ; Jeanne Moreau est constamment sollicitée pour un autographe.
À 41 ans, le natif de Rio de Janeiro, originaire de la Favela (quartier pauvre) Morro Do Encontro, joue constamment avec les mots et les sons. On peut le qualifier de rappeur. On pourrait aussi penser à un slameur. Lui se définit « comme un poète ». « Je n’ai pas de barrières », confie-t-il. Il pioche dans le rap, dans la samba, dans la funk… Mais son truc, ce n’est pas que la musique. C’est surtout « le message », insiste-t-il. Un message qu’il est capable de chanter en brésilien, italien et français. Il le fait aussi en japonais, une langue avec laquelle il adore s’amuser. Une langue qu’il a entendue dès sa plus tendre enfance, à la TV, avec les mangas, très diffusés au Brésil.
« On n’a rien, mais on le partage »
Cet artiste iconoclaste, amoureux du freestyle, est même capable d’improviser dans une langue qui n’est pas la sienne. Le résultat est ahurissant. Son DJ portugais qui l’accompagne à Belfort se souvient qu’une fois, dans un club de Lisbonne, il avait tenu le micro pendant plus de 15 minutes. « Faites-le commencer et il ne s’arrête pas », sourit son DJ. Il chante et laisse s’exprimer les mots. Sans cesse. Surtout, il est « sérieux » avec les mots. « Attentif. » « J’ai commencé à chanter avant de savoir écrire, confie cet artiste qui réside aujourd’hui à Amsterdam (Pays-Bas). J’utilisais des mots que je ne savais pas écrire, voire que je ne connaissais même pas le sens. » Il a appris à écrire vite, puis à aider sa mère, illettrée, à apprendre également.
Le Carioca a découvert Paris pour la première fois en 2005. On avait fait venir cet ancien prof de tennis à La Favela Chic, un club de la capitale, place de la République, aux couleurs du Brésil. C’était l’année de ce pays latino-américain en France. C’est aussi en 2005 qu’il rencontre Pihpoh, un rappeur Belfortain. « Je faisais un freestyle dans le quartier Jaurès. Pihpoh habitait en face… » se souvient Papo. Il l’a entendu. La curiosité a fait le reste. Et une amitié est née. Plus tard, Pihpoh est parti au Brésil et Papo l’a accueilli. C’est comme ça que le poète a commencé à apprendre le français, une langue avec laquelle il s’amuse tant aujourd’hui. Les deux ont collaboré sur plusieurs morceaux. Il est déjà venu à Belfort, à La Poudrière, confie-t-il.
Avec sa musique, avec son rap, il veut toucher « les enfants et les anciens ». Il insiste sur « la responsabilité », de l’artiste et ne se voit pas faire une vidéo en arborant un joint à la main. Dans ses chansons, il parle de sa vie, de ses expériences. Il peut parler du temps comme sensibiliser à l’équilibre écologique. Du Brésil, il veut transmettre « cette hospitalité du pauvre ». Dès que tu arrives, tu fais partie de la famille. « La confiance, tu l’as déjà », explique-t-il. Elle ne se gagne pas. Il met en avant « le partage ». « On n’a rien, mais on le partage », insiste Papo dont la joie est si communicative. Et lui partagera son plaisir des mots. Sa poésie de vie.
Samedi 11 septembre, 14 h 45, scène de l’Arsenal ; dimanche 12 septembre, 16 h, scène de la République.