mis à jour le 2 février à 21h35
« La fierté ne permet pas d’acheter du pain. » André Fages, délégué syndical CFE-CGC à Alstom, à Belfort, est remonté. Comme ses homologues de la CGT, de Force ouvrière ou de la CFDT, il est remonté contre les propositions de la direction dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), dont le premier round s’est tenu ce jeudi matin. Pour les ouvriers et les techniciens (Atam), elle propose une augmentation générale de 4 %, avec un talon à 80 euros et pas d’augmentations individuelles. Pour les ingénieurs et les cadres, l’augmentation générale est à 2 % et l’augmentation individuelle (donc non systématique) à 2 %. Près de 70 personnes se sont regroupés dans la cour de l’usine, ce jeudi midi, pour écouter les retours des syndicats et écouter l’appel à la grève, lancé pour le mardi 7 février, le même jour que pour la mobilisation contre la réforme des retraites, à la veille du second round des NAO, programmé le mercredi 8 février.
La demande de revalorisation était fixée à une augmentation générale à 10 %, pour être supérieure à l’inflation, « de l’ordre de 7 % », rappelle André Fages. « C’est très loin de répondre aux attentes des salariés », déplore Eddy Cardot, de la CGT. Les syndicats rappellent également que les précédentes négociations ont été minimales, d’abord du fait du covid-19, puis du rachat de Bombardier, et qu’ils attendaient plus. « On peut comprendre, quand l’entreprise ne va pas bien, que l’on fasse des économies sur les augmentations, convient Alain Lugenbuhler, de la CFDT. Mais là, le carnet de commandes est plein, le p-dg se glorifie de la situation, adresse des compliments mais dès que l’on veut discuter des rétributions, les portes se ferment. C’est incompréhensible. » Et d’ajouter : « Ce sont des économies sur le dos des salariés. » André Fages rappelle lui la forte augmentation des membres de l’équipe dirigeante d’Alstom, de l’ordre de 78 % en moyenne (lire notre article). « C’est deux poids deux mesures », dénonce André Fages. Les syndicats se comparent aussi à d’autres entreprises de la métallurgie, où les augmentations ont été bien plus conséquentes.
« Allez convaincre vos collègues »
« On serait un peu plus heureux si on avait un peu plus de reconnaissance pécuniaire », sourit-il. « C’est un mépris total », scande Eddy Cardot aux salariés rassemblés, peu avant la reprise du travail à la suite de la pause méridienne. « On va leur montrer le 7 février », glisse-t-il. « Allez convaincre vos collègues », ajoute-t-il également.
Les syndicats veulent profiter de ce temps de contestation sociale pour alerter également sur « des conditions de travail de plus en plus difficiles ». La tension est forte dans les ateliers. On dénonce des pressions de l’encadrement pour ne pas faire grève, des situations de détresse de salariés. Ce mercredi, les salariés de chaudronnerie ont même déposé les outils pour manifester leur mécontentement face à l’attitude d’un encadrant, qui a pris ensuite à partie les mécontents en les qualifiant de « moutons ». « Les gens ont peur de s’exprimer », dévoile Eddy Cardot, qui évoque « des représailles ».
L’usine compte environ 500 personnes salariées Alstom, auxquelles s’ajoute un volant d’une bonne centaine d’intérimaires et de prestataires. Le mouvement de contestation touche aussi les sites de La Rochelle ou encore de Tarbes, témoigne André Fages.
“Les Organisations Syndicales ont présenté leurs revendications à la Direction qui a donné ses premières orientations dans un contexte inflationniste qui se poursuit, impactant tous les collaborateurs, et de forte hausse des coûts de production”, a commenté ce jeudi soir la direction d’Alstom par communiqué. “Les mesures présentées lors de cette première réunion témoignent de la volonté de la Direction de reconnaitre les efforts des salariés, ceci dans un contexte de forte inflation, ajoute-t-elle. Elles complètent les mesures déployées au cours de l’année 2022 notamment le versement de deux primes exceptionnelles (prime pouvoir d’achat et prime de partage de la valeur).”