Deux avions de combat SU-30 russes au large des côtes de la Lettonie. Un avion de reconnaissance et de renseignement IL-20 puis un avion de transport An-72 au large de la Lituanie. Encore un avion de reconnaissance et de renseignement IL-20 au large des côtes estoniennes. Ces derniers jours, des aéronefs russes violent l’espace aérien des pays baltes. Cela nécessite des interceptions de la part des Mirages 2000-5F de la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur, qui sont actuellement déployés dans les pays balte, où ils assurent depuis fin novembre une mission de police de l’air sur le flanc Est des alliés de l’Otan ; ils sont installées sur la base lituanienne de Šiauliai (lire notre article).
Cette mission est une posture de dissuasion, active depuis 2004 et renforcée depuis 2014. Ces opérations ont été confirmées par l’état-major des armées, qui l’a communiqué sur ses réseaux sociaux. « Les M2000-5F en première ligne, aux côtés de nos alliés pour protéger le ciel de l’Otan », a commenté également le colonel Anne Labadie, commandant de la BA 116, sur LinkedIn.
« Depuis plusieurs mois, très clairement, la Russie s’est mise dans une posture plus agressive », analyse le général 2e Section (c’est-à-dire qu’il n’est plus militaire d’active) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Et ces tensions ne s’observent pas qu’en Ukraine indique-t-il. Il évoque notamment les menaces faites à un avion français Awacs (avion radar), de la base aérienne d’Avord (Cher), en mer Noire cet automne. Ces événements dans les pays baltes, nécessitant des interventions des avions de chasse français dans le cadre d’une mission de défense des frontières Est de l’Otan, ne sont que de nouveaux exemples d’une tension qui repart à la hausse. Selon l’officier supérieur, le discours d’Emmanuel Macron sur l’envoi possible de troupes occidentales en Ukraine n’est « qu’un reflet » de cette tension et de « ce qui se passe sur le terrain ». Cédric Perrin, président Les Républicains (LR) de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, analyse aussi ces percées dans le ciel balte comme une « provocation » de la Russie, qui « s’intensifie » un peu plus, convient-il. Il estime aussi que ces intrusions russes « testent » les réponses de l’Otan.
Le parlementaire analyse, par contre, ces manœuvres comme une réponse de Vladimir Poutine à Emmanuel Macron, « qui se retrouve très isolée sur la scène internationale ». « On ne peut pas dire cela (l’envoi de troupe en Ukraine, NDLR) sans consulter ses alliés », critique le sénateur, qui a posé une question au gouvernement cette semaine à ce sujet. « À part la France, personne n’envisage d’intervenir. Il a l’inverse de ce qu’il escomptait », juge-t-il avec sévérité, se demandant aussi “comment [peut-on] sérieusement envisager l’envoi de troupes au sol alors que nous ne sommes pas capables de fournir à l’Ukraine les armes et les munitions nécessaires ?”
#QAG Le Président de la Commission des affaires étrangères du Sénat @cperrin90 juge les propos d'Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine "peu responsables" pic.twitter.com/BLUxjyFtHV
— Public Sénat (@publicsenat) February 28, 2024