À chaque jour, sa mobilisation. Après les taxis et le personnel de la direction générale des finances publiques lundi, les exploitants agricoles mercredi, ce jeudi 1er février, ce sont les professeurs qui ont décidé de se mobiliser pour leurs moyens. En moyenne, l’académie de Besançon communique sur des taux de grève de 17,74% pour l’académie de Besançon. À Belfort, ils étaient environ 350 sous la pluie à défiler, après une assemblée générale qui s’est tenue à la Maison du peuple.
Dans les rangs, Sandrine Rayot, professeure de mathématiques à Bethoncourt raconte : « Il y a un mépris du gouvernement à notre égard et à l’égard des élèves. » Les annonces de Gabriel Attal, lors de son bref passage en tant que ministre de l’Education, faites sur les groupes de niveaux dérangent beaucoup. « On est démunis. Nous savons en tant que professeurs qu’il faut de tout niveau dans une classe pour que cela fonctionne. On va devoir le faire à contre-coeur en fragilisant encore plus ceux qui triment. » Des propos rejoints par Sylvie Nantes-Berger, professeure documentaliste. « On est là pour les élèves les plus fragiles. L’école n’était déjà pas très égalitaire mais avec les réformes, cela va être pire. Les élèves étaient déjà très stigmatisés et cela va empirer. C’est en mélangeant les niveaux qu’on tire les élèves les plus fragiles vers le haut », martèle-t-elle.
Un peu plus loin, Jean-Noël Bador, professeur d’histoire-géographie et délégué syndical Snes fait le même constat : « Le rectorat nous sous finance. On perd tous nos moyens. En prime, avec les classes de niveau, nous allons devoir avoir une activité plus soutenue mais avec le même nombre d’heures. Ça ne peut pas marcher. »
Des grèves reconductibles ?
Une grande résignation se ressent dans les choeurs de cette nouvelle mobilisation. Hors Paris, l’académie de Besançon est la plus touchée par les suppressions de postes, avec 155 postes supprimées à la rentrée prochaine (lire ici). Selon les syndicats, pour le moment, dans le Territoire de Belfort, ce seront 14 postes perdus à la rentrée prochaine. Si les professeurs sont ici, c’est afin de montrer ce ras-le-bol de manque de moyens, de suppressions de moyens, d’annonces sur les classes de niveaux. Mais aussi pour montrer leur mécontentement face aux propos de la ministre actuelle, Amélie Oustera-Castera, qui a affirmé avoir mis ses enfants dans le privé à cause, notamment, du nombre d’absences de professeurs dans le public. Symboliquement, les manifestants présents à l’assemblée générale à Belfort ont tous voté pour sa démission.
Sous la pluie battante, Benoit Guyon, professeur de sciences économiques et sociales et délégué syndical FSU analyse : « Les gens sont remontés et prêts à s’engager. On a fait beaucoup de grève depuis 2018, depuis Blanquer (ancien ministre de l’Education, NDLR). Le gouvernement est en train de détruire le système éducatif. Il a une sorte de ras-le-bol de faire des grèves qui ne sont pas entendues, c’est évident. Alors on réfléchit. Si le ministre ne répond pas à nos revendications, on porte le fait de faire une grève plus dure. Comme au Québec, cette année. Les syndicats ont fait plusieurs jours de grève d’affilée, pendant trois, quatre semaines avec des échanges réguliers avec le gouvernement. Cela a payé. » Une idée qui a été votée en assemblée générale quelques minutes plus tôt. « Ce sont des choses que l’on avait encore jamais faites auparavant », commente Benoît Guyon.
Au terme de la manifestation, une délégation a été reçue par le préfet du Territoire de Belfort pour porter leur revendication.