Depuis son rachat de la branche Énergie d’Alstom, en 2015, 3 000 emplois ont été supprimés en France par General Electric estime le syndicat CFE-CGC. Et ce décompte ne recense pas les plans sociaux en cours.
Depuis son rachat de la branche Énergie d’Alstom, en 2015, 3 000 emplois ont été supprimés en France par General Electric estime le syndicat CFE-CGC. Et ce décompte ne recense pas les plans sociaux en cours. – mis à jour le 21 novembre à 17h45 (General Electric a finalement adressé un communiqué de presse).
Le syndicat CFE-CGC a fait les comptes. En 2014, General Electric, ce sont 11 000 collaborateurs, et Alstom Énergie, qui va alors être racheté, ce sont 9 000 collaborateurs, soit 20 000 personnes. Rapidement, 4 000 salariés ne font plus partie du giron du géant américain ; leurs activités sont cédées. Le chiffre de référence devient 16 000 salariés.
Selon la CFE-CGC, à la suite des différents plans sociaux des dernières années en France (turbines à gaz, Hydro, Steam), General Electric ne compte plus que 13 000 salariés aujourd’hui. Ce sont les chiffres notés par les représentants du personnel à la suite d’une réunion du comité de groupe France, organisée mercredi et jeudi. Cela représentent 3 000 emplois supprimés, selon le syndicat, par General Electric, en France.
Sollicitée, la direction de General Electric n’a pas répondu dans premier temps. Un communiqué de presse a été envoyé ce samedi après-midi. « GE est un industriel de premier plan en France, présent depuis plus de 100 ans et employant plus de 13 000 salariés sur ses 17 sites sur le territoire », écrit-elle dans ce communiqué. « GE rappelle également que 90% de sa production en France est dédiée à l’export, contribuant significativement à la balance commerciale du pays », poursuit le communiqué. Le géant américain ne se prononce pas sur le calcul de la CFE-CGC pour obtenir les 13 000 emplois.
Dans une note complémentaire de l’industriel, il est précisé que « l’effectif officiel de GE en France, tel que validé par VIGEO et approuvé par le gouvernement en 2015, était de 14 628 personnes à la clôture de l’opération GE/Alstom ». Une donnée qui contredit les 16 000 salariés relevés par la CFE-CGC ; une manière d’amoindrir également le recul de l’emploi et la suppression de 3000 postes tel que dénoncé par le syndicat catégoriel. Il n’y a toutefois pas de précision sur le périmètre concerné. Sur son site Internet français, GE avance toujours le chiffre de 16 000 salariés. C’est qu’il a forcément représenté quelque chose lors des cinq dernières années.
« Contrairement à ses promesses, GE a détruit des milliers d’emplois en France »
« Sur ces 13 000 (détail ci-dessous, NLDR), 800 sont des inactifs », prévient également Philippe Petitcolin, secrétaire-adjoint du comité groupe France de GE, de la CFE-CGC, secrétaire du comité social et économique (CSE) de l’entité turbines à gaz, à Belfort. Ce sont par exemple des salariés en pré-retraite, partis avec des mesures d’âge lors de plans sociaux. À cette donnée, il ajoute les plans en cours : « Chez Grid, 580 postes sont délocalisés en Chine, Inde, Turquie, Allemagne, Royaume-Uni et Italie ; chez Hydro, 135 postes sont délocalisés en Inde, Chine et Turquie et on ferme le site de Belfort. » Il évoque aussi une centaine de postes supplémentaires dans trois autres entités (le détail ci-dessous). Le groupe va dorénavant compter entre 11 000 et 12 000 collaborateurs en France. Soit une baisse de plus de 25 % de ses effectifs en quelques années.
« Bientôt, on sera autant à General Electric qu’avant la fusion avec Alstom », déplore Philippe Petitcolin, alors qu’ils ont intégré les anciennes activités d’Alstom. « Contrairement à ses promesses, GE a détruit des milliers d’emplois en France. » Selon le représentant syndical, « ce n’est que le début ».
GE en France
Power, regroupant Power conversion, les turbines à gaz, et l’activité nucléaire & charbon – 5 308 salariés
Renouvelable, regroupant l’éolien offshore et onshore, l’hydro et les réseaux (Grid) – 3 918
Santé (Healthcare), 2 958 salariés
Autres: aviation, corporate, supports – 770
* Comme répartition, General Electric avance ces données : 30 % dans le secteur des énergies renouvelables, 42 % dans le secteur de l’électricité, 22 % dans le secteur des hydrocarbures, 6 % dans les autres secteurs.
Des recrutements sont enregistrés chez Wind, l’activité éolienne appartenant à l’entité Renouvelable, dirigée par un Français, Jérôme Pécresse. General Electric relève que près de 1 000 personnes ont été embauchées dans le secteur des énergies renouvelables depuis 2015, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Cherbourg (Manche). Ce sont essentiellement des emplois dans la « production », note le syndicaliste. Il rappelle qu’il y a déjà eu des plans sociaux dans cette entité Wind pour les activités « commerciale et ingénierie ». L’activité Wind pèse près de 500 personnes estime Philippe Petitcolin, sur les 4 000 personnes que compte la branche Renouvelable en France. Une goutte d’eau estime-t-il.
« GE n’a pas compris ce qu’était Alstom »
Après ce constat chiffré, la CFE-CGC a fait le tour des entités, dont les contours sont peu reluisants. « On ne peut que constater le désastre », relève Nadine Boux, secrétaire adjointe du comité social et économique du site Hydro de Grenoble, de la CFE-CGC. Les deux représentants du personnel dénoncent les logiques de « délocalisation » et de « régionalisation » des activités de General Electric, mais aussi l’absence « d’investissements ». General Electric prétend de son côté qu’il investit « de manière continue chaque année », sans indication de montant. « On paie les pots cassés », résume Nadine Boux. Le géant américain modère en disant que 100 postes de recrutement sont ouverts aujourd’hui en France.
« GE n’a pas compris ce qu’était Alstom », regrette-t-elle. Une entreprise où l’on fait une gestion par projet, non pas par produit. Pourtant, des contre-exemple existent, comme Power Conversion, près de 1 000 salariés, dont 198 à Belfort. Cette entité, spécialisée dans la conversion de puissance, qui équipe notamment les porte-avions nucléaires et les sous-marins nucléaires, a réussi a quitté ce carcan méthodologique de General Electric, pour retrouver une autonomie budgétaire et industrielle. En arrivant en 2015, « General Electric a appliqué son canevas financier et la régionalisation et délocalisé l’engineering. Ce qui était très profitable a été en très grande difficulté », rappelle Philippe Petitcolin. Avec sa nouvelle autonomie, les perspectives reviennent et les projets sont de retour. Ce côté « village gaulois », fait des envieux.
Du côté d’Hydro, à Belfort, on essaie par exemple de monter un projet alternatif à la fermeture du site, où 89 postes sont menacés. La question n’est pas de racheter l’activité, « mais de l’exercer à notre compte », confie un élu du personnel : ingénierie, gestion de projet, achat, mise en service, support technique et commerciaux, conception… Le business plan doit être finalisé et présenté la semaine prochaine.
Les restructurations en cours
GRID (réseaux) : 580 emplois délocalisés de Villeurbanne, Saint-Priest, Aix-les-bains, Monptellier, Boulogne, Massy, vers la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni
HYDRO (barrage hydroélectric) : 135 emplois délocalisés (dont la fermeture du site de Belfort) de Belfort, Boulogne, Grenoble en Inde, Chine, Turquie
IS&T (informatique) : 107 emplois délocalisés de Belfort, Boulogne vers la Hongrie et l’Inde
GOF (fonction RH) : 25 emplois délocalisés de Belfort, Boulogne vers l’Egypte
GEII (AVIATION) : 25 postes supprimés