Alors que les manifestants belfortains ont défilé sous la pluie, les montbéliardais ont profité d’un ciel ensoleillé tout l’après-midi. Lors de cette nouvelle journée d’action jeudi 13 avril, 1 500 personnes ont été recensées par les forces de l’ordre et les syndicats à Montbéliard. À Belfort, ce jeudi matin, ils étaient 1 000. Soit une nette baisse comparée à la semaine précédente (lire notre article). Pour autant, les syndicats et les manifestants ne sont pas inquiets. Adil Bourouis, délégué syndical de la CFTC, explique : « Nous sommes dans une période de vacances scolaires. Le temps n’était pas au rendez-vous jusqu’ici ce qui a peut-être démotivé les troupes. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que cela fait plus de trois mois et demi que des gens descendent dans la rue chaque semaine. Des gens qui restent motivés même si pour certains, cela commence à peser très lourdement financièrement. Certains ont été obligés de lâcher.» Même constat de la CGT. Aurore Boussard, déléguée syndicale expose : « Depuis le début, les gens se relaient pour réussir à faire tenir le mouvement. Il y a des fluctuations au niveau du monde mais un noyau dur suit depuis plusieurs semaines. Les gens viennent une fois sur deux,posent une demi-journée. Ils trouvent des parades pour continuer à venir.»
Le 14 avril, le conseil constitutionnel doit rendre sa décision concernant la conformité de la réforme des retraites, notamment sur la question du recours à l’article 49.3 pour faire passer la réforme. Les syndicats, au sein du cortège montbéliardais, sont divisés sur l’issue. « Mais évidemment que ça va prendre. Le gouvernement a fait des conneries, il faut que ce soit reconnu ! », assure Eric Peultier, délégué syndical Force ouvrière. « Il y a toujours de l’espoir quand on sait à quel point la rue est mobilisée. On ne sait jamais ! », ponctue Aurore Boussard. Quant à Bruno Lemerle, de la CGT Retraités, il n’y croit pas. « Nous n’attendons pas grand-chose du conseil constitutionnel. On vous appelle à continuer la mobilisation », a-t-il ponctué en fin de manifestation. FSU, CFDT, CGT, FO, CFTC, tous les syndicats rencontrés lors de la manifestation sont déterminés à faire durer la mobilisation dans les semaines à venir, en accord avec ce qui sera décidé au national. L’intersyndicale locale se réunira lundi prochain pour décider de la suite.
« Mais si rien ne passe au niveau du conseil constitutionnel et si certaines personnes vont dans les extrêmes, il ne faudra pas rendre responsables les syndicats. Ce sera la faute de Macron et c’est tout », relève gravement Adil Bourouis, de la CFTC. « Dans tous les cas, nous continuerons à nous battre », éclaire Aurore Boussard, de la CGT. « Peut-être qu’à ce moment-là, certains poseront les outils dans les usines. Avec l’intersyndicale, on sera là pour suivre.»
Selon la police et les syndicats, 1 500 personnes ont manifesté à #Montbeliard contre la réforme des retraites pic.twitter.com/o0vaoshApK
— Le Trois (@letrois_info) April 13, 2023
Dans le cortège, les manifestants sont du même avis. Nadine est présente avec sa fille depuis le début. Elle est à trois ans de la retraite. « Ça fait trois mois qu’on descend dans la rue. On ne se voit plus juste rentrer chez nous et faire comme si de rien n’était. On va continuer jusqu’à faire plier.» De l’espoir, ils sont nombreux à en avoir encore. « Quand nous sommes 90% de la population à être contre, ce n’est pas possible de rester chez soi et se dire que tout est fini. Rien n’est terminé. Ce n’est que le début ! », affirme Ludovic Bart, magasinier. L’intersyndicale appelle déjà à un nouveau rassemblement ce vendredi 14 avril devant la sous-préfecture de Montbéliard à partir de 16h. La décision du conseil constitutionnel est attendue en fin de journée.
« On en a marre de suivre gentiment »
« Allez, venez ! ! ». À Montbéliard, lors de la manifestation contre la réforme des retraites ce jeudi 13 avril, la tête de cortège s’est parée de gilets jaunes. Une trentaine de manifestants se sont positionnés avant la banderole habituelle de l’intersyndicale, collant ici où là des stickers dans la ville où étaient notés simplement : « Gilets jaunes ». Au bout de quelques minutes, ils souhaitent dévier le cortège. Cela ne prend pas. Les manifestants dans le cortège principal continuent leur route en destination de la rue Cuvier. Les manifestants qui souhaitent dévier de l’itinéraire principal huent le cortège principal. En marge, un manifestant, gilet jaune, explique : « Aujourd’hui, on se positionne à l’avant du cortège. D’habitude, nous sommes disséminé à l’intérieur. Mais là, on en a marre de suivre gentiment. » Il souffle. Au niveau de la gare, les deux cortèges se retrouvent avant une nouvelle tentative de faire dévier le cortège au croisement de l’avenue du Président-Wilson et de la rue Pierre-Toussaint. Dans le cortège, certains syndicalistes comprennent que certains souhaitent durcissent le mouvement. « C’est la suite logique », expose l’un d’eux. D’autres se disent inquiets et ont peur d’une désolidarisation plus franche.