Le message est répété et décliné à l’envi par le gouvernement, les médecins, les préfets : ce n’est pas un déconfinement, mais des allégements. Pour parvenir à sortir de cette situation, il y a encore du chemin pour maîtriser l’épidémie et, surtout, prévenir un nouveau rebond. Voici trois points de vigilance que nous avons perçus en filigrane de la communication officielle.
Le message est répété et décliné à l’envi par le gouvernement, les médecins, les préfets : ce n’est pas un déconfinement, mais des allégements. Pour parvenir à sortir de cette situation, il y a encore du chemin pour maîtriser l’épidémie et, surtout, prévenir un nouveau rebond. Voici trois points de vigilance que nous avons perçus en filigrane de la communication officielle.
Le risque d'un rush dans les commerces
Frustration face à la fermeture des petits commerces, achats de Noël, volonté de se montrer solidaires avec les commerces de proximité : un cocktail qui pourrait entraîner une forte fréquentation aux portes des magasins (sachant que, à l’intérieur, une jauge de 8m² par personne est imposée) dès ce week-end. C’est une des raisons pour lesquelles les commerces sont autorisés à ouvrir le dimanche dès ce week-end et qu’ils peuvent rester ouverts en semaine jusqu’à 21 h: les autorités espèrent non seulement offrir aux commerçants une opportunité de rattraper en partie ce mois de confinement, mais aussi de faciliter l’étalement des déplacements des consommateurs vers les magasins. Ainsi, le préfet du Doubs, Joël Mathurin, invitait-il ce vendredi matin à « ne pas se précipiter [dès ce week-end] pour ses courses de Noël », mais aussi à respecter les gestes barrières dans les files d’attente qui risquent de se former devant les magasins.
La jauge de 8 m² sera donc surveillée, et les commerçants sont fortement invités à aérer régulièrement leurs locaux, à mettre en place de circulation, à renforcer les affichages sur les gestes barrière, sur l’application Tousanticovid.
France / Suisse : des mesures différentes
Les mesures de prévention contre le covid diffèrent singulièrement entre la confédération helvétique et la France. En Suisse voisine (cantons du Jura, de Fribourg, de Neuchâtel et de Vaud) , les restaurants rouvrent le jeudi 10 décembre et les remontées mécaniques fonctionnent. De quoi donner envie de ce côté de la frontière. Et les frontaliers sont exposés à cette disparités, et peuvent bien involontairement devenir des vecteurs de l’épidémie.
Cette situation préoccupe les autorités françaises. Interrogé sur la question, le préfet du Territoire, Jean-Marie Girier, constate que la bande frontalière présente les taux de positivité les plus importants, alors même que pour cette seconde vague, la Suisse est plus durement touchée que lors de la première vague. Et il concède de façon fort diplomatique qu’un « effet co-latéral pourrait ne pas être anodin ».
De même que des efforts d’harmonisation sont tentés à l’échelon européen, des discussions sont ouvertes avec la Suisse. Ainsi, le directeur de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté s’est-il entretenu avec les responsables des trois cantons voisins de la région, a précisé la responsable de l’antenne terrifortaine de l’ARS lors d’un point presse avec le préfet. Des contacts destinés à partager des données, mais aussi pour mettre en place un protocole de communication en direction des transfrontaliers. De son côté, le préfet du Doubs, interrogé sur la possibilité de skier en Suisse, puisque les remontées mécaniques fonctionnent, évoque des concertations en cours un l’échelon plus élevé, donc entre états.
Noël et Nouvel An : deux réveillons à risques
Ce second confinement est beaucoup moins bien supporté que le premier et chacun a besoin de décompresser. Sans doute une des raisons pour lesquelles les soirées des réveillons de Noël et de Nouvel An échapperont au couvre-feu qui entrera en vigueur le 15 décembre. Mais les autorités préfectorales, dans la lignée du gouvernement, tirent d’ores et déjà la sonnette d’alarme et invitent à « ne pas relâcher la vigilance sur les gestes barrière » à l’occasion de ses deux soirées. Et des recommandations gouvernementales sont annoncées pour ces deux soirées.
Les autorités ont en effet en tête « l’amère expérience du Thanksgiving canadien » (pour reprendre un titre du Monde) : quinze jours après cette fête qui s’est déroulée le 12 octobre, le Canada a enregistré une progression de 38 000 cas. Même si le Thanksgiving n’est pas le seul facteur de cette progression, le gouvernement français aimerait éviter ce scénario.