Un vieil homme de grande taille s’avance devant les juges. À peine quelques secondes, puis il s’exprime devant le tribunal judiciaire de Belfort : « Je reconnais les faits. » Rapidement, le retraité, Belfortain, assume. Le 17 juin, il a « pété une pile ». Cette pile, ce sont des propos racistes tenus lors de la campagne du premier tour des élections législatives. « Sale bougnoule, rentre dans ton pays », « Casse toi avant que je te casse la gueule sale bougnoule de merde », « sale race ». Ces propos ont fusé lors d’un tractage de l’équipe de campagne de Florian Chauche, député sortant du Nouveau Front populaire dans la 2nde circonscription du Territoire de Belfort, envers un militant (lire ici).
Une plainte avait été déposée le 19 juin dernier pour injure publique par le militant, appuyé par Mathilde Regnaud, assistante parlementaire du député, qui a elle aussi été invectivée, traitée de « gros tas de merde, bonne qu’à se faire sauter par des bougnoules ». La Ligue des droits de l’Homme s’est portée partie civile.
L’homme qui a d’abord invoqué « ne plus se souvenir » lors des auditions, s’est ravisé cette fois ci, s’excusant, et assumant ses propos. Il explique voter pour le Rassemblement national sans « être raciste pour autant ». « Je parle à plus d’Arabes que de Français », poursuit-il. « J’ai voyagé en Irak, en Arabie, en Egypte pour le travail… Je ne m’explique pas ce qui m’est arrivé », souffle-t-il, penaud, à la barre.
« Au moment des faits, vous avez été raciste »
Le procureur de la République, qui a d’abord tenté de comprendre cette conduite, a ensuite statué. « Au moment des faits, vous avez été raciste. Vos propos, de dire que vous avez des amis arabes ou que vous avez travaillé dans certains pays, n’ont pas de sens. »
L’avocate de la victime, Me Beaumont, a quant à elle rappelé que les menaces sous conditions étaient passibles de trois ans d’emprisonnement. Et que celles-ci, couplées d’injures racistes, pouvaient multiplier par deux la peine, soit six ans.
Finalement, le prévenu écope de 105 heures de travaux d’intérêt général, assorti de quatre mois de prison en cas d’inexécution, pour injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine.
La sanction prononcée se veut « vertueuse», en lui proposant de se confronter à un public hétéroclite dans une association caritative par exemple, a détaillé le procureur de la République. La Ligue des droites de l’Homme, représentée par sa présidente de la section locale, Sylvie Rodier, indique se réjouir de ce jugement « particulièrement adapté ». « Aujourd’hui, le jugement rendu et les propos tenus par le procureur sont de nature à restaurer la dignité de la victime », a-t-elle poursuivi.
Le prévenu a été condamné, en tout, à un peu plus de 900 euros d’amende, dont 300 euros pour les injures envers l’assistante parlementaire et 600 euros pour les frais d’avocat de la Ligue des droits de l’Homme.
Pas une invention
À l’issue, certaines personnes présentes ne se sont pas privées de rappeler que l’actuel député de la 2nde circonscription du Territoire de Belfort, Guillaume Bigot, (succédant à Florian Chauche), avait affirmé sur Twitter le 26 juin que La France insoumise avait inventé cette agression raciste pour discréditer le RN.
Contacté par téléphone, il explique. « Cette réaction n’était pas en lien direct avec l’agression. Il y a des timbrés partout et c’est normal d’avoir porté plainte. Ce qui dérangeait à ce moment-là, c’était de plaquer le fait que l’agression ait été commise par un militant du RN ou quelqu’un qui soutenait notre campagne, là ce n’était pas le cas. Sinon, il aurait été chassé, il n’y a pas de racisme ou d’antisémitisme chez nous. Je trouve même la sanction molle. Ce qui est insupportable, c’est ce procédé qui consiste à coller ce genre de comportement au Rassemblement national. »
Sur le Territoire de Belfort, comme partout ailleurs, LFI n’a plus qu’un argument : se victimiser en inventant des agressions racistes pour nous discréditer -alors qu’ils excitent le séparatisme-.
— Guillaume Bigot (@Guillaume_Bigot) June 26, 2024
Français issus de l’immigration, ne vous laissez pas intoxiquer :
Nous serons les… pic.twitter.com/1r9c9sncGM