Les perspectives économiques de la Banque de France pour l’année 2022 sont très incertaines, compte tenu de la guerre en Ukraine. Les indicateurs de croissance étaient pourtant bien orientés, dans le sillage d’une année 2021 de forte reprise. Les prix de l’énergie et des matières premières alimentaires sont particulièrement scrutés.
Les perspectives économiques de la Banque de France pour l’année 2022 sont très incertaines, compte tenu de la guerre en Ukraine. Les indicateurs de croissance étaient pourtant bien orientés, dans le sillage d’une année 2021 de forte reprise. Les prix de l’énergie et des matières premières alimentaires sont particulièrement scrutés.
En 2021, la France a enregistré une croissance de 6,7 %, supérieure à la croissance de la zone euro, de 5,1 %. Les entretiens menés par la Banque de France, fin décembre et début janvier, auprès des entreprises, confirmaient cette tendance positives. La banque centrale française planifiait une croissance de 3,6 % en 2022. Mais ces analyses ont été façonnées avant que la Russie de Vladimir Poutine n’envahisse l’Ukraine, fin février. Les prochaines prévisions de la Banque de France sont attendues fin mars début avril et devraient réviser l’analyse initiale.
« La guerre en Ukraine réduit la visibilité », confirme Marie-Claire Staquet, directrice de la Banque de France du Territoire de Belfort ; elle a présenté le bilan économique 2021 devant des acteurs économiques du Territoire de Belfort, ce lundi matin*. La guerre diminue surtout « la confiance des consommateurs », alors que la croissance 2022 projetée par l’institution monétaire reposait sur la consommation des ménages. La crise sanitaire des deux dernières années a en effet entraîné un surplus d’épargne des ménages, estimé, fin 2021, à 3,6 milliards d’euros en Bourgogne-Franche-Comté et à 170 milliards d’euros en France. « Il faut trouver les bonnes clés pour débloquer cette épargne, qui est de la sur-épargne », analyse Marie-Claire Staquet. Mais les tensions internationales qui se cristallisent aux portes de l’Union européenne rebattent les cartes et limitent les dépenses « des agents économiques, qui vont revoir leurs projets », estime-t-elle. Les hausses du prix de l’énergie vont aussi encourager à la prudence.
Avant le déclenchement de la guerre, les indicateurs étaient très bien orientés. Mais l’invasion a dévoilé de nouvelles fragilités, comme le fit la crise sanitaire il y a 24 mois. Si la hausse du cours du gaz ne surprend personne, on observe une envolée des prix sur les matières premières alimentaires comme le blé, dont l’Ukraine est une grande pourvoyeuse. « On découvre une interdépendance sur le blé, observe la directrice de la Banque de France. Des réflexions sont à mener au niveau des pouvoirs publics pour retrouver de la souveraineté. »
En 2021, 80 % des entreprises bénéficiaires
Sur les orientations 2022, l’industrie projetait une hausse du chiffre d’affaires de 7,4 % en Bourgogne-Franche-Comté, ralentie par le secteur du matériel de transport, toujours pénalisé par la crise des semi-conducteurs particulièrement vive dans l’industrie automobile, comme on le déplore encore à l’usine Stellantis de Sochaux (lire notre article). Pour autant, l’industrie a continué d’investir en 2021, malgré les difficultés liées aux matières premières et aux problématiques de recrutement, ce qui lui confère une certaine assise ; en 2021, les investissements dans l’industrie ont augmenté de 10 % dans la région. Dans le Territoire de Belfort, la crise ukrainienne se fait déjà ressentir dans l’industrie locale, comme à Alstom où le contrat de 130 locomotives est fortement compromis (lire notre article).
2022 doit surtout être l’année de reprise et de rattrapage du secteur des hôtels-restaurants-loisirs, où l’on projette une hausse de 36,5 % du chiffre d’affaires en 2022, en Bourgogne-Franche-Comté. Les professionnels du secteur de la construction tablent plutôt sur une stabilité de la production, particulièrement marquée en 2021 par la hausse des matières premières. En 2021, le chiffre d’affaires global du secteur a augmenté de 15,2 %. Mais il doit être relativisé, face à la hausse des coûts, qui a pu gonfler les factures finales. « En 2021, il y a eu un rebond sur la demande, mais une tension sur l’offre », résume Marie-Claire Staquet. Entre avril 2020 et novembre 2021, on a enregistré, à l’échelle mondiale des hausses de 63 % des prix des métaux industriels, de 67 % des matières premières du secteur agricole et de 205 % de l’énergie.
Si la crise ukrainienne limite la visibilité, les entreprises s’appuient cependant sur un bilan 2021 solide. Plus de 80 % d’’entre elles affichent des exercices bénéficiaires.
1058 entreprises ont répondu aux questions de la Banque de France pour définir le bilan 2021 et tracer les perspectives 2022. Elles représentent un effectif global de 107 874 personnes et un chiffre d’affaires global de près de 27 millions d’euros.