La direction de l’entité turbines à gaz de General Electric et deux syndicats, Sud Industrie et CFE-CGC, ont signé un accord permettant d’éviter les délocalisations de 40 000 heures d’activités. En contrepartie, des efforts sont demandés aux salariés.
La direction de l’entité turbines à gaz de General Electric et deux syndicats, Sud Industrie et CFE-CGC, ont signé un accord permettant d’éviter les délocalisations de 40 000 heures d’activités. En contrepartie, des efforts sont demandés aux salariés.– mis à jour le 18 juin à 10h49
Il était temps ! Le rideau vient de tomber sur cet énième épisode de la saga General Electric. En pleine crise sanitaire, la direction de l’entité turbines gaz avait lancé le projet de transférer 40 000 heures de travail, notamment en Arabie saoudite et aux États-Unis.
Finalement, l’usine belfortaine conserve un volant de 33 000 heures. 7 000 heures seront au maximum sous-traitées par le site belfortain, en fonction des retards enregistrés ou non. Selon la pièce concernée par le retard, on fera appel à un fournisseur. Ce sera soit le Haut-Saônois RFPM, installé à Villers-sur-Port, soit Abrasive Form, installé près de Chicago, aux États-Unis. La différence, c’est que Belfort reste le donneur d’ordre.
8 jours de RTT reportés en 2021
En contrepartie, l’accord prévoit que 20 samedis consécutifs soient travaillés, par une vingtaine de salariés volontaires, que 8 jours de RTT soient reportés en 2021 – dont la moitié peut-être monétisé par les salariés – et que des intérimaires viennent renforcer les équipes jusqu’à la fin de l’année. L’intersyndicale se dit vigilante à ce que ce ne soit pas une minorité qui soit contrainte de faire ces heures supplémentaires.
« Cet accord montre la détermination et la volonté́ des salariés de retrousser les manches et de faire les efforts nécessaires pour maintenir et développer l’activité́ du site de Belfort », se réjouissent Sud Industrie et la CFE-CGC, les deux syndicats signataires, dans un communiqué de presse commun. « GE GAS se félicite de l’accord obtenu ce jour avec les organisations syndicales, qui permet de maintenir une part substantielle – plus de 80%, soit 33 000 heures – de la charge à Belfort, suite aux retards accumulés dans ce contexte de crise », confie pour sa part la direction dans un communiqué de presse. Et de rappeler : « [Les organisations syndicales] ont pris des engagements nécessaires au maintien de la production, qui devront être mis en œuvre. »
La CGT dénonce un article… modifié
Sans surprise, la CGT n’a pas signé cet accord. Elle n’a montré son mécontentement que ce vendredi matin. « Après lecture du document, la CGT est en mesure d’annoncer que le dispositif est une arnaque complète », dénonce le syndicat, dans une pétition lancée pour ne pas toucher aux congés. Le syndicat évoque un problème dans l’accord, à l’article 3. « Sous le sceau des conditions résolutoires, la direction garde toute latitude pour transférer quand elle veut le travail ! » dénonce la CGT. Ce qui était vrai… jusqu’à ce vendredi matin. Cet article est conservé mais il a été modifié en fin de matinée confirme une source syndicale. « C’est le point sur lequel on discutait depuis deux jours. C’était inacceptable », confie Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC, et secrétaire du comité social et économique (CSE).
« Nous défendrons nos droits, nous exigeons le maintien et la prise de nos jours de congés et d’RTT acquis sans contrepartie et nous utiliserons tous les moyens nécessaires et utiles dans le cadre du rapport de force », prévient toutefois la CGT dans son tract.
Tous les syndicats sont d’accord pour dire que cette délocalisation aurait « dégradé la compétitivité » du site de Belfort. L’enjeu, dorénavant, est de discuter le projet industriel. « L’intersyndicale attend du groupe américain des engagements en termes d’emplois, d’investissement et de budget de développement sur les 10 axes du projets industriels lors de la prochaine réunion du comité paritaire de suivi des accords du 21 octobre 2019, qui se déroulera le mercredi 24 juin à Bercy », concluent Sud Industrie et la CFE-CGC. L’épisode de ce projet de transferts a sûrement fait perdre beaucoup de temps. Mais un syndicaliste, souhaitant conserver l’anonymat, de susurrer : « Il est de bon ton de signer cet accord avant d’aborder le projet industriel, pour montrer aux Américains qu’il y a des discussions avec les organisations syndicales. »