« C’est un savoir-faire français unique et plus que centenaire qui menace de disparaître si aucune solution de reprise n’est trouvée d’ici à fin janvier », alerte Rodolphe Gomis, élu CFE-CGC. « L’éloignement des centres de décision constitue sans doute un point faible de certains établissements industriels » jurassiens, pointe Denis Prat, directeur de l’antenne départementale de la Banque de France.
MBF Aluminium, à Saint-Claude, revendique en revanche le soutien de son actionnaire, le Britannique CMV. « Il a mis 12 millions d’euros de caution en 2018 pour notre dernier gros investissement », relève la directrice générale Adeline Munarolo. Mais « c’est le non-respect des engagements de commandes de Renault » qui hypothèque l’avenir du site de 260 salariés, selon sa dirigeante. Fait insolite, elle a organisé une manifestation pour la défense de ces emplois le 15 octobre.
« La covid, c’est un prétexte qu’ont pris des employeurs lointains pour rayer des sites de la carte et masquer leurs erreurs stratégiques », juge Richard Dhivers, secrétaire général de l’union départementale CGT. Autre handicap selon M. Dhivers, « le patronat local manque de volonté pour développer la formation et prendre les virages technologiques ». Dans l’industrie de la lunette – une tradition jurassienne –, une « grappe » d’industriels se constitue toutefois entre les nombreuses PME locales, pour développer des activités comme la « robotique de précision », signale David Philot, préfet du Jura.