La baisse démographique dans le Territoire de Belfort fait perdre 162 élèves en maternelle et école élémentaire pour la rentrée 2023. Une tendance qui se dessine depuis 2012, avec des effectifs dans le 1er degré en baisse constante. En 2020, le Territoire de Belfort perdait dans l’enseignement public 343 élèves. 294 en 2021. 183 en 2022. En conséquence cette année, le Département perd 9 postes d’enseignants. En tout, 14 classes ferment et 5 ouvrent (voir le détail plus bas). Depuis 2020, ce sont 19 postes qui ont été supprimés.
« Je suis très inquiète sur les effectifs du pré-élementaire. Sur 11 ans, nous avons perdu 1 864 élèves » expose Mariane Tanzi, directrice des services académiques de l’éducation nationale dans le département.
Pour autant, pour la rentrée 2023, la directrice académique affirme que les suppressions de postes n’auront pas de poids sur la qualité d’enseignement. « Malgré les suppressions, l’encadrement s’améliore. Il n’est pas diminué. Dans l’éducation prioritaire, 100% des classes sont dédoublées.» Elle expose aussi que le Territoire de Belfort a une moyenne d’élèves par classe de 20,48%, soit un taux en dessous de la moyenne nationale qui se situe à 21,8%. Et qu’avec 6,10 professeurs pour 100 élèves, le taux d’encadrement reste supérieur à la moyenne nationale.
Quant aux collèges, les effectifs restent plus ou moins stables, avec un recul de la dotation horaire globale de 11 heures d’enseignement. « Nous perdons moins d’élèves que dans le premier degré, mais cela aura des répercussions d’ici quelques années. L’académie n’est plus à l’équilibre.»
Sur la question des 11 heures par établissement, elle explique qu’il est à la charge des principaux et des équipes pédagogiques de les répartir en fonction des besoins.
« Cela fait partie de l’autonomie des établissements », expose la directrice académique. Dans un communiqué datant du 24 janvier, cette « autonomie » avait été pointée du doigt par l’intersyndicale (FSU, Sgen CFDT, FO, SE Unsa) qui dénonce une « soi-disant autonomie qui en réalité n’est qu’une manière de plus de ne pas avoir de moyens d’enseignement en fonction des besoins.» Les syndicats y voyaient une manière de renvoyer « au niveau local la responsabilité de gérer la pénurie.»
Ouverture de deux unités inclusives
Deux unités d’enseignement spécialisé ouvriront à la rentrée. Une unité d’enseignement élémentaire autisme, à l’école Martinet à Offemont où seront accueillis six élèves. Ce sera la quatrième après celles que l’on retrouve à l’école maternelle et élémentaire Raymond-Aubert à Belfort et celle du collège Châteaudun, à Belfort également. Une unité Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire) ouvrira aussi à Montreux-Château.
Réalité de terrain
S’il y a eu peu de réactions de la part des syndicats de l’enseignement sur la question des fermetures comparées à d’autres années, c’est parce que « la plupart comprennent et ne contestent pas la baisse des effectifs », explique Françoise Martin, responsable du syndicat des enseignants de la fédération Unsa. Pour autant, ils regrettent que l’idée de conserver des postes pour améliorer les conditions de travail « n’ait pas du tout été évoquée. » Une solution qui aurait été bénéfique, selon l’Unsa, notamment pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves en grande difficulté et de ceux en situation de handicap. « Le travail que fait le service académique est un travail comptable, mathématique. Mais il prend peu en compte les réalités de terrain, notamment la question de la paupérisation des enfants », explique Françoise Martin, qui regrette que le cas d’une implantation dans certaines écoles ne soit pas abordé. Elle évoque notamment les cas des écoles de Bavilliers, Offemont, Giromagny, ou encore l’école des Barres à Belfort.
L’Unsa déplore également le nombre de postes de remplaçants créés : 2. « C’est notoirement insuffisant. Aujourd’hui, on ne peut déjà pas remplacer les enseignants malades. Ils ne se passent pas une semaine sans que l’on ait des élèves renvoyées à la maison.» Elle revient, aussi, sur les deux postes supprimés issus du dispositif « plus de maîtres que de classes » : « Même ça, on nous l’enlève. Nous ne pouvons pas faire de miracle.»
Quant aux conditions pour les collèges, les syndicats attendent beaucoup des réunions de préparation pour la rentrée 2024. Un travail a été lancé pour revoir la sectorisation des collèges. Cela pourrait causer la refonte de la carte de l’éducation prioritaire d’ici un an. « Le département se paupérise. Or, dans les collèges privés, les indicateurs sociaux sont plus favorables. Cela crée des problèmes de mixité », explique Benoît Guyon, délégué syndical FSU. Il s’inquiète des réunions à venir car selon lui, les attributions au sein des collèges se font aujourd’hui « avec un mode de calcul qui ne prend pas suffisamment en compte les caractéristiques sociales ». Des réunions doivent avoir lieu très prochainement pour prévoir cette rentrée. « Il y aura besoin d’un gros travail de concertation », explique-t-il, inquiet du « sous-investissement dans l’éducation » actuellement.
Les ouvertures et fermetures dans le Territoire de Belfort
Établissements concernés par une suppression de poste :
Maternelles
Bavilliers: Jacques-Pignot
Beaucourt : Cité Bornèque
Belfort : Victor-Hugo
Dorans : Pauline-Kergomard
Essert : Jacques-Yves-Cousteau
Offemont : Jean-Macé
Elémentaires
Belfort : Martin-Luther-King-Pergaud
Belfort : Saint-Exupéry
Belfort : Victor-Hugo
Belfort : Louis-Pergaud
Belfort : René-Rucklin
- Fêche-l’Église
Valdoie : Victor-Frahier
RPI Anjoutey
Établissements concernés par une ouverture de poste :
Élémentaires
Joncherey
Belfort : Emile-Géhant
Belfort : Raymond-Aubert
Écoles primaires
Pérouse
Chèvremont