14 h 30. Les huit personnes assignées par la direction d’Arabelle Solutions, dans le cadre d’une procédure en référé (lire notre article), sortent de l’audience du tribunal, place de la République. Une audience d’une trentaine de minutes, où les avocats de chaque partie ont exposé leurs arguments. Les applaudissements sont chaleureux. Devant le tribunal de Belfort, une bonne soixantaine de personnes est venue les soutenir.
« Les éléments réunis par les travailleurs sont exceptionnels », note maître Abdelli Hafidha, avocate des grévistes et de la CGT, à la sortie de l’audience. Plus de 250 Cerfa (des formulaires de témoignage où les personnes s’engagent sur l’honneur) ont été portés au dossier de défense des grévistes, indique l’avocate. La grève est menée « dans les règles », assure-t-elle. Il n’y a pas de blocage total du site. Seulement un des quatre accès est concerné, note la juriste. Il n’y a pas non plus de danger, ni de menace indique-t-elle. « Nous avons pris cette assignation comme une rupture du dialogue », observe-t-elle.
La direction, de son côté, veut démontrer l’existence d’un blocage réel. Et attend du tribunal qu’il déclare que le site est bloqué. Si c’était le cas ce jeudi, lors du délibéré, une ordonnance pourrait être prise ouvrant la possibilité du recours aux forces de l’ordre pour faire évacuer le piquet de grève, installé rue de la Découverte, sur le domaine public.
 
											« La voie de la répression »
Depuis quatorze jours, des salariés de l’atelier d’Arabelle Solutions font grève contre le retrait d’une prime envisagée en 2025 (lire notre article). « C’est un dû qu’on nous a enlevé ! » s’insurge Valentin, au micro, devant une foule réunie au pied des marches du tribunal judiciaire de Belfort. D’ajouter : « On ne peut pas enlever le pain de la bouche de quelqu’un et lui dire que ce sera peut-être mieux l’année prochaine. »
« La direction a pris la voie de la répression plutôt que celle du dialogue », s’indigne Luc Kahl, au nom de l’union départementale de la CGT du Territoire de Belfort, lors des prises de parole formulées dans l’attente de la fin de l’audience, qui se tenait de l’autre côté de la rue, dans une annexe du tribunal. « La répression ne nous fera jamais taire », a-t-il complété, estimant que c’était « le droit de grève » qui était jugé ce mardi après-midi.
 
											La CGT et les grévistes attendent l’abandon de la procédure, réclament un respect du droit de grève et souhaitent une ouverture des négociations pour une prime exceptionnelle en 2025 et une revalorisation collective des salaires. « C’est grâce à notre savoir-faire que cette usine va continuer », a relevé, pour sa part, Aziz Bouabdellah, secrétaire fédéral des travailleurs de la métallurgie. D’haranguer encore la foule : « On va continuer à maintenir cette pression. » Dans son viseur, les négociations annuelles obligatoires (NAO), au mois de janvier. « Notre combat ce sont les salaires », insiste-t-il, dénonçant la pratique des primes, qui permet « de détourner les cotisations ». Les grévistes et la CGT demandent surtout à la direction « une condamnation publique de l’agression raciste et physique sur le site de Belfort ». Un incident qui s’est produit vendredi, avec le conducteur d’un camion de livraison.
Les grévistes ont sollicité la préfecture du Territoire de Belfort pour mener une médiation (lire notre article), une procédure encadrée par le code du Travail. Ce mardi matin, une délégation a été reçue à la préfecture par le directeur de cabinet du préfet, Maxime Gutzwiller. Le dossier est, pour le moment, étudié.
"Nous réaffirmons notre attachement au dialogue social et au respect mutuel"
Sollicitée, la direction d’Arabelle Solutions maintient sa position présentée ce lundi, en fin d’après-midi. « Nous réaffirmons notre attachement au dialogue social et au respect mutuel. Nous avons pris les mesures nécessaires pour veiller à ce que le mouvement se déroule dans le respect du cadre légal, conformément aux principes qui encadrent le droit de grève. Nous avons formulé une proposition, que nous espérons voir acceptée, afin que les discussions en cours puissent aboutir à une résolution constructive. » La direction attend, à présent, le délibéré du tribunal.
 
											 
															 
															 
															