mis à jour le 25 janvier à 9h07
Une baisse de 5,3 % en Bourgogne-Franche-Comté : c’est ce que recense l’Insee dans une étude sur les effectifs salariés de la filière automobile entre juin 2021 et juin 2022 dans une nouvelle étude parue lundi 23 janvier, passant à 38 530 salariés. Une dynamique qui est assez unique, puisque dans l’industrie, sur la même période, les effectifs ont augmenté de 0,7%. La dynamique se traduit en partie par une baisse de l’emploi intérimaire, qui a reculé de 2,1% sur cette période, mais pas seulement ; on compte 5 540 intérimaires au 30 juin 2022. À cette même date, l’effectif de la filière (salariés plus intérimaires) compte 44 070 personnes, en recul de 4,9%.
La baisse s’explique surtout par un mauvais équilibre entre les embauches et les départs.Au premier semestre 2022, 2 450 personnes ont été embauchées. Et 2 950 personnes ont quitté la filière. Les embauches sont pourtant remonté par rapport à 2021 (2 450 embauches en 2022 contre 2 150 en 2021), mais cela ne suffit pas à recoller au niveau d’avant-crise, où l’on recensait sur le premier trimestre 2 760 embauches.
Entre juin 2021 et 2022, ce sont deux salariés sur dix qui ont quitté leur établissement à la suite d’une fin de CDD. Dans ces données, huit salariés sur dix ont quitté leur emploi en raison d’une rupture de contrat (démission, licenciement, retraite). Et le premier motif de départ est la démission. Un phénomène qui n’est pas nouveau, précise l’Insee. « En proportion, les démissions sont plus nombreuses qu’en 2021, mais aussi fréquentes qu’en 2019 », détaille-t-elle. Il n’est pour autant pas expliqué.
L’Insee rapporte aussi que la baisse ne date pas d’aujourd’hui. « L’emploi dans la filière automobile a nettement reculé entre la fin 2018 et la fin 2020 », note l’Insee. Mais la baisse a largement été accentuée entre juin 2021 et juin 2022. Sur la période de 2018 et 2022, l’Insee note que ce sont 5 470 emplois qui ont été supprimés au sein de la filière. Et cela se répercute dans tous les secteurs, avec une baisse qui varie de -1,0% dans le commerce intra-filière à -16,5% dans le transport logistique.
Entre 2021 et 2022, des marges rognées
« En 2022, la filière automobile est restée confrontée à de nombreuses incertitudes sur l’approvisionnement en semi-conducteurs, ce qui a généré des a-coups dans les flux de production. Cela a eu un effet autant sur les constructeurs que sur les sous-traitants sur les dix premiers mois. La production s’est améliorée mais est restée en net retrait par rapport au niveau d’avant-crise », pointe l’Insee. Et cela explique, en partie, cette mauvaise santé de l’emploi salarié.
Une enquête menée par la Banque de France met aussi en évidence que deux tiers des entreprises interrogées en septembre 2022 relatent une dégradation de leur marge pour l’exercice 2022 comparativement à 2021. Aussi, ils sont 48% à considérer leur marge plus faible. Plusieurs facteurs pèsent sur les marges : la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Tout comme l’instabilité de la demande des donneurs d’ordres, qui affectent l’organisation des productions.
Mais malgré ces difficultés, l’Insee met en relief que la filière automobile commence à remonter la pente d’un point de vue financier. Entre 2021 et 2022, les taux d’impayés des cotisations sociales des 370 établissements de la filière se sont résorbés. De 66% au plus haut de la crise sanitaire, ils sont proches de zéro depuis mi-2021, « signe de la relative bonne santé financière des entreprises ».
Elle explique aussi que de nouvelles pistes existent et dynamisent le secteur. « La mutation électrique s’accélère dans la région avec la mise en route d’une nouvelle ligne de montagne à Stellantis Sochaux », précise l’Insee qui ajoute que « le rapprochement de Faurecia avec l’équipementier allemand Hella, qui officie dans le domaine de l’éclairage et de l’électronique, va également dans ce sens.» Pour autant, l’Insee ne précise pas si cela suffira à insuffler des embauches, ou si cela empêchera les départs.
La composition de la filière automobile
En Bourgogne-Franche-Comté, la filière automobile se caractérise par une très forte concentration autour de quelques grands constructeurs. « Autour d’eux gravite une chaîne d’approvisionnement constituée de sous-traitants, de fournisseurs et de prestataires de services, participant à la fabrication de ces véhicules », explique l’Insee.
Dans la filière, on recense plusieurs segments : la construction automobile, la fabrication d’équipements automobiles (système de direction, d’échappement, carrosserie, etc.) et la fabrication de bien intermédiaires (composants électroniques, mécanique industrielle, etc.) « Ces trois activités représentent la majorité des établissements et de l’emploi de la filière. À celles-ci, s’ajoutent des activités en amont de la chaîne de production, comme la fabrication de biens d’équipements, l’ingénierie, le transport et le commerce intra-filière », est-il détaillé.