Ce lundi 14 octobre, la Maison du peuple a accueilli une trentaine de citoyens engagés pour la première réunion d’un réseau d’entraide anti-racisme et anti-discrimination, initié par plusieurs associations locales, dont la Ligue des droits de l’homme, Nous Toutes 90 et l’Alliance pour l’émancipation sociale. Né à la suite des élections législatives de cet été, ce projet veut « s’organiser face à l’extrême-droite, à ses idées nauséabondes, notamment en matière de racisme, de discriminations (qu’elles soient basées sur les origines, la religion, la classe sociale, le genre, etc.) et de droits humains », lit-on dans un communiqué.
« On ne pouvait pas rester sans rien faire », explique Mathilde Regnaud, l’une des figures à l’origine de ce collectif. Suppléante de l’ancien député LFI Florian Chauche, elle a très mal vécu la campagne des élections législatives anticipées : « Une campagne marquée par des actes racistes, des propos injurieux, et un climat de haine », se souvient-elle. En effet, en l’espace d’un mois, on a pu recenser différents faits, qui ont amené à quatre plaintes : une croix gammée taguée sur la porte d’un jeune mineur non accompagné. Un militant LFI insulté en raison de son origine. Un réfugié afghan tabassé par un patron de restaurant. Ainsi que l’ouverture d’une enquête par la procureure de la République après une soirée à Lepuix, pour provocation publique à la haine et injure publique en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation ou de la race (lire ici).
L’élection de quatre députés du Rassemblement national dans le nord Franche-Comté a servi de déclencheur, poursuit-elle. C’est lors d’une réunion en juillet, en plein cœur de l’été, que l’idée a pris forme. Une quarantaine de militants et citoyens ont répondu présents. « Il fallait créer quelque chose pour les gens qui ne sont pas politisés, mais qui veulent agir », précise Mathilde Regnaud. Le collectif a la volonté d’attirer le plus grand nombre de cette manière.
Un réseau inter-associatif pour agir et protéger
Ce nouveau réseau souhaite jouer un rôle de protection et de soutien pour les victimes d’actes discriminatoires et violents, avec un accompagnement juridique en cas de besoin. « Il s’agit d’aider les victimes à sortir de l’isolement, à se sentir soutenues », explique encore Mathilde Régnaud. Le réseau veut également mettre en place une veille sur les actes racistes, que ce soit dans la rue ou sur internet, et faire remonter les cas pour agir rapidement. Le cas de Karim, l’homme récemment reconnu par la justice comme victime d’insultes racistes, est évoqué comme un premier succès (lire notre article). « La justice n’a pas laissé passer ces propos. Cela prouve que nous devons rester vigilants, ne rien laisser passer et savoir détecter ces discours d’extrême droite qui, parfois, passent inaperçus. »
Le réseau d’entraide vise à faciliter les échanges entre associations et individus, à partager des informations, à construire un argumentaire face aux discours d’extrême-droite, mais aussi à soutenir les actions des associations. La création d’un site web est voulue. Ainsi que d’une page Facebook, d’une boucle mail et d’un agenda. « On sait que plusieurs personnes ont des compétences pour cela. L’idée est de les mettre en commun », ajoute-t-elle. « Il s’agit de construire un espace de solidarité, où chacun peut s’investir à son niveau. ».
« Nous sommes politiques, oui, mais pas partisans », insiste Mathilde Regnaud. « J’espère que des personnes de toutes sensibilités, même de droite, rejoindront ce mouvement. La lutte contre l’extrême droite doit être l’affaire de tous », conclut-elle.